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Communiqué: Bavure militaire à Daban (Mbagne)
« Il est exclu de parler d’actes isolés ou d’erreur »
C’est une succession d’événements tragiques qui secoue les citoyens depuis la mise en place des mesures restrictives de liberté, les forces de l’ordre continuent sur une dynamique répressive sans précédant en faisant usage des armes.
La fermeture des frontières et le manque d’assistance et de soutien pour les populations dans les zones rurales en particulier réactivent les gestes de survis qui bravent les interdits.
Pour autant, cela ne doit pas pousser les forces de l’ordre à utiliser « tout les moyens » (dixit le ministre de l’intérieur) pour empêcher les intrusions y compris l’usage des armes à bout portant.
Sur la base des données recueillies, l’AMDH s’insurge encore une fois contre les mesures de guerre mises en place contre les mouvements des populations sans accompagnement juridique ni contrôle des faits et gestes.
Ces mesures ont conduit à l’usage des armes par des éléments de l’armée nationale dans la commune de Mbagne précisément à DABAN contre le citoyen Abass âge de 34 ans hier aux alentours de 23h. A une distance très réduite, la victime a reçu une balle en pleine poitrine.
La victime était accompagné de son neveu et du commerçant auquel appartiennent les marchandises débarquées d’une pirogue. Il est exclu de parler d’actes isolés ou d’erreur…
Nous avions précédemment demandé à ce que toutes les forces de l’ordre soient sous contrôle pour éviter le pire.
Le déploiement de l’armée rappelle les périodes d’exceptions du régime militaire répressif. Il faudra qu’une enquête indépendante soit conduite pour faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles les armes ont été utilisé contre des citoyens qui ne cherchent qu’à survivre dans cette période d’exception et de restriction de circulation.
La constitution a été tout simplement oubliée depuis le début de la crise sanitaire. Cette crise demande et oblige un accompagnement des populations afin de réussir le confinement.
La torture, le meurtre n’arriveront pas à bout aux pauvres. Il est urgent de rétablir les garanties de l’État de droit sur l’ensemble du territoire national.
Les responsables des actes délictuels doivent être punis y compris les forces de l’ordre dans le respect des droits fondamentaux.
Nous craignons la mise en place des procédures précédemment utilisées notamment dans le dossier Lamine Mangane.
Les hauts responsables de l’État doivent se pencher sur ce problème qui touche les forces de l’ordre qui doivent obligatoirement participer, de façon transparente, à l’avènement et l’enracinement d’un État de droit en Mauritanie.
L’AMDH reste vigilent et à l’écoute pour que cette situation change, pour que les citoyens puissent circuler en sécurité sur l’ensemble du territoire dans le respect des consignes sanitaires et des gestes barrières.
Nouakchott, 29.05.2020
Association mauritanienne des droits de l’homme