Justice, ou es-tu ?

L’âme n’habitera le sein de notre mère que quand on honore la mémoire de nos ancêtres. De ce fait, il nous faut à tout prix établir la justice car celle-ci est l’un des principes fondamentaux du vivre ensemble. Elle consiste à donner à chacun son droit mais aussi à réduire les inégalités sociales. 

Les morts aussi à l’instar des vivants ont besoin de la justice pour pouvoir dormir paisiblement dans leurs tombes. Le souhait de chaque parent avant de s’endormir du sommeil de la tombe est de laisser ses enfants en bonne condition ; tant sur le plan psychologique que sur le plan financier. 

Bien que la justice demeure un principe relatif, elle reste un principe moral de la vie qui est fondé sur le respect du droit des autres.

Avons-nous respecté les droits de nos concitoyens sauvagement assassinés par Maaouya ? Quand nous continuons de tourner en rond au lieu de sarcler les lies, d’épurer la plaie béante, de frôler les visages des orphelins afin qu’ils puissent retrouver les sourires que les barbares leur ont chapardés. 
«Le silence ne m’a pas protégé, il ne vous protégera pas non plus,» disait Audrey Lorde, une poétesse américaine. Sachant cela, je ne peux faire fine bouche face à l’iniquité ; ce serait une insulte à ma conscience.
Jusqu’à quand allons-nous faire bouche cousue sur cette question cruciale, à l’heure actuelle qui est la principale cause de la rupture sociale à savoir l’histoire de la fameuse pendaison des soldats noirs à Inal en 1990 par le sanguinaire Ould Taya.


Sans ce que j’appelle la concession douloureuse, c’est-à-dire la justice pour édulcorer l’absinthe, la Mauritanie demeurera à jamais divisée. En effet, la justice n’est pas une fin en soi, car elle ne ressuscite pas, mais c’est l’adoucissant des déboires des victimes.


Nous entendons à longueur de journée à chaque fois que les gens se prononcent sur la dite question utiliser la troisième personne du pluriel, on se demande enfin qui sont-ils. D’aucuns s’accusent, d’aucuns s’exemptent. Les mauritaniens en fonction de leur appartenance culturelle s’accusent mutuellement des atrocités dont ils peuvent être tous coupables et innocents à la fois. Coupables parce qu’ils se taisent et se font une raison face à l’inadmissible silence meurtrier. Innocents, car ils sont traqués à longueur de journée à cause du refus de faire profil bas.

Ils se tiennent débout, ils titubent, ils tombent et se relèvent. 

Nous nous interrogeons enfin sur ceux qui ont ôté la vie de ces prud’hommes. Les amalgames pullulent. L’ivraie et le grain ne sont point séparés.

Qui sont les assassins ? Malgré des preuves palpables les mis en cause s’obstinent à se proclamer innocent.
Donc l’heure est venue de faire la lumière et d’établir la justice pour mettre fin à des amalgames car là où les esprits boitent en cassure, nous nous devons de chérir les écritures afin de séparer les opprimés des oppresseurs dans le but, sans aucune forme de procèsde passer aux principes de réparation judiciaire et mettre fin, ainsi à la rupture sociale.

Un grand nombre de nos responsables politiques se contentent de caresser dans le sens du poil et feignentde mettre la main à la pâte pour changer la donne. Pensent-ils vraiment que le peuple s’endort ? Comment peut-on guérir d’un mal pour lequel aucun effort n’a été fourni pour son éradication ?

Nous voulons tous une Mauritanie de paix, mais nous oublions souvent que pour instaurer la paix, il nous incombe de faire cause commune pour soigner nos maux et de faire humanité ensemble.
Ensemble, c’est possible, ensemble, le but sera indubitablement atteint.

Malheureusement, la paresse intellectuelle et la lâcheté nous prennent dans les bras. 

Quand on a un poil dans la main, on cherche à compter les étoiles dans le ciel pour montrer aux autres qu’on a une préoccupation.


Maints compatriotes feignent de caresser le visage des orphelins qui depuis quelques années n’ont été frôlés par aucune douceur. Tant qu’on ne met pas un téton dans la bouche de l’orphelin pour tromper sa soif et sa faim, on ne saurait faire tomber aux oubliettes le goût du lait de la laitue de chien qu’on a introduite dans sa gorge. Nous n’avons pas encore brûlé nos vaisseaux, il y a toujours une possibilité de revenir en arrière par le biais de la réparation judiciaire pour que le pays de poètes puisse enfin couler des jours heureux.

Salihina Moussa Konaté

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