Mali: les groupes armés signataires se réunissent à Kidal, en présence de ministres

Une rencontre importante s’est tenue à Kidal ce week-end : la première du Cadre stratégique permanent (CSP), créé il y a trois mois par les groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015. En présence d’une délégation officielle nigérienne, de représentants de la médiation internationale, de la Mission de l’ONU, et d’une délégation de ministres maliens du gouvernement de transition venus afficher leur soutien à cette initiative.

Deux journées de discussions pour concrétiser ce nouveau cadre qui rassemble aujourd’hui les ennemis jurés d’hier : les ex-rebelles indépendantistes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et les groupes pro-gouvernementaux de la Plateforme ont décidé ce week-end d’adopter des positions communes sur toutes les questions liées à l’application de l’accord de paix afin de faciliter et d’accélérer cette application pour le moins lente et laborieuse.

Des organes internes au Cadre stratégique permanent (CSP), dont c’était la première rencontre après l’officialisation de sa création au mois d’avril, doivent prochainement être installés en ce sens. Les groupes armés décident également, sur le plan sécuritaire, « d’unifier et de coordonner leurs efforts », afin de mieux protéger les populations des régions du Nord. Plus généralement, l’idée de ce cadre est d’offrir aux groupes armés un lieu commun pour apaiser les tensions qui peuvent les traverser, entre combattants ou entre communautés.

Politiquement, la création de ce cadre est un message adressé à Bamako et aux partenaires internationaux : la mise en œuvre de l’accord est jugée trop lente, les groupes ont souvent été accusés d’être à l’origine de blocages : à présent, ces groupes armés veulent aller de l’avant.

« Un nouveau tournant »

À noter, la présence à Kidal, fief des ex-rebelles indépendantistes, de cinq ministres venus de Bamako et notamment le ministre de la Réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wagué, l’un des auteurs des coups d’État du 18 août 2020 et du 24 mai 2021. Au sein de son cabinet, on explique que le ministre Wagué est venu affirmer « la place importante et prioritaire de la mise en œuvre de l’accord dans cette période de transition », qui doit même constituer « un nouveau tournant ».

Et ce alors que les intentions du nouveau Premier ministre ont pu inquiéter les groupes armés, Choquel Maïga ayant évoqué une « relecture intelligente » de l’accord de paix. Au ministère de la Réconciliation, comme parmi les groupes armés, on assure qu’il n’a pas été question à Kidal de relecture, mais on rappelle aussi que c’est une possibilité prévue par l’accord lui-même : relire, adapter l’accord pour dépasser d’éventuels blocages, de manière concertée, entre toutes les parties signataires.

La présence du colonel Wagué était une forme d’encouragement. Il s’agissait aussi, précise l’entourage du ministre, de montrer la vigilance de l’État sur cette initiative commune aux groupes armés.


David Baché
/ RFI

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