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Activiste politique depuis plusieurs années en Mauritanie, Abdoul Birane Wane, le fondateur de Touche pas à ma nationalité vient d’apport son soutien dans la course à la présidentielle à Biram Dah Abeid. Il a répondu à nos questions dans un entretien exclusif.
Dans un communiqué, paru le 23 mai 2019, l’équipe de campagne de Biram Dah Abeid, annonce que vous soutenez sa candidature, Pourquoi ce choix ?
Avant tout, nous avons fait ce choix en hommes libres. Ce choix est logique dans la mesure où, parmi tous les candidats Biram Dah est celui qui depuis dix ans reste constant dans la lutte contre le système et bénéficie d’un soutien considérable de la jeunesse et surtout que son discours est proche du notre. Biram est le candidat qui nous a approchés avec plus d’honnêteté et d’humilité et qui s’est montré disposé à prendre en charge nos différentes revendications. En plus la main qu’il nous a tendue est une preuve que quand on veut être élu à la tête d’un État, on doit se montrer rassembleur.
Dans votre livre « Les noirs de Mauritanie entre résistance et résignation », vous marquez clairement votre distance avec Biram Dah Abeid, dont vous dites certains éléments ont voulu récupérer une de vos manifestions, pourquoi ce rapprochement aujourd’hui ?
Il s’agit d’un incident qui a eu lieu en septembre 2011 et qui a miné les relations entre les deux organisations et que certains ont utilisé pour semer la zizanie. Et pourtant le même jour nous avions envoyé une délégation rencontrer Biram pour désamorcer la crise, et cet acte démontre que nous avons toujours été animés de bonne foi. Nous sommes aujourd’hui confrontés à une réelle menace que fait peser sur nous le système d’Apartheid, et devant une telle menace la raison nous commande de taire nos divergences et faire face ensemble à l’oppresseur.
Dans votre livre, vous disiez qu’il fallait soutenir et renforcer des leaders comme Samba Thiam, Ibrahima Mokhtar Sarr, Pourquoi vous n’avez pas apporté votre soutien à Kane Hamidou Baba le candidat de la coalition Vivre Ensemble ?
Dans mon livre je suis revenu largement sur certains faits et je les rappelle pour l’occasion. En juillet 2012 dans une interview que j’ai accordée à jeune Afrique, j’avais exprimé la nécessité de créer un pôle négro-mauritanien que certains leaders ont rejeté mais sept ans plus tard ces mêmes leaders ont repris cette idée, je m’en réjouis, au moins l’histoire m’a donné raison dans ce sens. Pour nous ce pôle devait permettre de constituer des listes communes pour une meilleure représentativité au parlement. Pour Ibrahima Sarr notre proposition était une mauvaise stratégie et quant à Kane Hamidou Baba il avait clairement fait savoir qu’il ne croit pas à un rassemblement de noirs uniquement ,car la Mauritanie est faite de différentes communautés. Il ira plus loin en nous rappelant que des maures militent dans son parti, raison pour laquelle il ne peut aucunement adhérer à ce projet sinon il laisserait ses maures orphelins et ses mots ont été dits devant des témoins qui sont encore vivants. Trois ans auparavant quand les étudiants noirs ont manifesté pour dénoncer les propos racistes du premier ministre nous nous sommes réunis chez le doyen Diawara Gagni, certains ont proposé une pétition demandant la démission du PM, Monsieur Kane avait encore fait comprendre d’une manière très claire qu’il ne pouvait pas adhérer à un projet qui réunit uniquement des noirs. Dans ce cas, en tant que personne dotée de raison, dois-je croire à la sincérité d’une telle candidature ?
Par ailleurs, nous n’avons jamais été associés au projet de la coalition vivre ensemble, aucun cadre ne nous a informés, et pourtant des membre du système dont un proche conseiller du président Ould Abdel Aziz était invité de marque à la réunion qui a abouti à la création de cette coalition. Si réellement le projet est de fédérer la communauté, pourquoi associer certains et écarter d’autres ? Heureusement que moi Abdoul Birane Ciré Ibra et l’organisation que je dirige nous n’avons pas besoin d’un tuteur pour être considérés comme des membres de la communauté peule. Qu’ils nous prouvent qu’ils sont plus légitimes que nous. J’aimerais quand même apporter une précision, je ne sais pas pourquoi certains se permettent de parler au nom de toute une communauté. Qu’on se dise la vérité, combien d’illustres enfants du leniol ne sont pas dans la coalition ? qui peut prétendre avoir fait mieux que maître Fatimata Mbaye ou Kadiata Mlick Diallo et d’autres bien sûr, et pourtant ils ne sont pas de cette coalition. Je rappelle que Kadiata Diallo a été l’unique député noire à avoir eu le courage de nous accueillir lors d’une marche en 2011, et où étaient les autres ?
A travers votre soutien à Biram Dah Abeid, certains vous accusent de tenter d’exister publiquement par tous les moyens, que répondez-vous ?
Vous avez bien dit « certains », il s’agit peut-être de mes éternels détracteurs qui espèrent chaque jour me voir disparaitre politiquement, mais ils devront remettre cette disparition aux calendes grecques. J’ai déjà expliqué les tenants et les aboutissants de ce soutien. Je ne suis pas un arriviste, j’ai commencé cette lutte pendant que j’étais adolescent , ma première arrestation date de 2005 avec Ba Abdel Aziz , Sarr Mamadou Oumar qui sont des témoins vivants et Diallo Alpha paix à son âme. Dans le combat pour la dignité de notre peuple j’ai mené des actions qui pouvaient me coûter la vie ainsi qu’à des jeunes qui me sont chères, le moment venu tout se saura. Ce combat je le mène par devoir et je n’ai nullement besoin d’applaudissements, et les critiques stériles de certaines personnes complexées ne me font ni chaud ni froid. J’ai très tôt appris que « quand ton ennemi t’insulte c’est parce que tu es sur la bonne voie mais quand il t’applaudit sache que tu te diriges vers le gouffre » Quand j’ai senti que ma communauté avait besoin de moi, j’ai tout sacrifié pour la défendre sans hésiter. Mais pourquoi quelqu’un qui n’existe pas dérangerait-il autant ?
D’autres disent que le seul coordinateur de Touche pas à ma nationalité c’est Dia Alassane, Pouvez-vous nous donner des éclaircissements sur point ?
Ils sont combien à le dire ces héros du clavier qui pensent que le combat se gagne sur whatsapp ? je ne m’attarde jamais sur de futilités , Pourquoi à votre avis, même après plus de 4 ans à l’étranger rien que mon nom dérange et hante l’existence de certains ? Au sein de TPMN nous nous connaissons tous, quand il fallait affronter le danger, les vrais hommes se sont mis devant et moi toujours devant eux. Quand le parti communiste français ou le mouvement du PKK ou les castristes m’invitent au nom de TPMN pour animer des conférences, vous pensez que ce n’est pas une légitimité ? Et pourquoi notre soutien à Biram fait-il autant de bruits dans les rangs de ceux qui disent que nous n’existons pas ? pendant deux jours et ça continue encore, j’étais au centre des débats, mais pourquoi perdent-ils leur temps à se focaliser autour de ma personne ? mais ce ne sont que des détails pour nous. Ces élections vont clarifier beaucoup de choses et nous verrons de quel côté penchera la balance.
Dans votre livre vous appelez à une partition du pays si les noirs mauritaniens n’étaient pas considérés comme citoyens à part entière, pensez-vous que le projet de Biram Dah Abeid permettra de répondre à cet impératif ?
Notre projet avec Biram est pour la présidentielle et nous espérons que les lignes vont bouger. Je précise que nous restons sur notre position tant que nos droits ne seront pas respectés.
Abdoul Birane Wane votre dernier Mot
Je demande à nos militants de faire preuve de discipline et de ne jamais se tromper de cible. Il doivent battre campagne pour le candidat que nous soutenons et ne jamais se livrer à des insultes car ceux qui insultent sont en réalité en train de montrer des signe de paniques et de désespoir face à une situation qui leur échappe.
Replay Émission Regards d’Ailleurs avec Abdoul Birane Wane
Les noirs de Mauritanie entre résistance et résignation Les Editions Continentales (2018)
La rédaction