Pour comprendre l’historique des discriminations en Mauritanie, il faut remonter l’histoire

Jusqu’en 1958, la Mauritanie était une circonscription administrative de la France gérée à partir de St-Louis du Sénégal, en 1958 la Mauritanie obtint l’autonomie interne et Mokhtar O. Daddah est nommé Vice-président du Conseil, il faut aussi rappeler que la Mauritanie faisait partie du conseil de l’A.O.F (Afrique Occidentale Française), dont la capitale etait justement St-Louis, où sont toujours présents les locaux de l’ancêtre de Radio Mauritanie qui était hébergé par Radio Sénégal International, à St Louis aussi sont trouvables d’anciennes archives de la Mauritanie au CRDS (Centre de Recherche et de Documentation du Sénégal) qui relève de l’université Gaston Berger, archives que les autorités mauritaniennes se refusent de transférer pour on ne sait quel raison.

Donc après l’obtention de l’autonomie interne, Mokhtar Ould Daddah et son acolyte N’diaye Sidi El Mokhtar dont le nom a été rayé des manuels d’histoire de la Mauritanie (Ndiaye Sidi El Moktar est le 2éme député mauritanien à l’assemblée territoriale Française et le premier président de l’Assemblée nationale mauritanienne et parrain du Président O.Daddah dont il soutint les études en France), décidèrent de transférer le pouvoir politique de St-Louis à Nktt. Or Nktt était un désert plat et il fallait tout créer et notamment les infrastructures et l’administration.

Pour ce faire, ils firent appel aux fonctionnaires Mauritaniens de l’ancienne administration coloniale et des fonctionnaires mauritaniens établis dans les autres pays de l’A.O.F., c’est ainsi que mon grand-père infirmier de son état quitta le Sénégal pour servir en tant qu’infirmier major à l’hôpital de Rosso jusqu’à sa retraite. Donc l’embryon de l’administration mauritanienne était composé d’éléments francophones ainsi que les futurs agents et cadres qui avaient tous fait leurs études en français. Par la suite et pour permettre l’accès à l’administration aux arabophones, le Président O. Daddah décida d’arabiser une partie du système éducatif, décision qui ne plut pas aux cadres francophones notamment issus de la vallée, qui voyaient dans cette mesure une volonté de les museler (l’histoire ne leur a t-elle pas donné raison), par réaction le manifeste des 19 est rédigé en 1966, les syndicats estudiantins se mettent en grève, des affrontements éclatent entre arabophones et francophones, le président Ould Daddah charge violement les manifestants, de leur côté plusieurs cadres issus de la vallée décident de démissionner dont Bâ Mamadou Samboly dit BMS. Ces événements constituent la première fracture du tissu social en Mauritanie, par la suite plusieurs actions sont entreprises pour sauver la cohésion sociale. Après la chute du président O. Daddah, la Mauritanie entre dans une forte zone de turbulence, avec l’arrivée du président O. Taya, ce dénier remet en cause l’appartenance africaine de la Mauritanie et quitte la CEDEAO et d’autres organisations panafricaines, des éléments ayant fait leurs études en Irak en Syrie et dans d’autres pays arabes, importent l’idéologie baathiste et la suprématie panarabe, depuis lors une politique de dénégrification de la Mauritanie est mise en place, l’outil dominant de cette politique d’exclusion étant l’arabe, car même si tous les mauritaniens partagent la même Qibla, ils ne partagent pas les mêmes cultures et les même codes. Ainsi lors des évènements de 1989, plusieurs cadres francophones et majoritairement négro-africains sont exécutés ou déportés. 

 

Les concours administratifs en Mauritanie sont gérés par la commission nationale des concours, mise en place par la loi 93/09 du 18/01/1993, cependant elle n’a été organisée qu’en 1996 (décret 96/021 du 19/03/1996) et n’a commencé son travail qu’avec la nomination de ses membres en 1997.

 Le décret 2008/076 du 02/02/2008 abrogeant et remplaçant le décret 96/021 du 19/03/1996 a introduit certaines modifications relatives à l’organisation et au fonctionnement de la CNC dont :

–          la réduction du nombre des membres de 07 à 05 ;

–          la prestation de serment devant la Cour suprême par les membres de la Commission avant la prise de leurs fonctions ;

–          l’interdiction aux membres de la CNC de faire partie des Jurys qu’elle désigne pour superviser les opérations des concours administratifs afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle de régulateur

 

La composition actuelle de la commission

            Le  président Cheikhna Idoumou sidi Ethmane

            Abderrahmane Ould sidi Abdella (Membre) ,

            M »beirik Ould Gharva (Membre) ,

            Mohamed Mahmoud Ould El Hadj Brahim (Membre) ,

            Tikber Mint Deye (Membre) ,

            Souleymane Ould Bouna Moctar (Membre) ,

            Dembe Mamadou Cissé (Membre) ,

            Mohameden Med El Hafedh Ould Ahmedou Vall (Membre) ,

Cette composition ne reflète en aucun cas la réalité ethnique de la Mauritanie.

 

Les discriminations en Mauritanie sont nombreuses et même si elles touchent toutes les communautés, les communautés noires (négros-africaines et haratines) sont celles qui en payent le prix fort, l’actuel gouvernement dans sa volonté d’arabiser l’éducation primaire n’est-il pas en train d’enfoncer le clou ? Les récentes bavures policières qui ont coûté la vie à Souvi O. Chein et à Oumar Diop, qu’Allah ait leurs âmes et qui ne sont toujours pas élucidés, l’exode massif des jeunes aux Etats-Unis, ne sont-ils pas à suffisance autant de preuve à cette discrimination.

Récemment c’est une fonctionnaire des nations unis qui a été violement apostropher par un individu la menaçant de lui jeter le micro à la figure sous prétexte qu’elle parle le français dans un pays arabe.

 

Il aurait été aussi beau que les mauritaniens combattent l’injustice chez eux de la même manière qu’ils voudrait le voir disparaître en Palestine car « Allah ne change nullement l’état d’un peuple, tant qu’ils ne changent pas leur état ».

 

DIOP Cheikh Tijane

Un citoyen opprimé

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