Mauritanie : l’incroyable vie des frères Danaïdes

En Mauritanie, nous avons nos propres frères Danaïdes. Si dans la mythologie grecque le roi Danaos eût 50 filles, en Mauritanie, non pas cinquante, mais une élite entière, condamnée non pas à expier, mais à perpétuer l’absurde.

Nos frères Danaïdes gouvernent sans gouverner, construisent sans bâtir, promettent sans jamais tenir. Ils creusent des puits qui ne donnent pas d’eau, signent des contrats qui n’enrichissent que leurs proches, lancent des réformes aussitôt vidées de leur sens.

Leur tonneau sans fond, c’est l’État lui-même : un gouffre insatiable où coulent les richesses, les espoirs, les ambitions d’un peuple pris au piège d’un cycle éternel.

Voilà l’étendue de toute la situation

Et pendant que le peuple s’épuise à porter cette charge, eux continuent leur œuvre, le sourire aux lèvres, répétant encore et encore le même geste inutile. Car dans cette farce, le châtiment n’est pas pour eux. Il est pour nous. On a les dirigeants que l’on merite.

Nos frères Danaïdes obéissent à un principe de réserve et de distance avec le peuple. Si on vit ensemble, on vit à l’écart d’eux.

Les relations avec nos frères Danaïdes sont éphémères. Ils se haïssent et se trahissent. Pendant les élections, nos frères Danaïdes se ruent sur l’étendue du territoire pour dire des choses mais sans rien dire.

Après les élections, nos frères Danaïdes se replient dans leur petit monde à l’écart du peuple. Les élections de nos frères Danaïdes, c’est juste une procédure administrative pour changer le masque du père Danaos.

Dans le petit monde nos frères Danaïdes à l’écart, il y a tout mais il y a rien. Il y a des châteaux des prisons qui poussent comme des champignons remplis de toutes les douceurs éphémères, les ornements et ; remplis de tristesse et de peine.

Les malades, les malvoyants et les ennuyeux chez nos frères Danaïdes fuient de leurs châteaux pour s’exiler des jours voir des mois dans le monde où il y a rien mais il y a tout pour soulager leurs peines.

Ils reviennent et continuent de construire sans rien bâtir ni pour eux ni pour personne. Le pays reste doux. Le peuple reste perdu. Nos frères Danaïdes restent bizarres, étranges et condamnés.

Boulaye DIAKITE

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