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La Commission nationale des droits de l’Homme du Mali réclame la vérité sur les frappes de Barkhane dans le centre du pays. Pas si simple…
Au Mali, les interrogations continuent après les frappes aériennes de l’opération militaire française Barkhane dimanche (03.01) dans le centre du pays.
L’Etat major français maintient que ses avions de chasse ont abattu des « djihadistes ». Mais des témoignages locaux parlent de civils tués dans un village.
La Commission nationale des droits de l’homme exige des éclaircissements de la part des autorités maliennes qui refusent pour l’instant de parler.
Des mariages civils ou des terroristes?
Plusieurs sources au sein de la population de Douentza indiquent que ce n’est pas un mais deux mariages civils qui étaient célébrés dimanche dernier dans le village de Bounty lorsque les raids aériens ont été menés. Ce que dément l’état-major français qui déclare avoir agi dans le cadre de la lutte anti-terroriste.
Une enquête réclamée, mais…
Des voix s’élèvent désormais pour l’ouverture d’une enquête indépendante. Aguibou Bouaré est le président de la Commission nationale des droits de l’homme.
« Nous condamnons avec la dernière énergie ces atteintes au droit à la vie, au droit à l’intégrité physique sur le fondement des instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux. C’est dans ce cadre que nous avons publié un communiqué demandant aux autorités maliennes d’ouvrir une enquête transparente, crédible et diligente aux fins de situer les responsabilités par rapport aux auteurs, complices et commanditaires de tels actes. »
Le silence des autorités de la transition face à la situation suscite des commentaires indignés au sein de l’opinion. Contacté par la DW, la Direction des relations publiques des armées n’a pas donné suite à notre appel.
Pour Alexis Kalembry, éditorialiste à Mali Tribunes, bavure ou pas, l’armée française ne peut nullement être inquiétée par la justice malienne.
« Si c’est une bavure causée par l’armée française, juridiquement on ne peut pas la poursuivre selon les accords. Cela ne peut être qu’un problème du Mali. Mais cela va encore détériorer l’image de l’armée française aux yeux des Maliens. Le tout est maintenant de savoir qui dit vrai dans cette affaire. Malheureusement nous avons des djihadistes qui ont la faculté de se fondre dans la population, qui ont aussi une communication bien huilée. »
En novembre 2016, un hélicoptère de l’armée française avait, au cours d’une patrouille, abattu un enfant de dix ans dans les environs de Tessalit, dans la région de Kidal.
Une année plus tard, onze militaires maliens détenus par un groupe terroriste ont été tués lors d’une patrouille de l’opération Barkhane. Ces faits avaient été à l’époque reconnus par l’état-major français.
Par Mahamadou Kane // DW