INA WONNA : L’ALBUMS DE MATURITE D’ADVISER

Les Big Makers: Dj Mansoul et Garnet Lo prêtez-moi la flute  d’Apollon et la lyre de Dionysos pour que je puisse habiter le génie d’Orphée, ainsi être le génie des notes musicales pour saisir la profondeur lyricale et mélodieuse  de « Ina Wonna », l’album de maturité de Adviser qui depuis sa sortie étonne, impressionne, et berce son public, depuis Nouakchott, à l’intérieur du pays de Nouadhibou à Kaédi, etc. Et ailleurs, car sa musique a atteint un tel niveau qu’elle dépasse les frontières du pays, pour s’inscrire aujourd’hui dans le genre de la « World Music ». Ce double album de consécration le prouve suffisamment. D’ailleurs c’est de ça dont nous allons parler dans cet article qui est un essai d’analyse et de critique musicale.

En partant des choix musicaux à partir de certains morceaux qui sont déjà devenus une sorte d’hymne musical qui fait balancé la tête de ses fans, amis, et proches dans tous les coins de rue et de rencontres entre potes, où les commentaires fusent par ci et par là, on fera l’analyse de l’albums à travers différents points énumérés.

Si on aura à classer le double album « Ina Wonna » d’Adviser, nous allons le catégoriser dans quel genre de musique? Oui la question a lieu d’être posé, car il est connu quand un artiste arrive au sommet de son art, il va au-delà des frontières établies entre les différents genres de musique et les disciplines de chaque genre musical. Il est connu de tous qu’Adviser fait du Rap dans la mouvance du Hip-Hop. Si on fait un comeback de ses débuts en jetant un regard dans son répertoire musical, nous verrons que des sons purement Rap Underground au Rap ludique. Are yu ready et Who’s da Nigga, en sont des références inclassables qui l’ont propulsé au-devant de la scène du rap mauritanien. Ainsi depuis Adviser n’a cessé d’évoluer en explorant beaucoup de registres des disciplines du Rap allant du Rap Hardcorp, Underground (Rap conscient et engagé),le  Dirthy South, le Rap ludique « Show Biz » (rap commercial), et jusqu’à la nouvelle tendance du Rap à savoir les dernières disciplines nées : Rap House, Crunk, Drill, et  le Trap. Ce choix de polyphonie musicale prend source de son génie musical où comme un rat fouineur, il touche à tout dans les différentes disciplines et genres du Rap. S’inspirant du Rap américain duquel il a pris le temps d’étudier le fond et la forme (style vestimentaire, esthétique lyrical et mélodie des Big Makers) qui se produisent entre l’Est (New-York ; le Bronx), l’Ouest (Los Angeles, Californie) et le Sud des Etats-Unis (Atlanta ; New Orleans). Il ne s’est jamais positionné par rapport aux différentes disciplines du Rap, préférant être polyvalent. Ainsi le voit-on dans son premier Album « Alhamdoulilahi » où tantôt il nous berce dans un rap Hard-corp engagé et tantôt il nous bounce dans des rythmes musicaux dansants pour faire danser les jolies demoiselles « and hot girls » dans les pistes de danse. Mais son intelligence musicale se révèle dès le début de sa carrière en ayant créé son système de rap en pratique langagière rapologique. Je m’explique : Adviser prenant source du rap américain qui  se chante en anglais, et ayant  langue maternelle le pulaar, il eut le génie de mélanger les deux langues à la recherche des sonorités consonantiques qui harmonisent le pulaar et l’anglais. Ayant un public mauritanien de surcroit haalpulaar tout en ne minimisant pas les autres communautés linguistiques dont sont issus ses fans, il chante en majorité en pulaar mais il insère dans son pulaar des mots, termes et phrases en anglais qui se rythment super bien avec sa langue maternelle le pulaar. D’aucuns disaient que la langue pulaar n’est pas « rappable », Adviser a défié ce préjugé en ayant su harmoniser le pulaar et l’anglais qui fait la beauté et le charme de sa musique entre autre.

Ayant atteint une maturité musicale profonde, Adviser aujourd’hui comme la plupart des artistes progressistes qui ne s’enferment dans un conservatisme musical fermé (débat entre puriste et progressiste), transcende ces considérations pour toucher à tout. Et dans ce dernier album il va au-delà des différentes disciplines du Rap, pour entrer dans ce qu’on appelle le « World music ». Tout en gardant son style musical hip-hop, il surfe sur différents genres musicaux pour enrichir son répertoire musical. L’albums « ina wonna » est une diversité artistique extraordinaire de laquelle on y trouve du R’N’B dans lequel on se laisse bercer par la sublime voix de Tyfa, teinté du Old School, ce qui se ressent dans ce track de spot light : «Fudi koy old school Rap… Gila e underground gitam jyata tan ko crunk… mi yeewni old school vibs five oclock in hte morning where yu gonna be out side under corner.. yeah I love yu pop zaman old school lampa toksel no spot light (Spot light). Du Regga-soul qu’on peut constater dans le track (Motherland feat Obrozion), du Reggae (pinal feat Tyfa) qui nous raméne au Jamaica le pays du grand Bob. du dance hall-R’N’B (Green light), du Reggaeton-R’N’B avec des sonorités africaines par des instruments musicaux tel que le luth « hoddu » et des notes de guitare peul (Green light). Les instrus partent des sample Rap classique (Jazz, Gospel-Negro Spiritual) mélangé avec des sonorités de la world music qui touche à tout : du Funk folklorique « le folk », du blues, mélangés à beaucoup de genre musical africain (musique folklore traditionnelles africaines : (debbo pullo feat Ceepe). Mais la véritable surprise de l’album c’est  la capacité de l’artiste à s’adapter à toutes les tendances actuelles, le main Stream, à savoir le trap, l’afro-trap, et l’afrobeat. Personnellement, connaissant Adviser depuis ses débuts je ne m’attendais pas à ce virage dans ce qui est vu comme la tendance du new school. Non seulement il s’est posé sur des beats trap et d’afro-trap, mais il l’a fait avec un génie musical déconcertant à en dépasser l’entendement, le titre (Give you so more ; No Guess) nous en édifie. Accompagner de jeunes GENIUS BIG MAKERS, meilleur de leur generation à savoir : DJ MANSOUL ET GARNETT LO, c’est avec brillo que notre artiste du label HMR sir Mista Adviser nous berce dans des beats de trap et d’afro-trap en tutoyant même le jeune prodige d’Afro-trap MHD. Avec cet album on vient également de découvrir la véritable mission de l’artiste en tant que « Adviser », celui de conseiller. En effet quand on se penche sur le plan lyrical tel que dans le titre « Soutouro », on sait tous que ses textes furent toujours d’une profondeur féconde à tel point que son auditoire a du mal à saisir la portée de ses propos avec souvent un langage codé. Ici tout au long de l’album on assiste tantôt à des textes qui nous amène à nous réfléchir comment on devrait se comporter dans ce monde et l’attitude qu’il faudrait avoir en face des difficultés de la vie, et tantôt on assiste à des punchelines égotriptique intelligent et bien réfléchi tel que dans le titre : « Min kalaani haydara ; HMR feat Absen ». D’ailleurs même, ce qui démontre nos propos c’est que l’album n’a même pas fini d’être digéré qu’on a déjà des punchelines qui font le phare d’expression auprès de son public tel que : « Mo alaa ennemi alaa valeur », « départ babba arrivé beewa, sukara gasi do », ect… Néanmoins s’il y a une constance chez Adviser dans le Rap, c’est son manie de l’égotrip. Toutours d’aussi futé et fin en égotrip : du « gawlo indemoum » jusqu’à « Blow your mind » passant par « HMR feat Absen », il ne cesse de défier ses condisciples frère rap

 

Avec cet album de maturité qui puise ses racines dans le « WORLD MUSIC », ADVISER n’a plus rien à prouver, pour être considéré comme l’un des artistes hip-hop du pays le plus prolifique de sa generation. Les faits sont là. Depuis son début d’éclosion à partir de ses premiers tubes : « Who’s da Nigger, Hurry up, dog haala », jusqu’à ses trois albums, chaque sorti est un évènement qui conquiert davantage un large public. Ses concerts sont un des évènements artistiques les plus attendus des évènements du pays. Ses tournées sont pratiquement des tournées dignes d’une grande star qui remplit des salles de concert. Ses clips tournent en boucle auprès de son public, constituant un évènement majeur à chaque sorti. Cependant comme toute œuvre humaine, on peut y déceler des erreurs et des imperfections et heureusement. C’est en ce sens que les critiques objectives sont compréhensibles. Par exemple les puristes qui considèrent que Adviser trahit le rap en se laissant aller dans des chansons de ce qu’ils appellent « Show Biz » ou des chansons de dance hall pour ambiancer les pistes de dance, ont leur position, sans pour autant qu’ils aient raison. Ce qui fait la beauté du Rap c’est sa diversité. C’est ainsi que Adviser degaine dans la chanson « No Guess » en affirmant : «  Non Music am alaa frontiére », ce qui appuie nos propos du départ sur le fait qu’Adviser ne se limite pas à un genre musical particulier, s’inscrivant dans la mouvance du « World music ». Pour préserver cette beauté on devait avoir un esprit plus ouvert sur le choix des artistes, en laissant à l’artiste le choix de décider de la voie qu’il souhaite suivre. Les puristes conservateurs, privilégient le rap underground anti commercial mais remplie de message et surtout des messages engagés, qui dénoncent les systèmes politiques et les inégalités. Leur position est compréhensible. Néanmoins il ne faut pas être réducteur aussi, car Adviser ne se défini dans aucun des disciplines de Rap, préférant être polyvalent. C’est ainsi que dans tous ses albums on y trouve pratiquement tous les genres. Et s’il s’agit de textes engagés, il n’en manque pas. Il suffit d’écouter certains titres dans ses albums pour s’en rendre compte. Pour finir, nous allons clôturer avec la révélation de l’album. Dans le titre (HMR) on découvre un jeune talent lyriciste dans le genre egotripe très pointu et féroce, et ce jeune se trouve être son jeune frère Absen Magane qui argue le fait d’avoir grandi dans un milieu fécond de Rap et qu’il a étudié dans le Old School et que maintenant il a la maitrise et il est venu défier le New School. Pour l’instant le jeune Absen semble tracer son propre chemin et on se dit THX LORD, la relevé sera assurée.

Le double Album  « ina wonna » est un bijou musical qui mérite des récompenses, car la musique est tout simplement génial, agréable à écouter avec des paroles poétiques prosaïques, remplie de sens et de bons conseils. Dorénavant avec cet album de consécration Adviser entre dans la lignée des artistes WORLD MUSIC transcendant ainsi les différentes frontières de la musique. Et c’est la où se cache le génie de l’artiste : savoir s’adapter et se renouveler sans cesse à travers les mutations musicales, jusqu’à l’heure du crépuscule de la carrière de l’artiste.

DIA Abdoulaye

ETUDE DU RAP-POESIE-ORAL :                                                                                      ESTHETIQUE ET STYLE DU FOND ET DE LA FORME                                              DES TEXTES DE RAP A L’INALCO.

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