Pour Youssouph Kamara : communiqué Conscience et Résistance

Le matin du 27 août 2019, à Nouakchott, des ressortissants du Guidimagha se rassemblent devant la Présidence de la République pour exhorter les autorités à un sursaut de mobilisation, au titre de la solidarité avec les victimes des inondations.

Les forces de l’ordre leur intiment de reculer de quelques centaines de mètres, en direction de la Poste, devant l’hôtel Azalaï. Les marcheurs s’exécutent et déploient des banderoles. De nouveau, les policiers interviennent afin de contraindre le groupe de manifestants à libérer le trottoir, en raison d’une gêne à la circulation automobile. Ce faisant, un agent bouscule l’une des dames, d’un certain âge. Le fils de celle-ci, Youssouph Kamara, s’interpose et repousse le responsable du geste. Ce dernier tombe, comme en témoigne l’image animée. Aussitôt, l’escouade se jette sur Youssouph, le roue de coups de bottes et de matraques, avant de l’embarquer à l’arrière d’un véhicule de service, dans l’espace ouvert sur les modèles pick-up. Durant le trajet vers le commissariat du 4ème arrondissement où il sera retenu, les assaillants l’agonisent d’injures à caractère raciste, qu’ils agrémentent de menaces de représailles.

Privé de recevoir la visite des avocats et de la famille, Youssouph Kamara refuse de répondre à l’interrogatoire et passe la nuit aux mains de la maréchaussée. Le lendemain, en présence de ses défenseurs enfin admis à l’entendre, il se présente devant le procureur de la république de Nouakchott Ouest, aux fins de l’audience préliminaire. Le magistrat reçoit, aussi mais sans confrontation, le policier auteur de la plainte pour molestation et outrage à un agent de la force publique dans l’exercice de sa fonction. Ce dernier réclame réparation des coups et blessures que lui aurait valu l’intervention de Youssouph Kamara, lequel récuse l’accusation et argue l’assistance à une personne en danger.

Au terme de l’audition, le Parquet ordonne la prolongation de la garde-à-vue, cette fois dans le commissariat du Ksar. Il convient de relever, ici, l’usage récurrent de la torture, dans les centres de détention préventive de la République Islamique de Mauritanie. Les Noirs, nationaux ou ressortissants de l’Afrique subsaharienne, y risquent le racket, les sévices physiques et l’humiliation. Quelques uns en décèdent et la médecine légale conclue, presque toujours, à une mort naturelle.

Youssouph Kamara, membre du mouvement anti raciste, social-démocrate et laïc Conscience et Résistance (CR) s’expose, en l’occurrence, à une violation de l’intégrité du corps ; l’atteinte à son équilibre mental ne manque, non plus, de crédibilité.

Conscience et Résistance ne réclame, à son profit, aucun traitement de faveur, juste une procédure équitable dont résulterait, sans délai, le bénéfice de la liberté sous caution. Dans la perspective d’un procès, son maintien en détention préventive s’avère sans objet, les hypothèses de la fuite et de la destruction de preuve étant nulles. Youssouph Kamara travaille à Nouakchott et y vit, avec épouse et enfants.

Conscience et Résistance rappelle, au gouvernement que vient de produire une alternance laborieuse, combien les mauritaniens attendent et espèrent l’adoption de mesures de coercition fermes contre les agents de l’Etat, auteurs d’insultes et de voies de fait sur les civils ; le motif de discrimination, liée à la naissance, la croyance ou la nationalité en constitue une circonstance aggravante. La monomanie de l’amnistie au détriment du droit encourage la récidive. De cette impunité découle la frustration, puis la colère et un jour, la révolte.

Conscience et Résistance

Nouakchott, le 28 août 2019

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