Simulation des ressources halieutiques à partir des images satellitaires NOAA

Rev. Mar. Sci. Agron. Vét. (2020) 3(2): 235-242​235

Simulation des effets des changements climatiques sur la disponibilité des ressources halieutiques en Mauritanie à partir des images satellitaires NOAA et les Scénarii RCP6.0 et RCP8.5 du groupe GIEC vers les horizons 2050 et 2100

Les changements des variables climatiques telles que la température et la salinité affectent directement les conditions de vie des espèces marines, y compris les espèces de poissons. Dans ce travail, nous avons examiné le niveau d’exposition de la distribution de cinq espèces de la Sardine, Mulet, Poulpe, Thon et Thiof dans les cinq zones de pêche de la Mauritanie. Le niveau d’exposition a été évalué par l’analyse des variations des probabilités d’occurrence des espèces sur une période de référence (2000-2014) et une autre projetée vers les horizons(2040

-2050) et (2090 – 2100) suivant les scénarios d’émissions des gaz à effet de serre (RCP6.0 et RCP 8.5).

Le modèle de distribution utilisé dans ce travail est le modèle Maxent. 

Les facteurs écologiques considérés sont la température, la salinité et la profondeur.

Moyennes actuelles et projections de la température :

La moyenne annuelle des températures de surface est comprise entre 19,35°C et 24.37°C pour la période 2000 – 2014. Cependant, la moyenne annuelle pour la période projetée augmente quel que soit le scénario utilisé. Elle est de 19,98°c à 25.05 °c pour RCP 6.0 Tandis qu’elle est comprise entre 20.45°c et 25.64°c pour RCP 8.5 pour l’horizon 2040 – 2050 et de 21.20 à 26.279°c pour RCP 6.0, tandis qu’elle est comprise entre 22.417 à 27.53 pour RCP 8.5 pour l’horizon 2090 – 2100.

La remarque générale est l’augmentation des températures sur toute la zone d’étude. Les eaux de pêche mauritaniennes affichent une augmentation de température allant de 0,62°c à 0,89 °c pour le scénario 6.0 et quant au scénario 8.5, la variation moyenne de la température est comprise entre 0,52°c 0,76°c. Le long de la côte atlantique mauritanienne étant plus affectée par la hausse de température. 

Moyennes actuelles et projections de la salinité de la surface :

La salinité moyenne de surface varie de 32 pss à 36 pss. La salinité augmente dans certaines régions et diminue dans d’autres. En effet, la diminution concerne la partie de l’atlantique Nord au moment Où le reste des zones est caractérisé par une augmentation pouvant atteindre 0,2 pss. Le maximum de l’élévation est observé dans la région de l’atlantique Sud. RCP 6.0 et RCP 8.5

Distribution du Sardine (sardina epichelerdus)

la distribution prédite par le modèle Maxent pour cette espèce est comparable à celle publiée par l’IMROP avec une abondance de 1.7T/jours (RAPPORT GT IMROP 2014). Quant à la distribution de cette espèce par rapport à la période projetée, il est évident que la probabilité d’occurrence diminue pour la RCP 6.0 et continue à régresser pour le scenario RCP 8.5 Pour tous les deux scénarios, le constant est que la probabilité diminue partout avec un pic de 0,038 pour RCP 8.5 contre 0,043 pour RCP 6.0

Distribution du Mulet (Mugil)

La probabilité d’occurrence diminue dans toutes les zones sur la période projetée et pour tous les deux scenarios. La diminution de la probabilité d’occurrence s’accentue en passant du scenario RCP 6.0 au scenario RCP 8.5. Le pic est de 0,014 pour RCP 8.5 et 0,085 pour RCP 6.0.

Distribution du Thon (Thunnus)

La variation de la probabilité d’occurrence pour cette espèce est de 0.30 pour RCP 8.5 et de 0.28 RCP 6.0, La variation de la probabilité d’occurrence pour cette espèce n’est pas décelable par le modèle utilisé dans ce travail. Bien que les températures et la salinité aient changé, la grandeur des variables environnementales utilisées reste favorable aux intervalles de tolérance pour cette espèce.

Distribution du poulpe (Octopus)

Un indice d’abondance est concerté à partir des données de campagnes scientifiques couvrant la période (1982-2013) par modélisation linéaire de type delta-GLM (Meissa et al. 2008 ; 2013) qui est en corrélation à nos distributions de référence (figure 22). Quant à la projection une forte régression de cette espèce a été observé sur les horizons projetées 0.005 pour RCP 8.5 et 0.031 pour RCP 6.0.                                                          

Distribution du thiof (epinephelus aenus)

L’abondance de cette espèce est en régression ce qui a été cite sur le (Rapport GT 2006 de l’IMROP) et ceux-ci corrèle avec les résultats obtenus dans cette étude. Le modèle de prédiction pour cette espèce prévoit qu’il y’aura une baisse conséquentes au vu des horizons projetées 0.023 RCP 6.0 et 0.18 RCP 8.5.

Discussion

Les résultats de l’analyse des facteurs biotiques obtenus au niveau de notre zone d’étude montrent que la variation temporelle des variables environnementales (température et salinité) entre la période de référence et la période projetée est généralement caractérisée par une augmentation. Latempérature pourra s’élever de 0,4 à 1,4°c selon le type de scenario considéré. Ainsi, le scenario RCP 8.5 montre que la température pourra s’élever à un rythme de 0,62°C par décennie contre 0,52°C pour RCP 6.0. Le rapport du GIEC (2013) stipule que l’élévation moyenne de la température de l’eau est de 0,10°C par décennie. En ce qui concerne la salinité, elle est caractérisée par une élévation de presque 0,23 pss dans certains cas de figures contre une diminution de grandeur de 0,09 pss. L’augmentation de la salinité est en partie liée à l’augmentation de température de l’eau qui accentue l’évaporation et la concentration des sels minéraux dans l’eau. En effet, les espèces de sardine thiof (Epinephelusaenus) et les poulpes (Octopus vulgaris) seront plus affectés et vont connaitre une forte régression par rapport sardine (sardina pilchardus) et au merlu (mugil) qui connaitront aussi une régression considérable en exception le thon (Thunus alalunga) qui a une variabilité qui est presque constante. Le poulpe (0.005 – 0.030) et le thiof (0.023 – 0.018) possèdent une valence écologique moins large que leurs homologues, il s’agit donc des espèces les plus exposées aux changements climatiques. En comparant le niveau de réduction de la probabilité d’occurrence, on constate que les sardines sont moins exposées que les mulets. La distribution pour les sardines est dans l’intervalle (0,038 – 0,043) tandis que le mulet (0,014 – 0,085) est observé pour le mulet. Les thons rouges ont la capacité de résister à la variation de la température grâce à leurs intervalle de température plus large qui est presque constante sont dans un intervalle de (0.028 – 0.030).

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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DIOP Souleymane Expert en sciences et technologies de l’espace

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