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Dans sa préface de l’ouvrage de son disciple le professeur Theophyle OBENGA ( cf L’AFRIQUE DANS L’ANTIQUITÉ : EGYPTE PHARAONIQUE- AFRIQUE NOIRE ), le géant-chercheur et grand-savant sénégalais, celui qu’il est désormais convenu d’appeler le Fa Ra Cheikh-Anta DIOP en guise d’hommage aux passions et au dévouement scientifique qu’il réservait au continent africain, lançait à l’endroit de la jeunesse africaine ceci : « armez-vous de science jusqu’aux dents et allez arracher sans ménagement des mains des usurpateurs le bien culturel de l’Afrique dont nous avons été si longtemps frustrés ».
Voir aujourd’hui, des structures qui œuvrent pour le développement de la recherche scientifique en Afrique, augure une nouvelle ère pour le continent africain, en vue de combler son retard dans bien des domaines de la recherche. C’est une aubaine de voir les plus grands scientifiques du continent s’unir pour bâtir un corps de scientifiques solide, à l’image du Next Einstein Forum (NEF). Sur ce, la Mauritanie a eu l‘honneur de faire partie des grandes nations africaines dans cette belle aventure, représentée par son jeune et brillant fils Abdoulaye Sidiki BA, ambassadeur de son pays auprès du NEF. Ainsi, pour mieux connaitre l’organisation du NEF et de son implication pour le développement de l’Afrique, nous avons interrogé Dr. Abdoulaye Sidiki BA en sa qualité d’ambassadeur, pour en savoir d’avantage sur ladite organisation scientifique ainsi que sa mission en tant qu’ambassadeur du NEF pour la Mauritanie.
BA pouvez-vous nous parler du Next Einstein Forum ?
Le NEF, est une initiative de l’Institut Africain des Sciences Mathématiques (AIMS) avec le soutien de la Fondation Robert Bosch, et de pays Africains comme le Rwanda qui ont compris le potentiel de la science dans le développement des pays du monde. le NEF est inauguré en 2013 à partir du constat qu’il n’existait en Afrique aucune plateforme de rencontre, où les meilleurs acteurs des diverses communautés (scientifiques, industrielles, de la société civile, et politiques d’Afrique où d’ailleurs) avaient l’opportunité de se réunir afin de tirer profit de la science pour le développement du continent.
Il y a d’abord eu la première rencontre internationale (Global Gathering) en 2015 sous le patronat des Messieurs Macky SALL et Paul KAGAME, respectivement Président du Sénégal et du Rwanda.
Il y a ensuite eu la seconde « Global Gathering 2018» du 26 au 28 Mars à Kigali (Rwanda), où il y a eu plus de 1400 participants venus des quatre coins du monde. Des Scientifiques de renom, des politiques, des ambassadeurs du NEF…, ce fut une occasion unique d’échanger sur les enjeux scientifiques, technologiques, et d’innovation.
Quels sont les pays représentés ?
Au jour d’Aujourd’hui, il y a 54 pays africains qui sont représentés chacun par un ambassadeur.
Les autorités de votre pays sont-ils au courant de l’existence du Next Einstein Forum ?
Je peux affirmer que les autorités Mauritaniens ont eu écho du Next Einstein Forum. Le Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le Dr. Sidi Ould SALEM avait assisté à la première rencontre internationale du NEF en 2015 à Dakar ; et depuis ma nomination, je suis en contact avec lui pour mettre en place les bases de la mission que je veux mener en Mauritanie, pour les Mauritaniens.
Pourquoi un si grand forum de scientifiques ne passe pas par les états pour le choix des ambassadeurs ?
Le NEF est une organisation non gouvernementale qui œuvre pour la science en Afrique, elle travaille directement avec les scientifiques africains ou de sa diaspora qui sont sélectionnés sur dossier. A cet effet, c’est donc normal que cette nomination ne vienne pas des états africains mais de l’organisation du NEF.
Parlez-nous de votre nomination entant qu’Ambassadeur du NEF pour la Mauritanie?
Très honoré par cette nomination, qui est une suite logique de mon parcours scientifique, de mon engagement pour la science en l’Afrique à travers le Réseau Africain d’Intelligence Scientifique et Stratégique (R.A.I.S.S), et particulièrement pour le développement de mon pays (La Mauritanie) à travers des initiatives telles que : le réseau Diaspora RIM (un important réseau qui regroupe la Diaspora Mauritanienne à travers un projet phare dénommé ALLER/RETOUR ou celles de la jeunesse du Sahel.
Au-delà de leurs formations scientifiques, les ambassadeurs du NEF sont aussi choisis pour leurs engagements citoyens et leurs esprits entrepreneurs. Ils mettent à l’honneur la science et la technologie dans leur pays, permettant ainsi au NEF de toucher un large public dans le pays.
Notre objectif est de promouvoir la Science, la technologie et l’innovation en Afrique. A ce propos, nous, ambassadeur du NEF organisons dans nos pays respectifs : la Semaine Africaine de la Science. L’objectif de cette semaine est de mobiliser l’ensemble de la communauté scientifique pour promouvoir l’importance de la Science pour le développement de nos pays. C’est également l’occasion d’inculquer la culture scientifique chez les jeunes et les moins jeunes, car n’oublions pas que l’objectif du NEF est de trouver le prochain Albert Einstein africain ; je souhaite bien-entendu qu’il vienne de la Mauritanie, qui fut dans le passé le carrefour de la science en Afrique de l’Ouest.
Venons-en à votre parcours scientifique, pouvez-vous nous parler brièvement de votre cursus ?
J’ai fait mon collège et une partie de mon Lycée à Rosso, et la terminale à Nouakchott. Après mon Baccalauréat Scientifique, j’ai choisi de poursuivre mes études universitaires en France ; d’abord à l’Université de Paris Diderot, où j’ai fait une licence et un master de Physique de la matière et de ses applications. Je me suis spécialisé par la suite en ingénierie des Capteurs et du Contrôle non destructif par des techniques acoustiques. J’ai poursuivi un doctorat en Mécanique dans le laboratoire de l’Institut d’Ingénierie et de Mécanique de Bordeaux, où je travaillais sur un nouveau concept de matériaux dits Intelligents, à savoir les Métamatériaux.
Pensez-vous que la science soit la solution aux nombreux défis de l’Afrique?
Pas certainement l’unique solution, puisqu’elle peut être politique ou autres, mais c’est une solution incontournable si nous voulons résoudre les défis auxquels font face nos pays. A titre d’illustration, depuis plus d’une décennie, la plus part des pays africains connaissent une croissance économique à deux chiffres qui favorise la création de richesse, des besoins. D’autre part, l’Afrique enregistre une démographie galopante (plus de 2 Milliards 200 d’individus) très largement composée de jeunes âgés de moins de 35 ans (environs 70% de la population africaine), les projections à 2050 évoquent un dédoublement de la population. Les innombrables défis d’urbanisations, de transport des biens et des personnes, de productions agricoles et élevages, … dans un contexte écologique hostile et grave montre la nécessité d’investir dans le domaine de la science, de la technologie et de l’innovation.
A ce propos, la dernière Rencontre Internationale du NEF qui s’est tenue à Kigali (Rwanda), aux côtés des lauréats du prix Nobel, des chefs d’État, des scientifiques de premier plan et des représentants de grandes entreprises internationales, a été l’occasion de parler des grands défis scientifiques qui attendent le continent.
A présent que nous en savons plus sur le NEF, nous ne pouvons que souhaiter du courage au jeune Dr. Abdoulaye Sidiki BA dans sa carrière scientifique, et pour sa mission en tant qu’ambassadeur qui représente fièrement son pays, la Mauritanie.
Par Abdoulaye DIA,