Black ou le grand camouflage de la chosification de l’homme noir en Occident.

Si le terme « black » est utilisé de manière « commode » dans le contexte francophone pour éviter de « blesser » ou de « choquer », il est surtout un fouillis, un fourre-tout qui consiste à dire quelque chose sans la nommer tout en la disant en même temps. Il déguise l’expression d’une pensée cosmétique qui vise à réduire les Nubiens, les Africains et les Afrodescendants à des colifichets. Il faut d’abord effectuer une dissection du méli-mélo avilissant qu’inspire le mot « black » pour pouvoir empoigner l’inégal mépris qu’il renferme.


« Quand un black marque un but, tout le stade est debout » : version à la « cool » du mot « noir », signée Noël Le Graët qui pense trouver la formule du siècle pour exprimer l’ambiance explosive des terrains de foot avec les performances des « sans-identités » qui ne seraient là que pour égayer et divertir. Que cette formule sorte de la bouche du Président de la FFF, c’est un hasard ! Si le terme « noir » gêne autant, c’est qu’il y a un problème. Cela explique à quel point que la raison raciale est d’une incommensurable absurdité.


« Le black de ma classe… » : mouture d’une Professeure d’Histoire-Géo désignant un élève d’origine africaine dans une tonalité ironique. Faut-il s’indigner ou condamner cette mésestime décomplexée à l’heure où certaines consciences s’accordent à croire que « black » serait plutôt agréable à entendre ? Que cette enseignante dispense du « savoir » aux élèves, c’est un peu curieux ! Sa vision contribuera à propulser la pensée de système qui utilise la résine « black » par glissement de sens pour faire valoir un imaginaire ignominieux qu’il faut combattre.


Et dans les scènes de rue insolites, ça donne ceci : « mon beau black, mon petit black… » : ce goût prononcé d’érotisme et de volupté trahit la perception sensuelle d’une mentalité qui réifie la « chose » désignée par le terme « black ». Ici, les Nubiens et les Afrodescendants sont vus comme des produits de consommation lascive que l’on peut trouver dans les comptoirs désolés de la sexualité la plus exposée. On ne peut pas descendre plus bas dans les fanges enfarinées du mot « black ». En ce sens, l’Africain ou l’Afrodescendant est parce qu’il est l’objet de jouissance des doudous des plages, des villes et des campagnes.
Le recours à l’anglicisme « black » externalise la « Présence Africaine » : cela donne l’impression que cette catégorie sociale vit encore dans le ventre des bateaux négriers.

En réalité « black » est une stratégie d’effacement habile à voiler la banalisation du racisme pour mieux protéger les personnes qui le propagent. Cette stratégie constitue un « grand camouflage » : camouflage d’un mépris cinglant maquillé de résine, camouflage d’une pensée de système qui se déploie comme un serpent dans sa locomotion rectiligne, camouflage d’une forme de gêne liée à la raison raciale inventée par les concepteurs de l’esclavage et du colonialisme.

Ethmane Sall alias KaÏlcedrat Sall, Docteur en Lettres ( Littérature francophone)

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