- Saidou Wane
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L’Association Mauritanienne pour la santé de la Mère et de l’Enfant (AMSME) a tenu le vendredi 22 janvier au centre El Wafa (El Mina) une conférence de presse durant laquelle la présidente, Zeinebou Taleb Moussa, a exposé le bilan de prise en charge des victimes de violences sexuelles.
En 2015, l’AMSME a enregistré auprès des centres de santé et commissariats de Nouakchott, au moins 122 cas d’agressions sexuelles. Parmi cela, on compte 108 viols de filles mineures et 06 actes de viols de garçons mineurs. L’association a recensé également 17 cas de viols collectifs.
Il ressort que la Willaya de Nouakchott Sud reste la plus affectée avec 61 cas, dont 28 ayant eu lieu à El Mina. La commune de Ryad n’est pas en reste : 21 cas y ont été enregistrés l’année dernière. A Sebkha, 19 cas ont été pris en charge par l’AMSME, tandis que 33 cas de viols et d’agressions sexuelles ont été perpétrés dans la Willaya Ouest. Enfin, l’AMSME a décompté 27 cas dans la Willaya Nord.
La présidente Zeinabou Taleb Moussa dénonce « l’insécurité et l’absence d’électrification dans certains quartiers qui contribuent à la recrudescence des viols à Nouakchott ». Elle pointe du doigt les tabous persistants qui portent à soupçonner les victimes au lieu de condamner systématiquement les agressions sexuelles. Pour elle, il faut sensibiliser pour en finir avec le silence collectif sur les viols intrafamiliaux. Trop souvent, en pensant protéger son honneur, la famille favorise la justification et l’impunité d’actes aussi graves que répréhensibles. Notons que selon le bilan rendu public par AMSME, 28 arrangements et retraits de plainte concernent directement des viols perpétués au sein des familles par les proches.
Abordant le volet juridique, Zeinabou Taleb Moussa réclame une plus grande implication des autorités publiques. En effet, elle a souligné que « les lois nationales ne protègent pas les femmes et les enfants victimes puisqu’elles sont laissées à l’interprétation du juge. Ce dernier est soumis à des contraintes. Mais avec la sensibilisation sur les conventions internationales, on constate une amélioration». D’après l’AMSME, aujourd’hui 55 agresseurs sexuels se trouvent en prison. En revanche, elle relève 14 abandons de poursuite par les plaignants et 13 agresseurs non-identifiés courent toujours. C’est la raison pour laquelle la présidente martèle que « l’AMSME plaide pour le non-octroi de la liberté provisoire des agresseurs sexuels ».
Peut-on ignorer que l’Islam condamne catégoriquement ces traitements deshumanisants ? Les viols, plus que toute violence faites aux femmes, doivent mobiliser notre société civile. Il est urgent que les autorités s’attellent à cette question en mettant en œuvre des mesures de prévention et des sanctions en justice, afin de réprimer de façon exemplaire ces crimes encore trop largement impunis.
Compte rendu Sileye Bâ
Mauritanie : un projet de loi sur les violences basées sur le genre - Thaqafa
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