Mauritanie : l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz placé en détention

Au cœur d’une enquête sur des faits supposés de corruption, l’ancien homme fort du pays refuse notamment son contrôle judiciaire.

Le bras de fer entre l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et la justice de son pays se poursuit de façon spectaculaire. Cette fois, le juge chargé de l’enquête a décidé de placer l’ancien chef de l’Etat en détention. Mohamed Ould Abdel Aziz avait été inculpé en mars, en même temps qu’une dizaine de hautes personnalités, pour des faits présumés de corruption, blanchiment d’argent ou encore enrichissement illicite commis pendant les années où il dirigeait le pays. Mohamed Ould Abdel Aziz et ses co-inculpés, parmi lesquels un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres et plusieurs anciens ministres et hommes d’affaires, avaient alors été placés sous contrôle judiciaire.

Contrôle judiciaire

En mai dernier, le juge avait durci ces conditions en ordonnant son placement en résidence surveillée, tout en maintenant l’obligation pour lui de se présenter à la police trois fois par semaine et de demander l’autorisation du juge pour quitter Nouakchott, la capitale de la Mauritanie.

Or, Aziz avait annoncé il y a peu qu’il ne se respecterait plus ses obligations. Il se rendait à pied au bureau de police provoquant à chaque fois des attroupements et s’était plaint « des brimades infligées aux citoyens qui m’accompagnent et me témoignent leur soutien ». Le juge a semble-t-il pris cette menace pour un non-respect de fait du contrôle judiciaire, même si pour l’heure les raisons exactes de son arrestation ne sont pas connues.

Perte d’influence

Cette arrestation est en tout cas un nouveau signe de la perte d’influence de l’ancien homme fort de la Mauritanie, depuis qu’il a lâché le pouvoir en juin 2019. Tout a commencé par un rapport parlementaire de 900 pages remis à la justice en août 2020. Le fruit de plusieurs mois d’enquêtes et d’auditions pour des faits de corruption et de malversation dans des secteurs clés de l’économie comme les mines, le pétrole ou la pêche.

A la surprise générale, dans un pays où la justice n’échappe pas à la corruption, le rapport n’a pas été enterré, alors même que l’ancien président figurait au premier rang des accusés. Le nouveau président, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, pourtant dauphin désigné, a laissé la justice faire son travail, signe de la rupture consommée entre les deux hommes.

Depuis sa première audition par la justice, Mohamed Ould Abdel Aziz n’a cessé de crier au règlement de comptes. Il refuse de collaborer avec les enquêteurs et réclame l’immunité que lui confère son statut d’ancien président. « On me fait payer le fait de vouloir rester un homme politique dans ce pays », déclarait le 20 mai dernier l’ancien président Aziz au micro de RFI.

AFP

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