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Fidèle á son engagement, Muritanie Min Njejitta (MNN) a organisé une cérémonie spéciale pour honorer la Mémoire des 28 militaires Noirs exécutés le 28 Novembre 1990, ainsi que toutes les victimes des exécutions extrajudiciaires. La cérémonie a commencé avec la prière d’ ouverture par Mr. Omar Kebe, suivie du mot de bienvenue de Madame Aissata Niang, Présidente de MNN. Cette année á cause du Covid-19, la cérémonie de commémoration a eu lieu sur Zoom le 28 Novembre 2020. Comme vous le savez, depuis cet acte de génocide qui s’ inscrit dans le cadre d’ une volonté politique d’épuration ethnique, cette date est désormais devenue pour nous une journée de deuil et de douleur. En conséquence tout mauritanien — doté d’ une conscience morale se doit de s’incliner devant leur Mémoire pour exprimer leur solidarité avec les familles des victimes. Malgré leurs efforts inlassables, les gouvernements successifs ont délibérément ignoré leur appel incessant á la justice alors que les bourreaux jouissent d’ une impunité totale couverte pour la loi d’amnistie adoptée en 1993. Ce qui rend la douleur plus insupportable est qu’ á ce jour le gouvernement refuse de restituer aux familles les dépouilles mortelles des leurs. Ce qui est une atteinte grave aussi bien aux principes islamiques et qu’á leurs droits fondamentaux.
Pour donner un cachet spécial á la cérémonie, MNN a invité Ms. Julia Harrington Reddy, Avocate spécialisée dans le domaine des droits de l’homme. Elle est actuellement la Directrice de Open Society Justice Initiative, á New York. Sa présentation a porté sur le statut et les perspectives du dossier des droits de l’ homme soumis á la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) par les victimes mauritaniennes.
Dans son intervention Julia Harrington Freddy a montré qu’elle a une vision globalisante de la situation des droits de l’ homme en Mauritanie et une très bonne commande sur les détails pour y avoir travaillé pendant de longues années. Elle a indiqué qu’elle a commencé á travailler sur ce dossier depuis 1993 pendant qu’elle était á l’Institut des Droits de l’Humain et le Développement en Afrique (IDHA) á Banjul, Gambie. Des lors son soutien aux veuves n’a jamais fait défaut. C’ est elle qui les avait aidées á soumettre leur dossier á la Commission Africaine lors de sa session á Alger, Algerie en 2000. Compte tenu de la gravité des violations et du poids moral et légal du dossier la Commission n’avait pas hésité á adopter une résolution condamnant la Mauritanie. Elle a indiqué que la loi d’amnistie adopter par l’assemblée nationale qui a fermé tous les mécanismes de recours a automatiquement rendu la plainte des veuves recevable par la Commission. Elle a vivement félicité les veuves pour leur courage. « N’eut été leur détermination á demander la justice cette victoire n’aurait pas possible, »a-t-elle fait remarquer. Selon elle ce succès va au delà de leur dossier, car il crée une jurisprudence qui va servir d’ autres cas. En plus, elle a expliqué que la loi d’amnistie qui protège les préparateurs n’a aucun mérite légal au regard du droit international. C’ est pourquoi elle a encouragé les mauritaniens résidant en Europe et en Amérique á continuer á explorer les options de plainte dans leurs pays de résidence respectifs. Aussi elle a mis l’accent sur la campagne d’humiliation publique pour exercer une pression constante sur le pouvoir.
Le temps fort a été par la remise par surprise du Prix de Mère Houleye Sall pour les Droits de l »Homme, « Mother Houleye Sall Awards for Human Rights, » á Julia Harrington Reddy en reconnaissance– de son assistance exceptionnelle aux veuves et sa contribution á la promotion des droits de l’homme en Mauritanie. En acceptant le prix avec émotion, elle a honoré la mémoire de son collègue Maitre Alpha Fall, á qui elle a dédié le prix « je partage ce prix avec mon collègue feu Maitre Alpha Fall avec lequel j’avais travaillé sur le dossier á IDHDA, » une organisation qu’ils ont fondée ensemble en 1998.
Par ailleurs nous avons noté la présence du Cadre de Concertation des Rescapés Mauritaniens en Europe et aux Etats Unis d’Amérique (CCRM-E/USA) dont MNN est membre et de Mauritanian Human Rights Network, collaboratrice de MNN. Les présidents de ces organisations, Djibril Yongane et Houleye Thiam, respectivement, ont eu l’occasion de prendre la parole pour dénoncer l’injustice et l’impunité qui sévissent dans le pays.
Force est de reconnaitre que la Mauritanie souffre d’un racisme d’état aigu, un mal auto-infligé qui sape les fondements de la nation. Actuellement la Mauritanie ressemble á une malade désorientée, titubante au bord d’ un précipice. Si les mauritaniens veulent véritablement la sauver, ils doivent, d’ un saut patriotique la prendre á bras le corps pour lui administrer le traitement de choc qu’il faut, á savoir y instaurer l’injustice et l’égalité pour toutes les filles et tous les fils du pays sans aucune forme de discrimination. Autrement ce sera la non assistance á une nation en danger avec des conséquences incalculables. Et ceux qui détiennent les rennes du pouvoir doivent comprendre que les opprimés ne vont pas continuer á ruminer en silence leur souffrance sans agir. Ils assumeront leur responsabilité en prenant en main leur destin.
C’est pour cette raison que les participants ont demandé á l’ Assemblée Nationale d’abroger la loi d’amnistie de 1993 qui est source d’injustice et d’impunité. Ils ont exhorté Président Mohamed Cheikh El Ghazouani de faire du passif humanitaire une priorité nationale et d’agir avec l’ urgence que requiert la situation. Et ils ont dénoncé la répression aveugle contre la marche pacifique des veuves, orphelins et rescapes á Nouakchott le 28 Novembre 2020, et ont demandé la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées.
Pour rappel, MNN est une organisation de défense des droits de l’homme basée á New York City, USA. Elle est la voix collective des veuves et des orphelins mauritaniens qui demandent la justice et la responsabilité pour les exécutions extrajudiciaires de leurs proches dans des centres de détention militaires entre 1990 et 1992. l’ organisation appelle á la justice pour les survivants de la torture durant la même période.
L’organisation s’ engage á lutter contre l’impunité en tenant responsables les auteurs de ces crimes odieux. De plus, elle est déterminée à faire tout son possible pour honorer la mémoire des victimes en tant que mécanisme de prévention des atrocités futures. Il poursuit sa mission par le biais de la campagne de sensibilisation, du plaidoyer, du réseautage et d’actions légales.
C’est dans le cadre de cette mission que MNN a décidé de créer le Prix de Mère Houleye Sall pour les Droits de l’Homme pour faire d’elle le symbole de la lutte pour la justice d’ une part et de reconnaitre les efforts des personnes qui ont fait une contribution remarquable á cette lutte.
La Lutte Continue
B. Tandia, Human Rights Advocate
New York, Novembre 28, 2020
Par Bakary Tandia