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Il fallait s’y attendre. Les propos du Marocain Ahmed Raissouni, le président de l’Union internationale des savants musulmans (IUMS) n’en finissent pas de susciter des réactions indignées parmi ses voisins algériens et mauritaniens.
Après les condamnations et réactions courroucées de responsables politiques algériens et mauritaniens, l’Association des oulémas mauritaniens a elle aussi tenu à mettre les points sur les i mardi 16 août. Qualifiant les déclarations d’Ahmed Raissouni sur la supposée marocanité de la Mauritanie de propos « inamicaux, bizarres et provocateurs », l’association a declaré que le « respect pour les frères du Royaume du Maroc ne peut se faire au détriment de la souveraineté mauritanienne. Ces appels n’ont rien à voir avec l’unité du rang islamique ».
Une querelle enracinée dans l’histoire de la région
Pour sa part, Bouabdellah Ghlamallah a lancé quelques propos bien sentis. Non content de qualifier Ahmed Raissouni de « sénile », le président du Haut conseil islamique algérien tance les oulémas de l’IUMS. « La honte ne se limite pas à la sénilité de Raïssouni, mais à tous les oulémas musulmans qui acceptent d’être dirigés par un sénile comme Raïssaouni », a-t-il déclaré. La presse algérienne multiplie, de son côté, les commentaires agressifs sur le « dérapage d’une extrême gravité d’Ahmed Raissouni » à l’instar de TSA.
« Les propos de Raissouni portent une incitation claire et un appel explicite à attaquer la souveraineté des Etats. Mal lui en a pris d’attiser le discours de haine et d’appeler à allumer les feux de la fitna entre les peuples, les Etats et les gouvernements de la région », a fait savoir la Commission de la fatwa du ministère algérien des Affaires religieuses.
Ces réactions hostiles ne sont pas une surprise. Les revendications territoriales autour du Sahara occidental de la part du Maroc entretiennent les tensions diplomatiques avec l’Algérie. D’octobre 1963 à février 1964, une « guerre des sables » (Harb ar-rimal) s’est même déroulée dans la région. Une longue période de méfiance entre l’Algérie et le Maroc s’en est suivie, aggravée par la création en 1973 du Front Polisario, un mouvement politique et armé appuyé par l’Algérie qui se bat pour l’indépendance du Sahara occidental. Un traité qui délimite les frontières officielles entre les deux pays est ratifié en 1972 par l’Algérie mais seulement en 1989 par le Maroc. Aujourd’hui, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) possède un gouvernement installé à Tindouf, en Algérie. Elle est reconnue par une trentaine de pays pour la plupart d’Afrique ou d’Amérique latine, mais la paix reste fragile dans la région.
Lionel Lemonier // saphirnews.com