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La violence électorale qui se passe en Guinée n’est pas accidentelle. Elle est profonde, elle est endogène, elle dort et ronfle dans le sang des hordes du pouvoir qui mobilise des moyens monstrueux pour neutraliser toute forme de contestation ou d’opposition.
La poudrière sociale ivoirienne, née de l’érotomanie politique d’Alassane Ouattara, est susceptible de racler les plaies encore ouvertes des violences partisanes et ethniques que nous avonsconnues ces dernières années.
D’un pays à l’autre, on assiste à des bouffées de frayeur qui risqueront de s’élever jusqu’aux nuages des soucougnans de la débâcle pour épouser l’apocalypse. Et les foudres de l’apocalypse provoqueront de flambées de chair avec une lourde suie de sang qui tapissera les allées des soupirs guinées et ivoiriens, révoltés par de condottières hideux qui tuent par terreur, par caprice, par folie.
Avec la féroce obstination politique des « Présidents » Condé et Ouattara, la Guinée et la Côte d’Ivoire deviennent des pays de vérités éteintes, de rêves étouffés, de désirs compressés. Les deux pays n’ont pas la même histoire mais géopolitiquement ils présentent aujourd’hui des situations similaires, potentiellement explosives. En voulant s’éterniser au pouvoir pour des raisons élitistes, partisanes, ethniques et personnelles, les « Présidents » Condé et Ouattara commettent une faute grave qui fait éclater leur pays respectif en volées de chair. En Guinée et Côte d’Ivoire, il y eut des violences avant et pendant les scrutins. Ces violences qui continuent de gagner du terrain ont déjà fait une trentaine de morts dans chacun des deux pays. Cette banalisation des pertes humaines démontrent à quel point que l’Afrique francophone est une poudrière : il faut être une vermine sanguinaire devant l’éternel pour infliger tant de souffrances, tant de séquelles traumatiques. Quelle folie ! Quel malheur ! Condé et Ouattara ont l’obligation morale de rendre leur tablier. Ils doivent même être condamnés pénalement pour avoir violé les constitutions de leur pays.
Par ailleurs, ces deux « dirigeants » sont à l’image des élites de l’Afrique francophone, élites doctrinaires et renfermés qui ne proposent à leur peuple aucun idéal, aucun objectif à atteindre, aucune exigence commune. Ils ne font pas voir au peuple le chemin qu’il doit suivre et le moyen de se gouvernersans violence. C’est bien là le malheur de ces pays dominés par l’oligarchie carnassière : une misère intellectuelle qui prend en otage les destinées de millions de personnes qui ne demandent qu’à vivre dans la paix et dans la dignité.
Si les Présidents de cette partie de l’Afrique s’obstinent à se maintenir au pouvoir coûte que coûte, c’est pour s’assurer d’une relève qui leur sera favorable sur le plan judiciaire et qui préservera l’affairisme d’État qu’ils auront mis en place. C’est ainsi : pour la plupart d’entre eux, la pratique du pouvoir est un moyen d’enrichissement ; gouverner c’est détourner des fonds publics et se garantir un semblant de vie paradisiaque et infinie, qui rimerait avec luxe et volupté.
La folie idéologique de leur entêtement mortifère prend racine dans les profondeurs des déserts boueux de leurs convictions stériles. Ils font tout pour faire triompher cette folie, quitte à exercer une répression sanglante et cinglante sur leurs sujets. La médiocrité qu’ils incarnent, la pauvreté intellectuelle de leurs visions politiques, plongent le continent dans les ténèbres d’un non-monde qui serait plus pestilentielle que la peste. Les calamiteuses situations de la Guinée et de la Côte d’Ivoire en font foi. Précisons-le avec vigueur : dans l’Afrique francophone, le pouvoir politique n’est pas institutionnalisé. Il n’a d’institution que de nom. Le pouvoir est personnel et personnalisé. Il est clanique et communautarisé. Il ne relève pas du droit car les « présidents » de cette zone de l’Afrique pensent être maîtres et propriétaires des États qu’ils gouvernent, en tout cas c’est l’impression qu’ils donnent à travers l’élan bestial de leur obstination maléfique. La majorité d’entre eux n’est pas là pour gérer le bien-être social d’un peuple mais pour leurs intérêts matériels, pour s’enrichir infiniment.
Étant personnalisé, le pouvoir viole ses propres lois avec l’élan érectile d’une violence virile qui repose sur une déflexion mentale. Ainsi, le pouvoir est injuste et autoritaire parce qu’il ne garantit pas l’égalité entre les citoyens. En Guinée, tout comme en Côte d’Ivoire et ailleurs dans l’Afrique francophone, les citoyens sont catégorisés selon leur appartenance départementale, ethnique et sociale. Et ces catégorisations donnent lieu à des formes discriminations systémiques, légalisées dans les consciences par l’acte concerté des bourgeoisies élitaires gonflées de stupidité. Il existe également des mangues pourries aux sommets des États de l’Afrique francophone. Ces mangues pourries sont les détenteurs de diplômes qui ne jurent que dans les paumes des « Présidents » qui les manipulent comme des colifichets. Ces derniers se servent de leurs « savoirs » pour justifier intellectuellement leur légitimité. Par conséquent, ces détenteurs de diplômes sont des sous-fifres au service des politiciens corrompus qui ne se soucient que de leur carrière politique.
Il faut un changement d’imaginaire déterminant pour faire le deuil de cette folie idéologique, de cette fixité mentale des « Présidents » de l’Afrique francophone. Ce changement d’imaginaire implique l’idée de foutre en l’air le non-système politique qui se profile dans cette région du monde. Cela nécessite des formations intellectuelles de qualité de manière paradigmatique.
Dr. Ethmane Sall alias Kaïlcédrat Sall, spécialiste des Littératures francophones du XX-XXIe siècle