Sur la question des noirs dans le système éducatif mauritanien

Je ne veux pas que cette note soit longue – une fois n’est pas coutume.
Encore une fois, une nouvelle promotion monocolore vient s’ajouter aux autres. Ceci, pour le coup, devient une coutume qui s’ancre de plus en plus !
Il n’est pas besoin de dire des généralités que nous, tous, connaissons déjà assez bien, mais que je nous exhorte à ne pas les banaliser. Ce que nous partageons tous comme sentiment est que le système en Mauritanie est sourd, à tous points de vue, à nos revendications légitimes. Pourrait-il en être autrement s’il est lui-même à l’origine du mal, non pas de façon accidentelle mais dans le cadre d’un calcul bien maîtrisé ?
Ainsi, à défaut de le casser par forçage, il convient de trouver des solutions alternatives.
Je ne serai pas populaire en le disant mais je crois qu’il n’y a que des solutions sectaristes qui peuvent aider les noirs mauritaniens à s’en sortir. Vous avez crié pour l’égalité de tous quand l’autre affichait sa volonté de vous dominer ; vous avez soutenu l’égalité de toutes les langues quand l’autre brandissait la supériorité de la sienne sur les vôtres ; vous avez défendu la dignité de l’Humain quand l’autre faisait tout pour vous humilier ; vous avez chanté le droit à la vie pour tous quand l’autre vous assassinait. Aujourd’hui, le bilan de votre humanité est sans reproche, celui de votre condition est des plus médiocres. Ce sont là des faits auxquels je n’ajoute aucun jugement personnel ; à chacun de faire le sien.
Mais quand je dis solution sectariste ; je parle de nécessité, je ne fais donc pas de morale. Mon avis est que les noirs Mauritaniens doivent s’organiser de façon COMMUNAUTARISTE jusqu’à ce que le système devienne plus enclin à les traiter sur un même pied d’égalité avec leurs compatriotes maures. Il est admis que ces derniers ne sont aucunement les ennemis et je suis de cet avis ; seulement le fait est qu’ils sont les élus du système, souvent avec complaisance et quelques rares fois seulement à leurs corps défendant. Mais dans tous les cas, une organisation communautariste noire n’est pas contre eux, ni même contre le système mais pour le salut des noirs mal considérés dans leur ensemble. Dans le secteur éducatif, une telle organisation fournirait une aide aux élèves noirs exclusivement, octroierait des bourses d’études à ceux parmi eux qui sont méritants – mais qui n’obtiendraient rien du système. Dans d’autres domaines, des démarches similaires devraient aussi s’opérer.
Si notre auto-détermination repousse un maure qui se disait ami de la cause, c’est que celui-ci n’est pas à la hauteur des enjeux, sinon il ne s’opposerait pas à l’idée de nous voir explorer pacifiquement les nombreuses possibilités que la vie nous offre pour régler nos problèmes de façon provisoire. Si la situation était à l’envers, je serais le premier à aider le maure à mettre en place les solutions aux problèmes qu’on lui infligerait.
Et, ne nous occupons pas non plus de certains des nôtres qui, incapables de mesurer l’urgence de notre action, nous diront que nous sommes dans une démarche raciste. So won ko Hammaa waawi dannga yummum yooliima. Ces gens sont d’une mentalité si enfantine qu’ils adorent jouer avec des concept-gadgets qui ont parfois des visées honorables mais sans aucune base concrète à même de les y propulser ; résultat : ils jouent avec des principes parfois en rajoutant du mal au mal. Jouer avec des principes est une chose mais se battre corps et âmes afin de les voir devenir une réalité en est une toute autre. Souvent c’est bien de la confrontation que surgissent les bases respectueuses de l’égalité ; c’est la vie témoignée par l’histoire des peuples qui nous l’enseigne. Ce qui veut dire que la condition de justice sociale à laquelle nous aspirons peut requérir, selon notre contexte, une approche contraire à ses propres principes pour son propre avènement. Le plus simple des exemples bien connus est celui de faire la guerre pour accéder à la paix ; et seuls les esprits terriblement enfantins sont incapables de le digérer.

La vérité est aussi qu’il y a dans les plus grandes démocraties des bourses qui ne s’adressent qu’aux femmes par exemple, et ce dans des sociétés qui sont misogynes certes mais pas anti-féminines. Nous, notre société nationale est anti-noire dans ses politiques diverses ; elle est parvenue à faire du noir une rareté à telle enseigne que l’on est réduit à parler de la nécessité d’une mise en place d’une discrimination positive. Quel contre-sens ! Les noirs Mauritaniens n’ont pas de difficulté à arborer un système éducatif quand celui-ci reste neutre, ou les échelons de l’administration quand celle-ci est honnête. Ils le font dans les divers systèmes du monde entier qui n’ont rien à leur reprocher. Donc parler de discrimination positive comme solution en Mauritanie c’est prendre des vessies pour des lanternes ; il convient de plutôt refuser de jouer le jeu du système qui veut que nous intégrions une condition de dominés et que nous soyons réduits à quémander. Il faut donc continuer à exiger que la communauté nationale revienne sur des bases équitables dans tous les domaines, le domaine éducatif notamment. Et en même temps mettre en place, sans attendre, une organisation alternative à même de sauver la génération actuelle confrontée à l’exclusion ayant lieu au cœur du système éducatif.

Mouhamadou Sy

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