Ousmane Anne fonde un parti social-libéral dénommé AVEC qui met en avant la citoyenneté

Ousmane Anne, c’est déjà une figure bien connue sur la scène politique nationale. Il y a quelques années, son nom était intimement lié au mouvement abolitionniste pour la résurgence abolitionniste (IRA). En juillet 2016, avec d’autres camarades, Ousmane Anne était arrêté puis envoyé à la prison de Bir Moghrein. Lors de l’ouverture du célèbre procès de « Gasrat Bouamatou », débout dans le boxe des accusés, Ousmane Anne affichait une mine ostensiblement hyper-relaxe.
À la barre, sa posture était encore celle d’un militant aguerri, qui força le respect du camp adverse, les représentants de l’État. Un activiste pur sang, qui ne fait pas « les choses à moitié » comme il dit dans cet entretien exclusif accordé à Rmi-info.com.

Qurante ans, c’est l’âge de la maturité, c’est aussi l’âge des ruptures et de la soumission d’un projet de société. Le tout nouveau parti Agir pour le Vivre Ensemble par la Citoyenneté (A.V.E.C) qu’il fonde avec  d’autres personnalités fait de la citoyenneté son  crédo. Pour Ousmane Anne, il est du devoir de la jeunesse mauritanienne de prendre sa responsabilité. mirziamov.ru

Il considère que l’apprentissage  de « la citoyenneté passe par l’école, par la révision de  l’éducation, par la formation dans les écoles, par un enseignement uniformisé ».

À la jeunesse mauritanienne, ils proposent un parti social-libéral de gauche  en lieu et  place des partis identitaires. Cependant sur le libéralisme, il avance que c’est  pour « établir  une meilleure gouvernance.Strictement dans l’objectif très précis, à savoir une meilleure répartition des revenus entre les populations ».

À propos du cadre politique, il annonce, déjà la couleur dès le départ  » nous ne voulions pas d’une coalition ventre mou.  Mais d’une structure politique et les structures politiques s’appellent les partis ».

Interrogé sur ses rapports avec la CVE, dont il est membre fondateur, Ousmane Anne précise : « je ne suis pas en conflit avec mes anciens camarades  comme vous les appelez. Je vous confirme ici que je suis en très bons termes avec mes camarades mais nous n’avons plus le même chemin. Ma différence avec beaucoup d’autres est que je place mon pays devant ma petite personne ».

Concernant la réforme territoriale, l’A.V.E.C, propose « l’autogestion régionale » afin réorganiser le pays en principales pôles économiques importants ». Le nouveau parti social-libéral appelle à la révision des salaires du président de la République, des généraux, des ministres et bien d’autres hauts responsables.

Entretien :

Rmi-info.com : Mr Anne Ousmane, pouvez-vous, vous présenter à nos lecteurs et revenir brièvement sur votre trajectoire ?

Anne Ousmane : Bonjour, avant tout, permettez-moi de saluer tous les lecteurs et abonnés de RMI-Info , de prier Allah de sortir le monde en général et ma chère Mauritanie, en particulier de cette situation pandémique difficile que nous vivons depuis deux ans maintenant, de vous remercier de l’occasion que vous m’offrez de m’exprimer face aux mauritaniens d’ici et de la diaspora.

Je profite de l’occasion aussi  pour demander à l’ensemble des mauritaniens de suivre les gestes barrière dictés par les autorités sanitaires afin que nous puissions tous retrouver une vie normale.

Il m’est très difficile de me présenter mais je vais essayer :

Je m’appelle Anne Ousmane Amadou, je suis né en 1980 à Nouakchott et j’ai grandi, entre ici et Rosso, marié et père de deux enfants Elhmadoulillahi.

Je suis titulaire d’une licence en commerce international et d’un master en transport-Logistique. J’ai fait mes débuts dans le monde professionnelle  à Atar chez Allibert- Montagnes et Déserts du monde, en tant que responsable administratif et logistique jusqu’en 2006, avant de revenir à Nouakchott pour travailler comme responsable commercial de Grupo Barber et Cie jusqu’en 2011.

En Août de la même année, j’ai rejoint la Sogeco comme Client opérations Manager au département Transit jusqu’en aout 2018.

En Septembre 2018, je me suis lancé dans l’entrepreneuriat en créant ma propre entreprise de Transit, Manutention et de Consignation.

J’ai été militant et cadre de l’initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), engagement qui m’avait conduit en prison en juillet 2016. Car, je suis quelqu’un qui ne fait pas les choses à moitié, mais ce passage est un autre débat.

Je suis aussi  membre fondateur de la Coalition Vivre Ensemble (CVE), qui avait conduit et accompagné, le candidat Kane Hamidou à l’élection Présidentielle de juin 2019.

Et aujourd’hui, je suis Président du parti Agir pour vivre ensemble par la citoyenneté (A.V.E.C). 

Pouvez-vous revenir sur le processus de sa fondation ?

Vous savez, quand on décide de faire de la politique, je pense profondément qu’il faut être ferme et fidèle à ses convictions. Quand nous avons constaté que l’organisation politique à laquelle

Fidèles à nos engagements face aux Mauritaniens, nous n’avions pas le droit de ne rien faire. Ceci nous a poussé à continuer les concertations et les discussions avant de les élargir  afin de voir comment nous allons continuer le travail.

Nous avons pris le temps qu’il faut car pour nous un combat politique n’est pas une course de vitesse mais de fond. Tout ceci a conduit aujourd’hui à la création de ce parti AVEC, qui réunit toutes les composantes du pays, et où la jeunesse mauritanienne est vivement représentée. AVEC rétablit et invite la jeunesse à prendre la parole dans le débat politique ;faire  la politique autrement. À un moment donné dans la vie, il faut prendre ses responsabilités et c’est que nous avons fait.

Pourquoi n’avez-vous pas rejoint un parti vu que votre projet de société semble rejoindre des modèles déjà défendus par d’autres partis ?

D’abord, je ne suis pas d’accord avec vous quand vous dites  « votre projet de société semble rejoindre d’autres modèles déjà défendus par d’autres partis »

Notre projet de société est spécifique et assez complet, si vous regardez d’ailleurs, les déclarations des autres partis politiques, elles sont souvent succinctes et ne prennent pas en considération l’ensemble des problèmes. Nous croyons que notre projet de société est beaucoup plus exhaustif car il reprend tous les problèmes concernant la Mauritanie. Du problème de l’unité nationale dans sa profondeur et bien d’autres.

Maintenant pour revenir à votre question. Nous,  membres fondateurs de ce parti, nous n’arrivons pas de nulle part. Nous avions milité dans d’autres partis ou coalitions par le passé et on ne s’y retrouvait plus. 

Personnellement, j’ai été très tôt engagé politiquement et à chaque fois que je ne me retrouve plus dans le projet  de base, je ne perds pas mon temps. 

Les partis politiques ici sont devenus des propriétés privées de leurs dirigeants à quelques exceptions prés.Je ne crois pas aux hommes mais aux idées et c’est cela ma profonde  conviction.

Qu’est-ce qui vous distinguera des partis qui existent déjà ?

Ce qui nous distingue, c’est d’être réalistes, d’aller vers quelque chose qui permette aux populations, surtout à celles qui sont marginalisées, la plus grande partie, de pouvoir participer à la vie politique, mais aussi à la vie économique de ce pays.

« Ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi » , comme disait l’autre

Donner à cette jeunesse  l’occasion de militer dans un parti où leurs idées et leurs voix seront  entendues.

Tout simplement donner la parole à la jeunesse de notre pays. La sagesse n’attend point le nombre d’années.

Votre parti est d’inspiration sociale-libérale. Qu’est-ce qui explique cette revendication ?

Nous avons dit que nous sommes un parti social-libéral. Qu’est ce ça veut dire ? Ça veut dire que nous exploitons  la bonne gouvernance du type libéral  pour qu’elle serve à la société Mauritanienne.

Un État, qui est présent, un État qui ne démissionne pas jouant son rôle protecteur, en bref un état providence justement. Si vous regardez bien au lendemain des indépendances, nous vivions pratiquement tous au même niveau. Aujourd’hui, un fossé s’est créé ou a été créé, pour justement créer une poignée de milliardaires face à une de majorité extrêmement pauvre. D’ où la disparition de la classe moyenne en Mauritanie. Il y a quelques centaines de personnes riches et le reste des mauritaniens  vit l’extrême pauvreté.

Celle-là est, d’ailleurs une pauvreté dynamique, s’accentuant quotidiennement, avec la hausse vertigineuse des prix, les dévaluations effectives ou cachées. 

Tout ceci est en partie consécutive à la concentration des revenues entre les mains d’une minorité et une diminutionaccrue du pouvoir d’achat des populations.  Notre projet de société envisage la création d’un SMIC lequel permettra de sortir les plus démunis du du niveau du seuil de pauvreté.

Aux autorités, nous demandons que le  SMIC soit porté  entre 76.000 et 80.000 anciens ouguiyas, que les pensions des retraités soient revalorisées sur la base d’une retraite minimale de 30.000 anciens ouguiyas  et  après indexer les autres pensions sur cette base pour permettre aux gens de vivre dignement surtout ceux qui ont servi ce pays.​

Quels sont les profils des membres d’A.V.E.C ?

Agir pour Vivre Ensemble par la Citoyenneté  (A.V.E.C) est ouvert à  tous les mauritaniens, d’ailleurs cela voit dans la composition de son bureau, où toutes les composantes de ce pays sont présentées.

Les différents profils d’A.V.E.C reproduisent la Mauritanie en miniature. Celle-là pour laquelle nous militant : l’unité de ce pays et de cette nation ; que nous devenions des citoyens sans distinction, ni de race, de tribu ou d’ethnie et sans discrimination aucune. 

Etant du Sud, j’ai vécu au nord et j’ai appris que notre diversité culturelle et linguistique est une richesse inexploitée. Ne dit-on pas que ce sont  les différentes couleurs  qui font la beauté d’un tapis. À A.V.E.C, nous avons des profils divers surtout liés par le patriotisme.

Vivre ensemble, n’est-ce pas, le nom de deux coalitions qui s’activent déjà sur la scène ? N’avez-vous pas encore digéré l’éclatement de la Coalition vivre ensemble originelle ? Êtes-vous en conflit avec vos anciens camarades politiques ?

Les deux dont vous parlez sont des coalitions comme vous dites. Nous sommes un parti politique croyant profondément au vivre ensemble. Je suis membre fondateur de la Coalition Vivre Ensemble 1er avec laquelle, je me suis engagé lors de l’élection présidentielle de juin 2019, et fais le tour du pays  à deux reprises pour défendre ce à quoi, j’ai toujours cru, le vivre ensemble.

Le vivre ensemble, oui, c’est un objectif que nous nous fixons, eux aussi probablement, mais nous ne pensons pas que nous empruntons le même chemin pour y arriver.

Nous, nous empruntons un chemin par la citoyenneté pour y arriver et d’autres ont d’autres visions. De toute façon, nous étions dans cette coalition, nous l’avons quitté parce que les choses n’avançaient pas. Nous ne voulions pas d’une coalition ventre mou mais d’une structure politique et les structures politiques s’appellent les partis.

En revanche, je ne suis pas en conflit avec mes anciens camarades  comme vous les appelez. Je vous confirme ici que je suis en très bons termes avec mes camarades mais nous n’avons plus le même chemin. Ma différence avec beaucoup d’autres est que je place mon pays devant ma petite personne.

Quand espérez-vous tenir le premier congrès national d’A.V.E.C ?

Comme, je l’ai dit plus haut, nous avons pris le temps nécessaire pour  discuter sérieusement. En dépit de la situation pandémique difficile que nous traversons, nous avons créé ce parti et mis en place un bureau à l’issue d’un congrès constitutif. Par ailleurs, nous en réorganisons un autre au moment opportun dans les meilleures conditions et vous serez informés de sa tenue Inchallahou.

L’A.V.E.C, parti social-libéral, sera-t-il de la majorité, stratégiquement centriste ou de l’opposition, fondamentalement gauchiste ?

Nous sommes un parti de gauche. Contrairement, à ce que vous dites, l’opposition n’est pas de gauche. D’ailleurs, la majeure partie des partis de l’opposition aujourd’hui  sont des partis identitaires et un parti identitaire ne peut pas être de  gauche. 

Dans certains pays, les partis identitaires sont classés dans l’extrême droite. En tant donné qu’on définit les partis sur des bases idéologiques, nous sommes un parti naturellement gauche. D’où ce côté social-libéral. Le libéralisme nous sert pour établir une meilleure gouvernance. Strictement dans l’objectif très précis, à savoir une meilleure répartition des revenus entre les populations.

Dans notre déclaration de politique générale, nous avons clarifié notre position idéologique, notre vision de l’Etat mauritanien, notre conception de la structure administrative Mauritanienne en privilégiant l’autogestion régionale, jusqu’ici absente, chez d’autres partis.

L’autogestion régionale nous conduira à réorganiser le pays en principales pôles économiques importants. 

Votre parti a-t-il un autre référentiel ou une figure tutélaire idéologique ou nationale?

Je pense que notre position est claire à ce sujet. Ce parti sera une figure tutélaire nationale  dans sa définition littéraire. Car, il rassemble tous les Mauritaniens autour de la citoyenneté pour un vivre ensemble.

Pour vous qu’elle est l’urgence en Mauritanie (s’il y en a une) et pourquoi ?

L’urgence pour nous, c’est de permettre au peuple mauritanien  de vivre dignement. C’est-à-dire, nous voulons une meilleure répartition des revenus, nous voulons un arrêt de la concentration des revenus, nous voulons sursoir à ce capitalisme des privilèges, mettre fin aux cycles des oligarchies qui s’enrichissent grâce à l’Etat. 

Nous voulons une bonne répartition des revenus pour les masses mauritaniennes. Raison pour laquelle , nous tenons, à ce que justement, le problème de revenus soit pris en considération, notamment pour les mères cheffes de famille ayant plus de trois enfants, pour les handicapés chefs de famille ,pour les travailleurs précaires. Pour cela, il convient de mettre en place un revenu et un smic raisonnable et indexer le reste des salaires sur cette base. 

Nous voulons aussi une réduction au moins de 30% des salaires des grands fonctionnaires du pays , Président de la République, ministres ,les députés, les directeurs généraux, gouverneurs, généraux et officiers supérieurs des forces armées, ambassadeurs, conseillers, chargés de mission et j’en passe. 

Cette répartition passe par une stratégie économique claire dont l’objectif  est l’Homme mauritanien. Cela passe par beaucoup de choses, notamment l’instauration de citoyennetécomme socle national. 

La citoyenneté  passe par l’école, par la révision de  l’éducation, par la formation dans les écoles, par un enseignement uniformisé. Nous avons toujours réclamé que chacun mauritanien apprenne une autre langue nationale en plus de sa langue maternelle.

Nous voulons qu’il y ait une meilleure répartition des revenus et une augmentation des salaires, des infirmiers, des hommes de troupe,  des agents de sécurité et des enseignants. Après,naturellement une réforme de l’enseignement et de son unification. Comme nous le réclamons dans notre déclarationde politique générale, de procéder à ’officialisation de nos langues car c’est une priorité plus qu’une urgence.

Par ailleurs, aujourd’hui, il est inacceptable que notre Président, nos ministres aient des salaires supérieurs à leurs homologues dans certains pays dits développés. Que l’Etat prenne ses responsabilités face à la cherté de la vie. Ne me demandez pas pourquoi, parce que, vous savez comme moi, que  les MAURITANIENS SONT FATIGUÉS. 

Il n’existe aucune politique de gestion des prix dans ce pays. La faiblesse de notre pouvoir d’achat est due à la gestion calamiteuse de la BCM et de notre monnaie nationale.

Aujourd’hui, on parle beaucoup de concertation politique, nous pensons que notre projet de société aurait permis de servir de base réelle, objective  et pertinente dans ces concertations.

Je vous remercie et prier Allah de nous sortir de cette situation pandémique difficile et de permettre à notre chère Mauritanie de se sortir du gouffre.

Propos recueillis par 

La rédaction

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