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De toutes parts, les images de désolation montrent l’ampleur de la catastrophe à laquelle de nombreuses populations font face dans notre pays comme dans de nombreux autres pays de notre sous-région et dans le monde, en raison des inondations d’ampleur exceptionnelle qui emportent tout sur leur passage : habitations, bétail et malheureusement dans certains endroits, des personnes et leurs biens. C’est le cas tout particulièrement dans le Guidimakha, les Hodhs, et le long de la Vallée, à l’image de Rosso quasiment sous les flots et dont la population est en grande partie dans un dénuement complet et vit dans le désarroi et le désespoir. Et pourtant, à croire les spécialistes, ces intempéries n’en sont qu’à leur début. L’OMVS a d’ores et déjà lancé une alerte maximale sur les risques de débordement du fleuve en raison des crues qui affectent tous les cours d’eau attenants et d’une pluviométrie exceptionnellement abondante et persistante dans toute la zone soudano-sahélienne notamment. Des dizaines voire des centaines de milliers de personnes et leurs biens sont directement menacés. Des villes, villages et campements risquent d’être rayés de la carte ou d’être en très grande partie submergés en raison de la destruction de longue date des installations de régulation des eaux et de protection (digues et canaux) et de la démission traditionnelle des autorités depuis des décennies face à leur responsabilité. Une grande tragédie menace donc le pays au moment même où, comme partout dans le reste du monde, il faut faire face à la pandémie du corona19 qui est loin d’être éteinte.
Face à cette situation sans précédent, il est urgent que soient prises par les pouvoirs publics et par toutes les bonnes volontés du pays, les mesures d’urgence absolue qui s’imposent, suivant les zones menacées ou déjà affectées. Partout où existent des risques de débordement des eaux, particulièrement pour les villes situées au bord du fleuve, les autorités devraient observer une vigilance accrue et entreprendre des travaux de renforcement ou de reconstruction des digues existantes ainsi que des voies de déviation et canalisations d’eau dont la plupart datent de l’époque coloniale et sont à l’abandon, accroissant ainsi les risques de stagnation des eaux usées et les dangers médicaux qui en résultent. De même qu’il est nécessaire que toutes les personnes menacées directement dans leurs habitations et dans leurs conditions de survie aux intempéries, soient immédiatement évacuées des lieux et réinstallées dans des zones moins exposées. Un grand déploiement des moyens qui pourraient être ceux des Forces armées et de sécurité devrait aider à parer au plus pressé et à prévenir des tragédies plus grandes et plus nombreuses que celles qui frappent déjà certaines de nos localités. Mais à ces moyens de l’Etat mis au service des sinistrés et des personnes menacées, doit s’ajouter une mobilisation populaire, quartier par quartier, des villes et villages ainsi que des campements, pour prévenir et aider à faire face à toutes les éventualités et menaces sérieuses, en comptant sur l’esprit d’entraide et de solidarité des populations et le soutien des amis de par le monde. Tout cela suppose que soit mis en œuvre, immédiatement, un Plan National de protection anti-inondations devant inclure du reste les risques de poussée subite de la mer en raison des conséquences liées à cette exceptionnelle montée des eaux continentales jointe à l’accélération de la dégradation du cordon de protection dunaire du littoral, en particulier le long de la côte de Nouakchott.
L’UFP, face à cette situation dangereuse, réitère sa solidarité avec toutes les victimes et appelle les autorités nationales et les populations à redoubler de vigilance et d’efforts pour juguler les dangers et créer les conditions nécessaires pour minimiser les risques graves qui pèsent sur nos populations déjà éprouvées par des mois et des mois de confinement, sur fond de crise économique et sociale d’ampleur inédite.
Nouakchott le 14 septembre 2020.
La Présidence de l’UFP