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Que dire qui n’ait été dit? Billie Hollyday estimait que si elle devait chanter comme les autres c’est qu’elle n’avait pas besoin de chanter du tout. Peut-être pourrait-on déroger à cette ligne, répéter les autres et rappeler certaines choses.
Il n’y a pas de bonne date pour un forfait. Mais certaines dates sont plus fâcheuses que d’autres. En ce cas, le fait alourdit la laideur du forfait. L’exécution de 28 soldats négro-africains, le jour anniversaire de l’indépendance du pays, fut une ignominie et une imbécillité. Cibler exclusivement une «communauté» doublait la mise. Inutile d’être un spécialiste des symboles pour déchiffrer celui-là. Le récit national, enjolivé comme tous les récits nationaux, faisait jusqu’alors du 28 novembre 1960 le jour de l’émancipation de la tutelle coloniale. Un double symbole morbide-28 pendaisons le 28 novembre-chamboule tout d’un coup ce narratif. Désormais, la date sera assimilée à un geste de mise au pas d’une composante nationale. La fête se fera donc sans elle. Mission accomplie.
Depuis, commémorations et célébrations sont devenues hémiplégiques. Fêtards d’un côté et endeuillés de l’autre. Entre les deux, il faudra rendre justice tout de même à ceux qui ont la fête triste : les otages d’un moment équivoque. C’est l’impasse. Et pour longtemps car le 28 novembre reviendra tous les ans. Faute de pouvoir gommer la date du calendrier, il serait souhaitable (pas que pour cela évidemment) de lui insuffler un contenu nouveau. Il ne s’agira en aucun cas d’effacer le passé à peine de négationnisme mais d’apaiser par des gestes forts y compris symboliques. Cela nécessitera de la volonté et du courage dont les signaux se font attendre.
En attendant, cette année plus encore, le mois de novembre s’est avéré assurément funeste! Ce mois qu’un journaliste qualifiait en 2007 de « tordu» mais pour des raisons étrangères à la Mauritanie et en relation avec une distorsion des chiffres. « Novembre, onzième mois de l’année, tient son nom du chiffre 9 (novem) parce que c’était le 9ème mois de l’ancien calendrier romain» nous explique ce journaliste qui s’appelait Robert Solé, avait des origines égyptiennes et était copte. Une «communauté » religieuse pas toujours à la fête non plus.
Par Tijane Bal
