Le confinement, le temps de la réminiscence

En cette période de la crise sanitaire mondiale de Coronavirus, plusieurs activités sont gelées, les écoles fermées, le travail suspendu, bref le temps s’est arrêté diront certains. Les journées deviennent de plus en plus longues, pas parce qu’elles sont trop chargées mais parce qu’elles sont presque vides. L’humanité a changé ses lunettes d’observation et de perception. L’heure n’est plus à cette marche folle à la production, encore de la production et de consommation, mais plutôt à la réflexion sur ce qui est l’essentiel de notre existence et de notre essence qu’on avait tendance à oublier ou remettre à plus tard.

Dans cette mondialisation où la finance, l’économie et la production sont devenues les seuls indicateurs dans notre vie, on a tendance à oublier les bases fondamentales des notre vie en société et des relations que font de nous des êtres humains et donc sociétaux. Les relations humaines sont, pour la plupart, conditionnées par nos statuts sociaux, donc par ce que nous avons, ce que nous acquérons et non plus parce que nous sommes.

Avec cette crise, ce qui nous paraissait plus simple, au point de le négliger, est devenu très compliqué voir impossible. Le fait d’aller rendre visite à des amis, des parents, prendre un verre avec des amis ou collègues est devenu presque interdit. Aller au travail, gagner de l’argent, économiser, faire des projets est devenu superflu voire obsolète pendant un moment. Quand on est face à la maladie, la mort, les choses qui nous préoccupaient deviennent décadentes. Comme disait les Peul :  » So Neddo wojaama yoo Allah danndu dum wojetaake yoo Allah rukku dum » qui peut être traduit par si l’on se préoccupe à demander au bon Dieu de nous protéger ou de nous sauver, on ne soucie plus de lui demander de nous donner des biens matériels. Dans cette perspective, nous pensons également aux questions philosophiques ou existentielles dont E. Kant se posait pour essayer de voir le rapport direct à notre situation actuelle. Ces questions étaient; « Qui suis-je?, Que vais-je devenir ? et Que dois-je faire ?. Si chacun de nous se posait ces questions, notre relation envers nous-mêmes, envers les autres et envers le monde qui nous entoure va changer et que nous tirerions des leçons en cette période si particulière.

Avec cette période de confinement, nous devrions mesurer l’importance du Temps que nous avons tant délaissé. Ce moment si crucial doit être le temps pour nous de réconcilier à nous-mêmes, à nos proches, aux valeurs humaines, à l’apprentissage à la philosophique pour mieux nous connaitre et pour avoir un regard critique et lucide envers cette mondialisation qui nous a embarqué dans un train sans issus. Face à cette pandémie, nous avons vu l’importance et la nécessité des métiers que nous considérions, autrefois, comme des sous métiers comme les aides-soignants, les vendeurs alimentaires, les agriculteurs locaux, les agents de nettoyage, les ambulanciers etc. bref, la liste est longue. Nos yeux étaient rivés sur les traders, les footballeurs, les producteurs de films etc.. Ces derniers sont, pour la plupart, aux abonnés absents face à la crise.

Le temps que nous vivons actuellement est peut-être un essai ou un test pour nous permettre de changer notre logiciel, de penser contre nous-mêmes pour reprendre le concept très cher à Alain Finkielkraut, de changer notre perception envers le monde et nous permettre de mesurer l’importance que nous avions à aller se promener, rendre visite, serrer la main, vaquer à nos préoccupations quotidiennes était l’essence même de notre existence dans la société. C’est une occasion pour nous aussi de comprendre que malgré les mesures prises pour limiter la propagation du virus, qui peuvent êtres considérées par certains comme des restrictions envers nos libertés, nous devrions penser que nous ne sommes jamais été aussi libres que pendant ce confinement. c’est ce qui nous amène à paraphraser Jean-paul Sartre qui disait: « Nous autres français, nous n’avions jamais été aussi libres que sous l’occupation allemande »

Pour finir, je pense que c’est dans une situation difficile comme celle que nous vivons actuellement que nous devrions nous rapprocher les uns des autres pour lutter contre cet ennemi invisible pour en sortir plus forts. Nous avons besoins, dans la vie de tous les jours, de vivre des épreuves, pour se remettre en question, se reprendre, pour prendre un nouveau chemin construit sur des bases solides. Je termine par la célèbre citation du philosophe F. Nietzsche qui disait que « l’homme a besoin de ce qui a de pire en lui s’il veut parvenir à ce qu’il a de meilleur ».

Aliou DIA

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