SPEEDY SALECK : LE TERRORISTE MAURITANIEN

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Mesdames et messieurs, votre servante qui en a un peu assez de couvrir notre actualité, sur le ton sérieux et grave que trop souvent elle requiert. A pris la liberté de décider, en pressentant votre disposition à me laisser faire, que j’agrémenterais cette tâche ingrate et toutefois nécessaire, d’une fantaisie qui m’est propre et dont l’inspiration me vient de l’univers de l’enfance.

Notre histoire, je vous le promets, est pleine de rebondissements. Mystère, intrigue, suspense, tout y est, même la magie ou si vous préférez, l’art de la prestidigitation. Notre personnage principal, Saleck Ould Cheikh, originaire d’Atar, est un terroriste en herbe ou amateur. Il est né en 1984 et l’année de ces 17 ans (2001), il se retrouve impliqué dans une tentative d’attentats à la voiture piégée à Nouakchott, pour le compte du groupe AQMI.

Après 10 années de détention, il est finalement condamné à mort par la justice Mauritanienne (2011). Le 31 décembre 2015, à la veille de sa 15ème année de prison, il parvient à s’évader. Jusqu’ici, vous avez le parfait synopsis d’un film d’action ou d’un Thriller, toutes les vannes de l’imagination peuvent s’ouvrir, les possibilités sont infinies. Pour corser le tout, nous débutons par le mystère de la chambre jaune, ou comment un détenu arrive à s’évader d’une prison, alors que sa cellule est verrouillée de l’intérieur ? Et non, il n’a pas entrepris comme les frères Dalton, de creuser un tunnel vers la liberté.

Ce qu’il convient de remarquer ici, c’est que notre apprenti terroriste s’est amélioré lors de son emprisonnement. Il est en effet, passé de gros looser dans son domaine criminel, à prodige de l’évasion. Il faut avouer que passer 15 ans en prison, peut former l’intelligence criminelle, car vos compagnons d’infortune, deviennent très vite des maîtres à penser. Alors, si en plus, vous êtes écroué avec des gens, qui partagent votre idéologie et vos actions, la coupe est pleine, comme on dit.

Autre point, qui me paraît important à souligner, cette peine de mort que nous avons en Mauritanie, c’est un folklore, de l’exotisme islamique ou un châtiment approuvé par la collectivité ? Je ne comprends pas bien sa fonction et son utilité exactement, c’est une forme d’ostracisme social, une condamnation à perpétuité implicite ? Et sans vouloir choquer mes concitoyens, 17 ans je trouve que c’est un peu jeune, pour condamner quelqu’un à mort, surtout si le crime au final, n’a pas été commis. Et ces dix années d’attente avant le verdict, c’est proprement scandaleux, personne ne travaille au ministère de la justice ou quoi ?

Et enfin, si notre république ou notre gouvernement, n’est pas capable d’assumer nos dispositions de justice, en les appliquant sur notre territoire, et de les défendre à l’international, dans ce cas qu’il se soumette entièrement à la communauté internationale, et agisse pour elle ouvertement, en cessant de prendre les Mauritaniens pour des ânes. Car, soit ces personnes sont des terroristes, des dangers pour notre nation et notre souveraineté, et se sont rendus coupables d’actes de terrorisme et doivent endurer la peine qui est prévue à cet effet. Soit, ce sont des terroristes, coupables d’actes de terrorisme, mais nous n’avons pas le droit de les tuer, au nom des grands idéaux occidentaux et donc nous les gardons comme des moutons dans nos prisons, en attendant qu’ils se mutinent ou qu’ils s’évadent.

Speedy Saleck, dont la cavale aura duré trois semaines, a eu le mérite selon moi, de nous obliger à nous questionner sur sa situation et celle de ses compères. Il a eu besoin d’une aide interne à la prison et de préparer avec des éléments de l’extérieur, son plan d’évasion. Il fallait de l’argent, des moyens de transports et des faux-papiers. Il est passé par le Sénégal, la Guinée Bissau, et a terminé sa course en Guinée Conakry. Je crois que le minimum qu’on peut exiger de notre Etat, c’est au moins, à défaut d’appliquer les peines prévues par la loi, de surveiller par tous les moyens légaux à notre disposition, les moindres faits, gestes et paroles des détenus pour terrorisme.

Cela implique un système de pointage pour les employés, à chacun de leur passage, dans les différentes zones de la prison. La vidéo-surveillance bien sûr, qui me paraît être la base, pour effectuer un véritable travail de contrôle, sur l’ensemble de la prison. La mise sur écoute des parties communes, des appels téléphoniques etc….

Notre police, ne doit pas être en reste sur cette mission, car ils sont les mieux habilités à débusquer les complicités éventuelles sur notre territoire, ce qui permettra de mettre à jour s’il y a lieu, les réseaux et leurs ramifications dans notre pays. Nous aurions tort de négliger, les convergences qui existent entre le milieu du crime organisé, notamment sur les trafics de stupéfiants, et le milieu terroriste. N’oublions pas, qu’après le nerf de la guerre, c’est à dire l’argent, les finances, il y a le matériel de la guerre. Les armes, les munitions, les protections (gilets par balles etc), la logistique de transports, tout ceci est à considérer de près.

Revenons-en à notre lascar, il ne faudrait pas prendre les considérations humaines que j’ai cité plus haut, sur son âge lors de son implication dans les faits, qui lui sont reprochés, ou les années de détention inutiles qu’il a eu à faire avant son jugement, comme une sympathie de ma part. Car, je n’en ai pas pour lui ni pour ses acolytes. Avoir de l’empathie est une impulsion humaine naturelle, à laquelle je ne résiste jamais. Je l’embrasse au contraire comme une force, comme la démonstration de ma capacité à me reconnaître dans l’autre. Ma raison, ma conscience et mon sens de l’auto-préservation, m’encouragent quant à eux, à prendre de la distance par rapport à cette émotion et à tenter d’entrevoir la vue d’ensemble.

La population Mauritanienne, a traversé 27 années de dictature militaire, elle bénéficie depuis 2005 d’une sorte de répit de la part du régime militaire, qui tout en s’étant sabordé apparemment, a trouvé le moyen de persister à la tête de l’exécutif, et de maintenir son contrôle sur les pouvoirs régaliens et sur l’économie. Cette population, qui a patienté tout ce temps, espérant des jours meilleurs et une sorte de délivrance, a dû se contenter de passer d’un État autoritaire à un État d’urgence. Au nom de la sécurité des biens et des personnes, cela va de soi, et sur l’autel de la lutte contre le terrorisme.

Aujourd’hui, on en viendrait presque, à remercier ceux qui nous ont pris en otage toutes ces années, parce que malgré tout ce que nous pouvons leur reprocher, leur menace à nos yeux est un million de fois préférable à celle des groupes terroristes. Premièrement, parce que nous la connaissons, nous en avons fait l’expérience et nous y sommes habitué. Deuxièmement, parce que nous pouvons négocier, discuter voire influencer nos leaders actuels, puisqu’en définitive nous avons plus d’intérêts et de valeurs, en commun avec eux.

Les Mauritaniens ont compris, qu’affaiblir politiquement le pouvoir actuel en Mauritanie, reviendrait sûrement à compromettre l’organisation, qui a permis de ne plus être touché par un attentat depuis 2011. Cette ironie du sort, que je contemple avec bienveillance, ne m’échappe pas. Cependant, n’en faisons pas toute une histoire, car il est avéré que c’est uniquement après la chute du régime de Saddam HUSSEIN, que le terrorisme s’est implanté en Irak, et ceci durant la présence Américaine sur ce territoire. Pire, il est à présent de notoriété publique, que certains leaders de DAESH, sont des anciens militaires de l’armée nationale Irakienne laïque. Il serait imprudent de commettre la même erreur, ou de ne pas considérer ces scénarios catastrophes, comme des éventualités à envisager.

Pour terminer cet article, je souhaiterais vous offrir mon commentaire, concernant les images diffusées sur notre télévision nationale, de speedy saleck et de son complice. J’ai trouvé toute la séquence, la descente de l’avion, la présentation aux caméras et les plans fixes sur leurs visages, d’une consternation sans nom. J’ai aperçu sur le crâne de speedy saleck, un hématome ou une bosse, qui laisse indiquer qu’il a reçu un coup, au moins. Sachez que lors de leur arrestation en Guinée, ils ont ouvert le feu sur les gendarmes guinéens, et que les populations environnantes sont venus à la rescousse de ces derniers. Ils ont sûrement eu l’occasion, de goûter à un échantillon de la justice populaire locale.

Nayra CIMPER

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