Nos grands diplômés en sciences sociales et en droit, qu’ont-ils réellement accompli en Afrique, pour la plupart ?

On reconnaît volontiers le mérite de ceux qui travaillent avec leurs mains et leur savoir-faire : les médecins, infirmiers, techniciens de la santé qui soignent et sauvent des vies ; les enseignants qui transmettent le savoir ; les artisans — menuisiers, soudeurs, plombiers, réparateurs — qui construisent, réparent et maintiennent le tissu économique local. Ce sont eux qui, chaque jour, créent du concret, apportent de la valeur et répondent aux besoins essentiels de la société.

Mais que dire de ces intellectuels en costume-cravate, qui, au lieu d’agir, se contentent de discours creux ? Ceux qui passent leur temps à glorifier la société, à proclamer que nous sommes les plus beaux, à chanter les louanges d’un passé figé ? Ceux qui préfèrent exalter des récits d’ancêtres guerriers au lieu d’analyser la réalité avec rigueur et esprit critique, alors qu’en réalité, ce sont souvent des travailleurs immigrés en Europe et ailleurs qui envoient de l’argent pour faire vivre les villages et même certaines villes ? Leur plus grande production, pour certains, ce sont des mots, rien de plus.

Pourtant, il serait injuste de nier l’apport fondamental des sciences sociales. Bien enseignées et bien appliquées, elles permettent de mieux comprendre la société, d’analyser les dynamiques sociales, économiques et politiques, et d’élaborer des plans et des structures adaptées aux réalités locales. Elles sont essentielles pour guider le développement, anticiper les crises et proposer des solutions efficaces.

C’est pourquoi il est impératif de spécialiser et d’adapter ces disciplines aux besoins concrets. Il faut développer une sociologie de la santé, une psychologie de la santé, une anthropologie de la santé, qui permettraient d’améliorer les politiques sanitaires et d’adapter les soins aux réalités culturelles et sociales des populations. De même, pour le journalisme, il faut promouvoir un journalisme engagé et responsable, qui ne se contente pas de rapporter les faits, mais qui éclaire, éduque et propose des solutions.

Il faut alors s’interroger : pourquoi acceptons-nous encore qu’une partie de la population soit cantonnée aux métiers manuels pendant que d’autres, souvent les mêmes, se tournent vers le commerce et la spéculation ? Pourquoi perpétuer un système où certains n’ont d’autre choix que de se tuer à la tâche, pendant que d’autres cherchent à accumuler sans produire ?

Nous devons bâtir un futur où chacun peut choisir son métier librement, sans barrières sociales ou économiques. Un avenir où les marchés sont ouverts à tous, où chacun a les mêmes opportunités, qu’il veuille être artisan, commerçant, intellectuel ou entrepreneur. Cela ne se fera pas sans une volonté politique forte : une politique qui encourage l’éducation pratique autant que théorique, qui redonne toute leur dignité aux métiers manuels et techniques, et qui offre les mêmes chances à tous, indépendamment de l’origine ou du statut.

Il ne s’agit pas de dire que tout le monde doit faire les mêmes choses, mais que tout le monde doit avoir le droit d’essayer, de choisir, de réussir. Il est temps de dépasser les hiérarchies absurdes et d’embrasser l’inclusivité réelle, où le mérite et le travail remplacent l’héritage et les privilèges. Car c’est ensemble, avec toutes les compétences et toutes les volontés, que nous construirons un avenir digne pour tous.

Souleymane Sidibé

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