- rmi-info
- 0 Comments
- 2226 Views
Avant, pendant et sûrement après le Ramadan, on continuera de nous rebattre les oreilles avec la consultation nationale. C’est une communication de la présidence sur le fameux dialogue national tant annoncé, mais qui ne fait pas l’unanimité au sein de l’opposition. Certains partis politiques ne participeront pas à ce dialogue, faute de garanties. D’autant plus que, par le passé, le dialogue politique n’a pas eu les résultats escomptés.
Certains savent d’ores et déjà les tenants et les aboutissants du dialogue national qui tend à réunir les partis politiques, les syndicats et la société civile pour soi-disant une meilleure répartition des pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. C’est un moyen pour l’opposition et la jeunesse mauritanienne de prendre part aux affaires publiques. De même, pour une stabilité institutionnelle, un équilibre politique, voire des propositions de loi, notamment sur le foncier qui respecte le droit coutumier, et pour l’éducation qui promeut la diversité linguistique.
Selon les observateurs, le contenu de ce dialogue sera centré sur l’abrogation de la loi sur les partis politiques, l’abrogation de la loi sur l’éducation nationale, l’entrepreneuriat, et une politique d’accompagnement et de formation des jeunes pour pallier les flux migratoires vers les côtes européennes. Ce dialogue national consistera, pour la majorité, à avoir la vision des projets des partis politiques afin de soumettre des propositions pour la jeunesse, dans la perspective de réfléchir et traiter les dossiers en attente depuis fort longtemps : passif humanitaire, immigration galopante des jeunes, diversité dans les nominations, non-discrimination des Négro-Mauritaniens, reconnaissance officielle des partis (question du récépissé de certains, jusqu’à présent non reconnus par l’État). Des politiques d’égalité, d’inclusion des femmes, la valorisation des talents de ces dernières, pour pallier les disparités, l’aide aux couches vulnérables qui ont du mal à tenir debout. Bref, la question de l’unité nationale tant réclamée par l’opposition et la société civile.
À travers cette concertation, le pouvoir exécutif affiche une bonne volonté pour que la jeunesse mauritanienne soit forte et unie dans sa diversité, sans distinction aucune, et prospère dans les années à venir.
Il faut comprendre que les Mauritaniens sont habitués à faire des rencontres avec les partis politiques, les organisations syndicales et les leaders de la société civile, dans une perspective de construire une communauté ensemble.
Pour dialoguer et régler certains problèmes du pays, il faut inclure la jeunesse pour créer un environnement stable et favorable. L’engagement de la jeunesse doit être concrétisé par des projets novateurs, comme des politiques de formation pour booster l’entrepreneuriat. C’est une stratégie pour prévenir et lutter durablement contre l’immigration irrégulière. Dans cette concertation nationale, le pouvoir exécutif risque donc fort d’imposer le nombre des participants, car cette jeunesse prendra entièrement ses responsabilités. Le seul et unique motif de ce dialogue est de prendre en compte les revendications des jeunes, et d’être sensible aux réformes structurelles.
Décidément, pendant la période de Ramadan, à l’heure de l’iftar, il y en a à boire et à manger pour tout le monde. Le Président était fort sensible à ce que les politiques soient à table à l’heure pour dialoguer et parler des réformes pour le pays. Pour dialoguer, il faut attendre l’heure de la rupture, car c’est à ce moment que le Président est disponible pour faire la politique de l’autruche. Le Président est devenu le Jacobin des princes, qui regroupe les renards sans aucune cause, ni volonté d’éradiquer les maux qui gangrènent la société mauritanienne. Une sorte d’allégorie de la caverne : tout est sombre, c’est le prince qui décide qui entre et qui sort pour apercevoir le bout du tunnel…
Pendant ce temps-là, les partis politiques appelés à la concertation nationale sont dans l’impasse et ne connaissent pas le contenu de ce dialogue. L’opposition n’adhère ni sur la forme, ni sur le fond du dialogue national, monopolisé d’avance par le parti de la majorité. Organiser un repas, ou plutôt des repas, pendant la rupture du jeûne et réunir les présidents des partis politiques, les imams, l’armée, les syndicats et les étudiants est un moment politique.
Selon les observateurs, le dialogue national n’aboutira pas à un consensus, car certains partis politiques ont déjà désisté avant même l’invitation. Or, réunir la majorité et l’opposition pour dialoguer constitue un meilleur moyen de résoudre les difficultés. Cela va également dans l’intérêt de la Mauritanie, qui a besoin de changement.
Abdoulaye SY