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L’humain est un ensemble de contradictions, un amas de chair, une étincelle d’intelligence, un cadavre ambulant, un réservoir de mystères. Il est un et tout. Il est unique, il est l’esthétique et n’échappe nullement à la laideur. La laideur d’une âme, souillée par la haine et la jalousie est plus destructrice qu’un ouragan. Un ouragan ravage nos espérances et nos souvenirs, emporte des vies et des espoirs. Une âme errante et sans foi détruit des mondes, blesse des cœurs et se console dans nos malheurs. La foi en Dieu, en l’Homme, en une lueur d’espoir est un temple de paix et d’amour. Notre époque nous promet un sombre avenir et nous montre la facette la plus sombre de l’humain. De la haine à la négation de notre humanité, le pouvoir mauritanien, infesté d’âmes errantes sans foi, déchire des cœurs, enterre l’intelligence de nos enfants, élève au rang de savants, des esprits vides et chasse la connaissance pour laisser place à l’ignorance. Que l’étincelle d’une âme éclairée et juste leur vienne en aide !
Le poète est émotif, l’artiste peint les portraits de nos vies et le penseur éclaire nos esprits, disserte sur nos existences et crée un équilibre entre le bien et le mal. La morale est humaine ! S’insurger contre une injustice faite sur un peuple est humain. Replacer l’intelligence au cœur de nos relations et rencontres, de nos vies et combats, de nos malheurs et crispations, est humain. Le bâton qui éclate le nez, la matraque qui humilie, la haine qui nous déchire, le mépris qui nous ronge sont encore plus humains. Mais, l’amour et la tendresse, la compassion et le courage, la recherche de la paix et la protection des innocents et des opprimés est un enclos des hommes aimants, des femmes courageuses et des âmes sensibles. La connaissance est une arme. Sans elle, on est désarmé disait le poète. Dispensons la connaissance, démocratisons les savoirs et, nous verrons, que les esprits de la discordante, les allergiques à la différence et les mentalités de la violence et de l’aigreur s’agenouilleront devant la toute puissante évidence de notre unité, de la richesse de notre diversité et de notre humanité. D’ailleurs, ne dit-on pas que c’est la variété des couleurs qui fait la beauté d’un tapis ?
La diversité des langues et des cultures, des couleurs et des opinions n’est qu’une bénédiction. Elle embellit notre existence, nous montre l’essence de notre monde et le rôle des hommes. Sans amour, nous serions que des tyrans impitoyables et des éternels agresseurs. L’amour est l’arche à partir du quel est accroché le trône de l’humanité. L’amour dessine la beauté de nos chemins de vie, véhicule nos pensées et veille à ce que la différence et la diversité soient l’emblème de nos conduites et de nos aspirations les plus profondes. Il rassemble des hommes et des femmes. Il constitue au-delà de l’agressivité cette corde d’humanité qui nous rassemble.
Ce texte est un enseignement, un cheminement vers l’autre. Il est aussi un hymne à la différence, à la connaissance, à la diversité et à notre l’humanité. C’est la porte de la diversité et de la différence qui laisse entrer la tolérance. La méconnaissance de l’autre, de sa culture et de sa différence sont sources de nos questionnements, de nos angoisses et de nos peurs. Elles nous montrent une image floue de l’autre, de nous à travers l’autre et de l’autre à travers nous. C’est à travers ces perceptions, ces angoisses et ces peurs que « l’Homme voyage, rebrousse chemin, repart, se perd, se retrouve, croit se retrouver et se perd encore ». Quoi qu’il en soit, voyageons et partons à la rencontre de l’autre !
Voyager c’est renaître. Renaître socialement et intellectuellement. Lire c’est voyager dans l’intimité de l’auteur, se plonger dans la profondeur de son monde. Un univers imaginaire et fictif, réaliste et réel. Pourtant, il est beaucoup plus instructif de côtoyer les autres, de se noyer dans leurs peurs et angoisses, dans leurs cultures et imaginaires, dans leurs sagesses et philosophies. Cette aventure, menée avec sagesse et humilité, déconstruit nos préjugés, nos jugements et nos caricatures. Maillard disait » le plus difficile c’est de se rendre à la gare », de s’éloigner des siens et de se plonger dans l’inconnu et dans l’univers de l’autre. Pourtant, il est certain qu’un esclavagiste qui croit réellement à cette pratique horrible et inhumaine serait très étonné de s’aventurer dans un monde libre où les hommes, quelques soient leurs richesses et leurs intelligences, se courbent devant la toute-puissante loi de l’égalité entre les hommes. Ce raisonnement est aussi valable pour les féodalistes et les suprématistes de tout bord. On y est, le féodalisme ! En Mauritanie, ma patrie, la Terre de mes pères est un laboratoire d’expérimentation et d’application de toute sorte d’injustice.
Du racisme étatique institutionnalisé à la féodalité primaire des » dignitaires du sud » et des » notables du nord », des hommes libres et innocents, se courbent devant la barbarie et l’ignorance d’une partie ceux qui prétendent « nobles » et élus de Dieu.
La cruauté de la nature humaine est inimaginable. Elle emprisonne les âmes innocentes des jeunes filles et garçons dans une tradition archaïque et injustifiée dans laquelle le féodaliste et l’esclavagiste se battent pour remporter la couronne de la honte et de l’injustice. Pire encore, ils transmettent à leurs enfants, dès le plus jeune âge, les codes et des règles pour écraser les espoirs des hommes qui, dans le mépris et la barbarie, ne cherchent qu’à se libérer et jouir de leurs droits les plus élémentaires. Les chaînes de la honte les couvent, la sincérité, ils ignorent, la compassion, ils ne la connaissent point mais, ils se dresseront pour dénigrer et exploiter la misère des pauvres pour se dédouaner de leur animalité primaire et de leur comportement nauséabond et cruel.
Ils ne cessent de se plaindre du racisme étatique de l’État mauritanien sur tous les toits. Ils ne cessent de se glorifier d’un passé qu’ils n’ont jamais construit. Ils ne cessent de bomber le torse pour chanter la bravoure et le courage de ceux qui ont donné l’âme de notre Futa d’antan. Qu’avez-vous accompli pour libérer le jeune Bilal qui vous masse les pieds et vous considère comme maître et représentant de Dieu sur terre ? Qu’avez-vous fait pour combattre ceux qui humilient et trainent des innocents et des respectables pères de familles dans nos villages d’aujourd’hui aux habitudes et pratiques d’hier ? Rien ! Le plus juste d’entre eux est celui qui se sent et se revendique supérieur aux autres. La seule différence entre un » noble » et un « non-noble » , si vous croyez en Dieu et à son message, c’est la foi. Et s’il arrive que la foi en Dieu ne vous titille point, ayez au moins la décence de posséder un minimum de savoir pour vous imposer. Autrement, soyez juste humains et compatissants. Cela suffit et cela fait partie de notre intelligence et de notre nature originelle. Lisez Camus, vous comprendrez mieux !
Dans « Vers le dialogue » publié en 1946, Albert Camus, en guise de conclusion nous dit : » Ce qu’il faut combattre aujourd’hui, c’est la peur et le silence, et avec eux la séparation des esprits et des âmes qu’ils entraînent. Ce qu’il faut défendre, c’est le dialogue et la communication universelle des hommes entre eux. La servitude, l’injustice et le mensonge sont les fléaux qui brisent cette communication et interdisent le dialogue. C’est pourquoi nous devons les refuser. » Refuser c’est résister et, résister, pour reprendre les mots d’Adolf Perez Esquivel, c’est le début de la victoire. Donc, Résistons !
KIDE BABA GALLE