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L’homme, qui dirigeait le pays d’une main de fer, est poursuivi pour détournement de fonds publics.
Mohamed Ould Abdel Aziz et une dizaine de ses proches collaborateurs ont été mis en examen, le 11 mars 2021 à Nouakchott, pour corruption. L’ex-président, qui a dirigé la Mauritaniependant plus de dix ans, est notamment accusé de détournements de fonds publics et d’enrichissement illicite.
Une première en Mauritanie
Ce qui ne semblait qu’une menace il y a quelques mois encore est désormais une réalité. L’ancien président Ould Abdel Aziz, l’un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres et plusieurs hommes d’affaires sont poursuivis pour corruption et placés sous contrôle judiciaire. Du jamais vu dans le pays, où ce genre d’accusation reste vague et concerne en général des opposants politiques pour les discréditer. Cette fois-ci, la justice s’est saisie du rapport d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur la gouvernance d’Ould Abdel Aziz à la demande pressante d’un député de l’opposition.
D’une enquête à l’autre
Lancée en janvier 2020, la commission parlementaire a enquêté sur plusieurs aspects, comme la gestion des revenus pétroliers ou l’attribution des marchés publics. Pour une fois, les dossiers ont été examinés à la loupe et près de 300 personnalités ont été auditionnées. Le rapport de 900 pages pointe de « fortes présomptions » de détournements de fonds publics.
En août 2020, Ould Abdel Aziz a été interrogé plusieurs jours par les policiers. Il a nié toutes les accusations et s’est dit « victime d’un règlement de comptes ». Rien n’y a fait, l’ancien homme fort de Mauritanie n’a pas échappé à la justice qui a décidé finalement d’ouvrir une nouvelle enquête. Ould Abdel Aziz est notamment accusé de corruption, d’enrichissement illicite, de dilapidations d’argent public. La liste des chefs d’inculpation est très longue, selon le communiqué de la Direction centrale de lutte contre la criminalité économique publié par le site Mauriweb.
Un homme lâché par les siens
Fidèle à sa ligne de défense, Ould Abdel Aziz refuse de collaborer et invoque l’immunité que lui confère son statut d’ancien président. Le juge d’instruction n’a pas encore précisé les conditions du contrôle judiciaire. En attendant, l’ancien président, qui a tenu le pays d’une main de fer pendant plus de dix ans, est aujourd’hui totalement marginalisé et mis à l’écart par son successeur et ancien dauphin. Le nouveau président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani veut montrer qu’il lutte contre la corruption et prône l’indépendance de la justice. L’enquête financière a permis d’identifier et de saisir des biens mal acquis évalués à des dizaines de millions d’euros.
Eléonore Abou Ez France Télévisions