- Saidou Wane
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Lorsque dans un régime, les institutions étatiques sont dans l’incapacité de remplir pleinement leurs fonctions, il faut se préparer au déclin. On le constate quand tous les pouvoirs décisionnels sont concentrés entre les mains d’un seul homme. L’usage des forces coercitives, la manipulation des masses et l’exclusion systématiques des adversaires politiques demeurent le seul recours au sein de ce régime.
Parmi les signes avant-coureurs d’un état affecté par le déclin institutionnel, il y a l’inefficacité des dirigeants, l’éclatement des scandales publics et le pourrissement politique. Il n’est pas nécessaire d’être un grand spécialiste de la bonne gouvernance pour constater la dégringolade institutionnelle en Mauritanie. Et curieusement, nous avons capitalisé, et de loin, toutes les faiblesses gouvernementales reprochées à l’époque au président Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
La sécurité malade de ses hommes
Le pays est plus que jamais menacé par des attaques terroristes. Les attentats de Bamako, de Ouagadougou et d’autres projets déjoués ça et là par les forces armées de la mission de Barkhane sont autant des motifs de crainte pour notre sécurité. L’opinion publique risque d’être tragiquement surprise lorsque s’ébranlera comme un château en carton le mythe de la sécurisation de la Mauritanie. Le jour où déguerpiront les garants du pacte de non-agression acté avec les plus influents réseaux jihadistes du Nord Mali, le pays deviendra inévitable une cible. Finalement on se rendra compte que le discours autour de la réhabilitation de nos forces armées n’est qu’un argument démagogique post-putsch.
La démonstration de notre quincaillerie militaire lors du 28 novembre dernier ne nous nous immunise guère en cas d’attaque. Car aujourd’hui, plutôt que d’être dirigés par de véritables militaires, nos casernes sont tenues par des idéologues rompus aux théories racistes et communautaristes. Si ceux qui devraient consacrer leur vie pour la sécurisation de nos frontières se vautrent à Nouakchott pour se partager les budgets des bataillons, il y a lieu de s’interroger sur l’avenir de notre institution militaire.
De l’intérieur, la population vit dans l’insécurité. Si ce n’est pas les délinquants qui agressent, assassinent ou violent, le danger arrive du coté de ceux qui étaient censés assurer la sécurité. Le cas de l’agression du jeune Salif Mbaré Diop devant son domicile familial à El-Mina au début d’année en est une malheureuse illustration. Et comme le cabinet d’avocats qui prend en charge son dossier ne veut rien céder, un autre groupe de gardes a investi le quartier, comme pour laver l’affront. Dans la nuit du 13 février, une patrouille organise une descente dans le même secteur. Ciblés puis arrêtés, Ablaye Bâ et Mamadou Niasse ont été atrocement violentés avant d’être conduits au commissariat le même soir.
Sans oublier les chantages auxquels certains « hommes de tenues » se livrent dans des quartiers habités majoritairement par des noirs. Ils dénoncent continuellement l’état de siège.
Bâ Sileye