Il nous faut dépasser la diplomatie « moraline »

«  L’histoire se répète. Mais il serait vain et ridicule de souscrire à la scie musicale marxiste selon laquelle ce qui apparaît la première fois sous forme de tragédie revient toujours sous forme de comédie. Fausse pensée de vrai, paresse intellectuelle et facilité rhétorique ». Michel Onfray.« Grandeur du petit peuple, éditions Albin Michel. p.7 »

 Ce que veut dire Onfray par le biais de cette citation, c’est qu’il n’y a aucun mal à changer d’avis, pourvu que ce soit dans le bon sens !

Depuis quelques temps, le terme de « moraline » réapparait dans différents discours de députés nationalistes mauritaniens. Dans le pays, les leçons de morale y sont légion. Elles portent sur les manières de s’adresser au peuple, sur l’organisation des administrations ou encore sur la façon de rendre la société égalitaire.

Il faut pourtant revenir à l’essentiel, retrouver du bon sens, et par conséquent raviver la pensée au sein des interventions médiatiques de nos politiques. L’expression « moraline »,inventée par le philosophe Frédérique Nietzche, est un terme « désuet » utilisé par des « pisse-froids », c’est-à-dire par cette catégorie de militant, quelque soit son bord, cherchant avant tout à cocher « les bonnes cases » ; et ainsi pouvoir gagner sa place dans le monde intellectuel. La morale est un système de jugements de valeur étroitement lié aux conditions d’existence de l’être humain. Tout ce beau monde ne prend le temps suffisant ni pour comprendre les maux du simple citoyen mauritanien, ni pour s’indigner des propos discriminatoires d’un député invitant, sans ménagements, le ministre à ne pas s’exprimer en français (il n’y a pas plus excessif qu’une telle demande !).

Tout se passe comme le monde politique, notamment celui des députés, s’était égaré, dénué de toute capacité de discernement, ne parvenant plus à accorder simplicité des choses et complexité d’un monde actuellement réorganisé. C’est un défaut à corriger, et cette correction passe par la nécessité d’avancer prioritairement sur l’esprit d’initiative, le recours au diagnostic, et ne jamais négliger l’usage du bon sens, chose que nous devons tous partager. De nombreuxdomaines, politiques comme intellectuels raffolent de la « moraline », quand bien même nous constatons leur analyse subjective des phénomènes sociaux. La voie de la sagesse populaire est alors abandonnée. Les personnes les plusvulnérables sont exclues, n’exerçant aucune fonction ni aucun pouvoir : elles sont tout bonnement ignorées. 

Le minimum vital leur a été confisqué par certaines élites politiques qui prétendent être proches de la population.Chaque génération a besoin d’un minimum de ce que je continue à appeler le bon sens. Quelque soit l’origine de la langue administrative, nous devons respecter les règles institutionnelles et celles/ceux qui la pratiquent. L’unificationest un impératif catégorique afin de réaffirmer nos traditions,nos valeurs et nos identités. L’unité nationale se forge à partir de certains critères comme la langue, la culture, l’Histoire, l’éducation. C’est l’ensemble de ces paramètres qui constituent le ciment sur lequel doit reposer le socle commun et la confiance entre les jeunes, les élites politiques et les intellectuels. On parle beaucoup du fossé entre le peuple et ces élites en ayant recours aux généralités qui sont les suivantes :

▪ Les citoyens : sont des personnes ordinaires.

▪ Les intellectuels : sont des personnes qui détiennent les savoirs.

▪ Les élites politiques : sont des personnes qui gouvernent.

▪ Les élites économiques : sont des personnes riches qui sont de plus en plus riches et moins en moins nombreuses.

En ayant recours à ces dernières, les discours moralisateurs(portant surtout sur le savoir-être, le savoir-faire, et souvent proférés par les élites économiques du pays) qui s’y articulent dissimulent le sens de la solidarité citoyenne. Certains des propos contenus dans ces discours sont proprement négationnistes, et j’y vois d’ailleurs une façon de stigmatiser sans réserve un individu ou une communauté en particulier. Mais à force de vouloir nous donner des leçons, ils nous ontparadoxalement poussé à désobéir à ce mécanisme par la revendication farouche de notre culture et notre humanité. 

Abdoulaye SY

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