Le COVID 19, une occasion pour la Mauritanie de revoir son système de santé

Le covid -19 est un virus qui provoque une maladie infectieuse qui attaque les poumons entrainant une détresse respiratoire chez l’individu. Ce virus se transmet par divers modes dont les plus connus sont les postillons diffusés par une personne infectée en éternuant. Il peut également se transmettre par la main, en serrant la main à une personne qui est porteuse du virus, ou sur certains objets touchés par cette dernière. Ce virus a aujourd’hui terrifié l’humanité tout entière, mettant en arrêt l’économie mondiale et obligeant les pays à fermer leurs frontières aériennes et terrestres. Il les a également sommés de vivre en autarcie. Nonobstant les fermetures des frontières, ainsi que les mesures préventives prises de part et d’autre par des pays, le virus continu sa cavale meurtrière. Malgré ces mesures visant à stopper la propagation de l’épidémie, le virus du covid- 19 continu également de faire des decatombes partout. Aujourd’hui, aucun pays au monde n’est épargné de la menace de cette épidémie meurtrière.

La Mauritanie, à l’instar des autres pays de la sous-région, compte aujourd’hui cinq cas dont le premier a été importé de la France et le second du Sénégal. Le premier cas importé de la France constituait une bombe à retardement. Car il a été en contact avec les membres de sa famille ainsi que de son entourage. C’est ainsi qu’est partie la chaîne de la contamination dans le pays. La personne qui avait importé le virus en France n’a finalement pas pu être hospitalisée, car elle a malheureusement succombé de suite du covid-19 avant même la fin de sa quarantaine. Depuis l’apparition de ce virus, le gouvernement mauritanien par la voix de son Ministre de la santé et de l’intérieur a pris des mesures préventives visant à fermer les frontières et confiner sa population. Lesquelles mesures ont été salvatrices. D’ailleurs, si aujourd’hui la pandémie ne s’est pas développée dans l’ensemble du pays, c’est sans doute grâce à ces mesures prises très tôt par le gouvernement. Elles ont été saluées par les citoyens de tous bords.

Une pandémie qui a su susciter un élan de patriotisme au niveau national

Ces mesures, qui sont de nature à stopper ou à enrayer la propagation du virus sur le territoire national, ont également été accompagnées de gestes patriotes. Pour faire face à cette pandémie, certains dignes fils du pays tels que le milliardaire et philanthrope Bouamatou et autres n’ont pas hésité à mettre la main dans la poche. Ils ont décaissé plus de 3 milliaires d’Ouguiya pour aider le gouvernement à faire face à cette pandémie qui crée la psychose sociale dans le pays. Leur geste a été beaucoup magnifié par les citoyens dans les réseaux sociaux. À cet élan de solidarité, vient s’ajouter un travail de terrain remarquable du ministre de santé : Dr NedhirouMohamed Hamed. Ce travail de terrain qui se traduit quotidiennement par des déclarations visant à éclairer la lanterne des citoyens sur l’évolution de la pandémie dans le pays. Notons que ce travail n’a pas été pas si facile pour le ministre et son équipe technique. Car depuis le signalement du premier cas, ils n’ont pas cessé de sillonner les hôpitaux et les hôtels à la rencontre des personnes hospitalisées pour covid- 19 et d’autres qui sont confinées dans les différents hôtels de la capitale. Il est partout au chevet des personnes malades pour les rassurer et aussi encourager le personnel soignant dans leur laborieuse mission. C’est la première fois dans l’histoire de crise sanitaire que nous avons vu en Mauritanie hors période de campagne, un ministre qui va à la rencontre des malades pour demander de leurs nouvelles et aussi les rassurer. Sur ce coup, nous lui devons une fière chandelle et l’encourageons à continuer sur cette lancée. Nous saluons également lepersonnel médical sur le terrain qui continue de remplir leur mission de soignant avec abnégation et dévouement, et cela, malgré les maigres ressources qu’ils ont à leur disposition. Sans oublier également la société civile qui s’active de jour en jour en bravant la menace du covid- 19 pour aller à la rencontre des populations et leur expliquer les bonnes conduites à tenir ainsi que les dignes fils du pays qui ont décaissé des sommes considérables pour venir en aide au gouvernement et personnel soignant qui se trouvent diminué face à ce virus.

L’épidémie du covid -19, un signe avant-coureur d’une guerre mondiale biomédicale

Cette épidémie du covid -19 avait été prédite par l’écrivain Dean Koontz en 1981 dans son livre qu’il a intitulé « les yeux d’une térèbre ». Dans ce livre, l’auteur évoquait l’apparition d’un virus capable d’anéantir le monde. Sans être adepte de la théorie du complot, quand on visite les pages de l’histoire de l’humanité, sans doute, on s’apercevra que dans une époque récente, il y a eu des épidémies similaires au covid -19 qui ont ravagé une partie de l’humanité. Je pense en l’occurrence à l’épidémie du sida qui a beaucoup endeuillé le continent africain. Et dont on ne sait toujours pas l’origine. D’aucuns défendaient avec vigueur la thèse selon laquelle ce virus provenait d’un vaccin que les pays occidentaux ont imposé aux Africains pour enrayer l’épidémie de la malaria qui à l’époque faisait des ravages sur le continent africain. Coup de théâtre, il s’est avéré à l’époque que ces vaccins au lieu de sauver des vies africaines, avaient fait beaucoup plus de morts. Cette thèse continue toujours à conspirer certains activistes du mouvement panafricains. D’ailleurs, même elle refait surface aujourd’hui dans le cercle des intellectuels africains. Beaucoup d’entre eux, se relayent dans les réseaux sociaux pour dire non à la vaccination du covid -19 en Afrique. Ils essaient tant bien que mal à informer l’opinion publique africaine à ne pas accepter les vaccins. D’autres vont même jusqu’à pointer du point à l’OMS (organisation mondiale de la santé) d’être le pourvoyeur des tests du covid -19 en Afrique.

Pour quelqu’un qui est férié d’histoire, et qui connaît très bien les firmes pharmaceutiques, on ne peut pas l’obliger à faire l’économie des questions même sur celles qui aujourd’hui laisseraient entendre que le virus covid -19 serait une arme biologique fabriquée par des superpuissances pour anéantir des pays qui sont en voie de le devenir. Vrai ou faux, le temps nous le dira. Toujours est-il que dans cette crise sanitaire sans précédent, il aurait peut-être quelques malfrats qui ont un agenda caché dernier. Pour les stars up des industries pharmaceutiques, ceux qui pensent qu’il peut y avoir peut-être un agenda caché derrière cette tragédie sont des conspirateurs, penser qu’il peut y avoir des démons derrière cette affaire pour eux, ce sera être un débile mental. En tout cas face à cette tragédie meurtrière ou personne n’est à l’abris, faire l’économie d’interrogations sur cette épidémie meurtrière reviendrait à être adepte à la politique d’Autriche. C’est-à-dire à refuser de voir la réalité en face. Cette réalité, c’est qu’à chaque fois qu’il y a une épidémie qui se déclare, les stars up de l’industrie pharmaceutique se lancent en jeu pour parler des vaccins. Essaient-elles de monter leur philanthropie ou veulent-elles profiter pour faire le profit ? Face à cette horreur, il n’y a-t-il pas des questions économiques qui se profilent à l’horizon ? Et qui expliquerait l’agenda caché de ceux qui peut-être pourraient être à l’origine de ce désastre. Il est vrai que quand l’économie entre par la porte, la morale sort par la petite fenêtre. Mais peut-on convoquer l’éthique médicale dans cette tragédie terrifiante. Puisque tout est sujet aux questionnements. Je laisse aux âmes illuminées répondent à ces interrogations. Surtout quand on entend le président Français Emmanuel Macron évoquer, dès le début de l’épidémie, les termes « nous sommes en guerre, nous sommes en guerre, nous sommes en guerre ». 

Cette épidémie meurtrière doit amener nos pays africains en l’occurrence la Mauritanie à faire une introspection sur son système de santé. Autrement dit revoir est-ce que ce système au lieu de soigner les maladies n’en créer pas autant. N’est-il pas un pourvoyeur des inégalités sociales de santé ? Si c’est le cas comment utiliser l’argent des généreux bienfaiteurs pour corriger ces inégalités sociales de santé ? Voilà les quelques questions auxquelles je tenterai d’apporter dans les lignes suivantes quelques éléments de réponse.

Le système de santé mauritanien est géré par le Ministère de la santé.

Il est administré et piloté en niveau national et régional par les institutions annexes au Ministère de la santé à savoir les directions et les services émanant du ministère de la santé et les DRAS (directions régionales d’accès aux soins) qui gèrent l’offre et la répartition des soins au niveau régionale. Ce système de santé est de type bicéphale. C’est-à-dire un système dont le financement provient d’une part de l’Etat et d’autre part par des contribuables. Une grande partie du financement soit plus de 50% est assuré par l’Etat mauritanien qui reste jusqu’au aujourd’hui le principal financeur de notre système de santé, 40% par les ménages, et enfin 10% par des mutuelles et quelques ONG (organismes non- gouvernemental). 

La Mauritanie à l’instar des pays de la sous-région dispose d’un système de santé de piètre qualité. La densité médicale par habitant est de 0,13 professionnels sur 1000 habitants, et L’OMS (organisation mondiale de la santé), en 2017, estime qu’il y a 2,3 professionnels de santé pour 1000 habitants. Pour l’OMS, ce nombre demeure insuffisant pour recouvrir l’offre de soins primaires des 4 millions de têtes qui vivent en Mauritanie.

Organisation et fonctionnement de système de santé mauritanien.

Il comprend un panorama de services de santé officiels et non-officiels tels que les guérisseurs traditionnels, la programmation de l’offre et la répartition des médications, les programmes de promotion et de la prévention pris en amont. Le système de santé vise à préserver, maintenir et améliorer le capital de santé des populations en agissant sur des déterminants de santé. On entend par déterminants de santé « un ensemble des facteurs qui influent l’état de santé d’une population soit isolement soit en interaction avec d’autres facteurs. Ces facteurs sont environnement, l’habit, le patrimoine génétique, les comportements individuels, le pouvoir économique, et aussi système de santé. Tous ces facteurs cités influent positivement ou négativement sur l’état de santé d’une population.

Un Système de santé pourvoyeur des inégalités sociales et territoriales de santé :

D’après le préambule de la constitution de L’OMS (organisation mondiale de santé) adoptée en unanimité par les Etats du monde entier, « la possession d’un bon état de santé constitue l’un des droits les plus fondamentaux de l’être humain quel que soient sa race, sa religion, sa culture, son milieu géographique, ses opinions politiques et sa condition économique et sociale ». La Mauritanie dispose d’un système de santé moins performant et d’un régime de couverture médicale moins exhaustive offrant un accès limité aux soins. Cette offre de soins qui demeure inégalement répartie entre les populations et les territoires fait que le système de santé mauritanien produit aujourd’hui plus d’inégalités sociales entre les populations qu’il n’en tente de corriger. L’écart de santé entre les catégories sociales aisées et les populations vulnérables est très perceptible. Un enfant né dans une famille vivant avec moins d’un dollar par jour a deux fois de plus de risque d’un retard de croissance qu’un enfant issu du milieu aisé. Ce retard de croissance est dû en partie au manque d’accès aux soins de santé dès les premières années de vie de l’enfant.  

Les études scientifiques sur la croissance d’un enfant montrent qu’un enfant bien nourri et ayant accès aux soins pendant les cinq premières années de sa vie grandit plus vite qu’un enfant mal nourri et n’ayant pas accès à une bonne couverture vaccinale. La courbe de croissance de cet enfant sera retardée à cause des maladies diarrhéiques qui, comme nous le savons tous, affaiblissent le système immunitaire de l’enfant en le rendant vulnérable aux infections bactériennes. Ce phénomène qui, aujourd’hui, est devenu un véritable problème de santé publique en Mauritanie n’émeut pas les autorités sanitaires

A quoi doit servir cet argent ?

Cet argent doit aujourd’hui servir à acheter les équipements médicaux pour pouvoir augmenter la capacité de l’offre de soins dans toute l’entendue nationale. Car il est déplorable de constater qu’aujourd’hui dans toute l’entendue du territoire national, il n’y a que cinq appareils de réanimation pour une population de 4 millions et demie d’habitants. Aussi, il est question d’injecter cet argent pour réduire les inégalités sociales de santé qui se posent avec acuité dans le pays. Il doit servir également à acheter les appareils de réanimation et améliorer la capacité technique des soignants qui se trouvent en premier rang face à ce virus du covid- 19.

Dans le secteur ambulatoire, augmenter la capacité de l’offre de soins en créant des laboratoires dans les départements sévèrement touchés par le phénomène du désert médical. Aujourd’hui, le pays ne dispose qu’un seul laboratoire d’analyse de sang. Nous savons que notre système de santé souffre d’innombrables difficultés tant du côté de sa gestion que du côté de son fonctionnement. Face à cette épidémie meurtrière qui met aujourd’hui à genoux les systèmes de santé des pays entiers, y compris ceux qui ont des meilleurs systèmes de santé, l’heure est venue pour tous citoyens mauritaniens conscients des enjeux de cette crise de tirer la sonnette d’alarme pour attirer l’opinion publique et les autorités nationales sur les tares de notre système de santé.

Inégalités sociales de santé face aux maladies.

Un mauritanien issu d’un milieu social défavorisé tel que Sebhka a 20% le risque de mourir pour cause d’un infarctus de myocarde contre 7% s’il est issu d’un milieu aisé et vivant à Tevraz Zeina. L’espérance de vie à la naissance est de soixante ans pour les hommes et soixante-trois ans pour les femmes. Comparé aux autres pays voisins en l’occurrence le Sénégal, elle est de 67 ans de tous âges confondus. Cependant, en Mauritanie, cette faible espérance de vie s’explique par plusieurs raisons qui sont souvent interdépendantes. On entend par inégalité sociale de santé toute relation entre la santé et l’appartenance socioprofessionnelle. Il existe une corrélation directe entre l’appartenance socioprofessionnelle et la capitale santé. De nombreuses recherches scientifiques sur l’impact du milieu sur l’état de santé des populations telles que l’étude : santé et Environnement –perturbateur endocriniens montre que l’environnement a un impact direct sur l’état de santé des populations.

Comment réduire les inégalités sociales de santé en Mauritanie :

Pour réduire les inégalités sociales de santé, le gouvernement mauritanien doit mettre en place une couverture médicale universelle qui permettrait aux couches sociales diminuées de pouvoir recouvrer leur droit à l’accès aux soins. Même si un dispositif qui semblerait être similaire à une couverture maladie universelle est en phase d’expérimentation au niveau national, il ne doit pas s’arrêter au niveau des grandes villes en l’occurrence Nouakchott, Nouadhibou, Zouerate, Atar, Néma et autres. Il est attendu sur l’ensemble du territoire national pour pouvoir réduire de façon drastique les inégalités sociales de santé qui se posent avec acuité dans certaines zones du pays. Par exemple, à Nouakchott, la capitale, ville qui compte près d’un million habitant, il n’est pas concevable qu’il n’y ait pas plus dix-mille médecins au minimum pour couvrir le besoin médical de la population. Selon l’OMS, la densité médicale d’un territoire se mesure par le nombre de médecins par 1000 habitants. Elle estime pour qu’il y ait une offre satisfaisante de soins sur un territoire, il faut au moins 2,3 médecins pour 1000 habitants. Ce corps médical doit au moins être constitué d’un médecin, d’un.e infirmier.e d’un- e sage-femme d’un.e obstétricien.ne. Avec ce dispositif, les populations précaires pourront bénéficier gratuitement des soins primaires. Ce dispositif existe déjà dans beaucoup de pays de la sous-région notamment au Sénégal même si la couverture maladie mise en place par l’Etat sénégalais est loin d’être efficace. Parce qu’elle ne concerne pas toutes les populations. Seulement une catégorie d’âge à savoir les enfants de 0 à 5 ans qui ont accès à cette couverture médicale. Il doit augmenter la capacité d’accueil des patients dans les hôpitaux.

Aujourd’hui, le nombre de lits d’hospitalisation au niveau du CHUN (centre hospitalo-universitaire de Nouakchott) ne dépasse pas deux-cents. Ce chiffre montre à bien des égards que même la capitale est un désert médical à ciel ouvert. Il doit également construire des centres dans les villes pour permettre de désengorger les hôpitaux. Ces centres de santé peuvent être gérés par les communes et pourront assurer l’offre de soins primaires telle que la vaccination des enfants, la lutte contre certaines infections telles que les IST (infections sexuellement transmissibles et autres infections bénignes) et certaines hépatites virales. Pour cela, il faut que l’Etat aussi trouve des conventions de partenariat avec des pays qui ont un système de santé de qualité pour pouvoir envoyer les médecins et autres corps médicaux partir suivre des stages en médecine ou se former sur des spécialités telles que l’infectiologie la chirurgie cardiaque et pouvoir acquérir des compétences solides afin de soigner nos patients. Le centre de dépistage de la tuberculose qui a été récemment inaugurer à Nouakchott par le Ministère de la santé fait partie des projets phares que l’Etat doit également développer dans d’autres départements. Nous savons que la tuberculose est une maladie qui fait beaucoup de ravages au même titre que les maladies métaboliques telles que le diabète et l’hypertension artérielle.

Cheikh Almamy Wane

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