Naissance d’une association pour vulgariser l’œuvre de Thierno Souleymane Ball, l’artisan du « vivre ensemble »

La salle de conférences du Musée National a abrité samedi après midi le lancement de l’Assemblée constitutive de l’Association Mauritanienne pour la Renaissance de l’œuvre de Ceerno Souleymane Ball. On a noté la présence de hautes personnalités du monde de la culture, d’anciens ministres, d’anciens diplomates, le directeur du musée  ainsi qu’une présence notable des hommes politiques entre autres Chbih Ould Cheikh Maalainine, Kane Hamidou Baba, Bâ Mamadou Alassane, Siniya Mint Sidi Heiba…A noter également la présence d’éminents chefs religieux dont Oustaz AmadouYéro Kidé ainsi que d’un représentant de l’ambassadeur du Maroc à Nouakchott, le président du Conseil Régional du Brakna et le maire de Dar Naim.

Un rassembleur

Après la traditionnelle lecture du coran, le conservateur du musée a prononcé un mot au nom du directeur de cette institution dans lequel il a affirmé que Thierno Souleymane Ball est une personnalité hors pair. C’est dit-il un phénomène religieux et scientifique qui a jeté les bases de l’unité nationale. Il a par ailleurs mis en exergue les liens de sang entre la famille du Cheikh avec certaines familles arabes. Il a ajute-t-il créé des liens solides entre les tribus et les ethnies du pays, une unité nationale dont on a besoin et qu’on doit conserver et renforcer, préconise-t-il.

A son tour, Mme Khadjetou Ly, présidente du comité préparatoire après avoir souhaité la bienvenue aux invités a souligné que « Cette association vise à combler un vide et de restaurer une vérité historique. Ses objectifs sont de faire connaître, diffuser et valoriser l’œuvre de Thierno Souleymane Ball et mettre en valeur sa contribution à l’unité nationale. L’association est ouverte à tous les mauritaniens sans distinction aucune. »

Et pour entrer dans le vif du sujet, la parole a été donnée à Sow Abdoulaye, chercheur et enseignant à l’Université de Nouakchott pour présenter le grand Cheikh.

“Thierno Souleymane Ball en avance sur Rousseau et sur Makiavel”

Pour le professeur Sow il n’est pas possible de présenter Thierno Souleymane Ball en quelques minutes. L’homme a instauré un état théocratique au Fouta en 1776. L’érudit a subi une solide formation et a muri sa pensée. Il s’est révolté contre la souffrance qui était infligée aux habitants du Fouta.

Concernant sa pensée, le professeur Sow a noté que Thierno Souleymane Ball était un homme très fin sur le plan politique. Il voulait mettre fin aux privilèges liés à la naissance mais sans brusquer les choses.

A son actif l’instauration de comportements démocratiques et de bonne gouvernance tels que : l’audit, la veille citoyenne, l’obligation de rendre compte, la défense du droit des femmes, la lutte contre les pratiques esclavagistes, la démocratisation de l’enseignement. De ce fait souligne le professeur Sow l’héritage de Thierno Souleymane Ball est en avance sur Rousseau, sur Makiavel et sur bien des penseurs du siècle des Lumières. Donc l’œuvre de Thierno Souleymane Ball conclut-il est un bréviaire pour les démocraties africaines et il faut arrêter de dire que les valeurs universelles viennent de l’Occident.

Dans son intervention, Oustaz AmadouYéro Kidé est revenu sur le parcours de Thierno Souleymane Ball. Il est né à Bodé. Il est né dans une famille maraboutique et a étudié dans les mahadras familiales. Après avoir récité le coran, il a voyagé à Tidjikja puis à Male dans le Brakna où il a étudié chez le cheikh El Vadil Ould Taleb. Puis il st rentré chez lui pour enseigner le coran. Ensuite il est parti vers l’Est à Pire dans le Cayor. Là il a rejoint un groupe de marabouts dont Tafsirou Diabira, l’Almamy Cheikh Abdoul Kadr Kane, Ibrahima Diallo…Et ce groupe a commencé à réfléchir sur la Révolution Torodo et c’était lui le chef. Objectif : instaurer la justice dans le cadre d’une République islamique basée sur le coran et la sunna et au sein de laquelle seuls les oulémas sont habilités à diriger.

Le cheikh Ball était courageux et il est mort à Dinga, une localité situé à l’Est de la ville de Kaédi.

Avant de mourir il a imposé les conditions de l’imamat : Réciter le coran et trois autres livres de base de l’islam.

Dans un mot adressé à l’assistance, Chbih Ould Cheikh Maalainine a affirmé d’emblée que ce sont les mauritaniens d’abord qui doivent prendre des leçons de Thierno Souleymane Ball. Il a appelé et invité à rompre avec la vision européenne des choses. « Ce pays est trop divisé sur le plan des relations humaines entre ethnies, a-t-il martelé. A nous de tirer les leçons de ce grand penseur. On a besoin de Thierno Souleymane Ball pas en 1776 mais aujourd’hui. On a besoin d’un choix clair et légitime de nos dirigeants. »

Un bureau multicolore

Après une pause pour la prière du maghrib une commission des sages dirigée par Chbih Ould Cheikh Maalainine a planché sur le bureau de l’association. C’est ainsi que Amadou Jaavar Ball a été désigné président. Six vice-présidents ont été désigné : Siniya Mint Sidi Heiba comme première vice-présidente, 2ème vice président : Abdel Aziz Wane, Djinda Ball troisième vice-présidente, 4èmevice président : Saidou Zlimane Kane, Momma Ould El Kotob, maire de Dar Naim comme cinquième vice président et le 6ème vice président : Moustapha Mohamed El Béchir Ball.

Chbih Cheikh Maalainine a été désigné Secrétaire Général. Trésoriere : Khadjetou Ly ; Commissaire aux comptes : Habibatou Kane ; Chargé de l’Organisation :Hawoly Ball ; Chargé de la Communication : El Wely Sidi Heiba ; Chargé de la jeunesse : Mamadou Ibrahima Ball ; Chargée des femmes : Aissata Ball.

Un comité scientifique a également été mis en place, il est dirigé par le professeur Sow Abdoulaye.

Dans un mot prononcé après sa désignation comme président de l’association Amadou Jaavar Ball a annoncé qu’une visite annuelle sera organisé pour aller se recueillir sur la tombe du marabout (voyages à Dinga et à Bodé, des colloques seront également régulièrement organisés. L’association va également travailler pour la vulgarisation de son œuvre et son enseignement dans les écoles. Ce patrimoine dit-il qui a été occulté doit être déterré pour qu’on le fasse connaître à l’humanité.

Pour Kane Hamidou Baba, l’unité nationale et la cohésion sociale a besoin de symboles forts comme Thierno Souleymane Ball qui a refusé la colonisation et l’esclavage.

Siniya Mint Sidi Heiba a estimé quant à elle que : « Cette association vise un objectif noble : réunir les mauritaniens. Ils doivent être tous derrière elle pour travailler main dans la main au service de l’unité nationale et la cohabitation pacifique entre les communautés. »

Par Bakari Guèye

Source : Initiatives News via Kassataya

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