Nouakchott : Une capitale en quête de renouveau

Il y a quelques années encore, à chaque prière, les habitants de Nouakchott, capitale de la Mauritanie, imploraient le Tout-Puissant de les épargner des caprices de la tectonique des plaques. Cette crainte s’expliquait par la vulnérabilité de la ville, située en dessous du niveau de la mer et constamment menacée par des inondations. Aujourd’hui, bien que cette menace semble s’atténuer, probablement grâce aux prières ferventes et aux innombrables mosquées construites – parfois dans des buts discutables –, Nouakchott reste engluée dans des défis cruciaux qui appellent des solutions immédiates et durables. La ville est en quête de dignité et de modernité, à l’exemple d’autres capitales du continent.

Chaque jour, ses habitants subissent les conséquences d’une urbanisation mal maîtrisée, d’infrastructures obsolètes et de services essentiels insuffisants. Les promesses s’accumulent, mais la réalité demeure immuable : pénurie d’eau, coupures d’électricité, insalubrité, insécurité et un coût de la vie insoutenable. À cela s’ajoutent des problèmes souvent négligés, mais tout aussi préoccupants : absence d’espaces verts, manque de bibliothèques dans les quartiers, chaos routier causé par des véhicules vétustes (voitures, Touk-touk…) et un manque criant de civisme. Si quelques avancées ponctuelles sont notables, elles ne parviennent pas à combler les lacunes majeures.

Les défis amplifiés

  1. Accès limité à la Culture et à l’Éducation

Les quartiers de Nouakchott manquent cruellement de bibliothèques, d’espaces culturels et de centres éducatifs. Cette absence entrave l’épanouissement intellectuel et social des habitants, en particulier les jeunes. Or, la jeunesse a besoin de rudiments nécessaires pour affronter la vie : le savoir qu’il technique ou académique.

  1. Espaces verts inexistants

La ville, suffoquée par la poussière et l’urbanisation anarchique, n’offre que très peu de zones de détente. Le manque d’espaces verts prive les habitants d’un souffle d’air nécessaire pour leur bien-être.

  1. Insalubrité et pénurie d’eau

Nouakchott souffre d’un assainissement insuffisant et de la gestion inadaptée des eaux usées. Les déchets s’amoncellent, en période de pluies, on remarque une absence de canalisations, et les eaux stagnantes favorisent la prolifération de maladies. La ville manque cruellement de stations de traitement et d’épuration des eaux, essentielles pour garantir un environnement sain et une eau potable de qualité.

  1. Chaos routier et incivisme

Les rues de la capitale sont envahies de véhicules vétustes, souvent dangereux et non conformes aux normes de sécurité. L’absence de signalisation adéquate et le non-respect des règles de circulation augmentent les risques pour tous les usagers. Ne faudrait-il pas rendre obligatoire la validation d’un examen théorique sur le code de la route avant de passer l’épreuve pratique du permis de conduire ? De plus, instaurer un système de retrait de points pour les conducteurs qui ne respectent pas le code de la route, les autres usagers et les agents de l’État serait une mesure dissuasive. Pourquoi ne pas également aller plus loin, en passant de simples verbalisations à des poursuites judiciaires pour les infractions graves ? Bien évidemment dans un cadre judiciaire qui prend à disposition l’ensemble des langues.

  1. Structures éducatives insuffisantes

Les écoles publiques sont en sous-effectif, manquent d’équipements et peinent à faire face à la croissance démographique. Certaines sont transformées en boutiques. D’autres manquent de toits. Les enseignants, malgré leur dévouement, ne peuvent accomplir de miracles dans ces conditions. L’imposition de l’arabe obligatoire dans tout le cursus scolaire pénalise également les écoles privées, autrefois garantes de meilleurs résultats.

Il est essentiel de confier la gestion de l’éducation à la mairie de chaque quartier afin de développer des volets éducatifs adaptés et d’en attendre des résultats concrets. Le maire de la commune pourra ainsi s’assurer que les enfants, dès leur plus jeune âge, notamment en crèche, bénéficient d’un programme éducatif riche, incluant des volets scolaires, civiques et artistiques. Des inspecteurs de l’enseignement fondamental interviendront de manière inopinée pour évaluer la qualité des enseignements et feront régulièrement le point avec l’adjoint au maire chargé de l’éducation. Ces écoles du fondamental dépendront de l’Académie de la ville. Ainsi, chaque ville s’assurera qu’une personne qualifiée et compétente dirige son académie. Cette même académie supervisera le programme de ses enseignements en conformité avec les programmes du ministère de l’Education.

Des solutions globales et inclusives

Pour transformer Nouakchott en une capitale moderne et vivable, des actions coordonnées et multisectorielles (comme le démontre la digression plus haut) sont nécessaires :

  1. Développer des espaces culturels et éducatifs
    • Construire des bibliothèques publiques dans chaque quartier pour encourager la lecture et l’accès au savoir.
    • Créer des centres culturels et artistiques pour offrir des alternatives constructives aux jeunes et combattre l’oisiveté.
  2. Investir dans des espaces verts
    • Aménager des parcs urbains et des jardins publics pour améliorer la qualité de vie des habitants.
    • Lancer des programmes de reboisement et des campagnes de sensibilisation à l’écologie.
  3. Mettre en place des stations de traitement et d’épuration des eaux (STEP)
    • Construire des stations de traitement et d’épuration d’eau pour garantir un accès universel à l’eau potable et assurer une gestion efficace des eaux usées issues des ménages.
    • Moderniser les systèmes d’assainissement pour éviter les inondations et prévenir les maladies liées à l’insalubrité.
  4. Assainir la ville
    • Instaurer un système de gestion des déchets performant, avec des bacs de tri dans chaque quartier et des unités de recyclage.
    • Mettre en place un réseau de drainage efficace pour prévenir l’accumulation d’eau stagnante dans les rues.
  5. Réformer le système de transport urbain
    • Retirer les véhicules vétustes et instaurer des contrôles techniques stricts.
    • Organiser le trafic en installant des feux de signalisation et des panneaux clairs, tout en menant des campagnes de sensibilisation au civisme routier.
    • Développer un réseau de transport public moderne, accessible et écologique pour réduire la congestion et les émissions polluantes. Des voies de bus, des voies de cyclistes, et c’est bien faisable vu que l’on parle de tramways.
  6. Renforcer l’éducation
    • Moderniser les infrastructures scolaires et garantir un accès égal pour tous.
    • Former davantage d’enseignants qualifiés et introduire des programmes favorisant l’esprit critique et la citoyenneté.
  7. Encourager le civisme
    • Mener des campagnes sur le respect des espaces publics et les règles de vie en communauté.
    • Intégrer l’éducation civique dans les programmes scolaires dès le plus jeune âge.
  8. Créer des opportunités pour les Jeunes
    • Développer des centres de formation technique et professionnelle pour lutter contre le chômage dans chaque ville.
    • Favoriser l’entrepreneuriat local et soutenir les initiatives économiques de quartier.

Une vision pour une capitale humaine

Nouakchott ne peut continuer à ignorer les besoins fondamentaux de ses habitants. L’accès à l’eau, l’éducation, la culture, un environnement sain et des infrastructures modernes ne doivent plus être considérés comme des privilèges mais comme des droits.

La transformation doit commencer dès maintenant. Une gouvernance décentralisée, où les mairies et les conseillers municipaux jouent un rôle central dans la supervision des projets, semble essentielle. Ces acteurs locaux, tenus responsables de leurs réalisations, pourraient alors défendre leur bilan devant les citoyens. Le chef de l’Etat pas obligé d’aller inaugurer l’des installations photovoltaïques, par exemple. Le maire peut le faire. Les déplacements avec un arsenal de sécurité ne permet pas aux populations de faire face aux dirigeants. La peur les habite. Il faut une politique de proximité.
Par ailleurs, conditionner les nominations et l’attribution des marchés publics à des résultats concrets serait une mesure incitative efficace.

Avec une stratégie inclusive et tournée vers l’avenir, Nouakchott peut devenir un modèle de résilience, d’innovation et de civisme. Il est temps d’agir, pour que la capitale reflète les aspirations de ses citoyens et retrouve enfin la dignité qu’elle mérite tout en inspirant les autres villes. Toutes ces spécificités doivent être encadrées par un cahier des charges précis, des lois et règlements adaptés, des contrats ou conventions clairs entre les parties, ainsi qu’un système de suivi et d’évaluation rigoureux pour garantir leur efficacité et leur transparence, tout en combattant la gangrène mauritanienne : la corruption.

Souleymane Sidibé

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