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Mesdames et Messieurs les Présidents et représentants des partis frères et amis,
Mesdames et Messieurs les honorables députés
Mesdames et Messieurs les Présidents et représentants des organisations de la société civile,
Messieurs les représentants des centres d’études, des groupes de presse,
Honorables invités,
Camarades Congressistes
J’ai le grand plaisir et l’honneur d’avoir à vous remercier au nom de notre parti, l’UFP, pour votre présence à l’ouverture de son IVe Congrès, et à souhaiter un bon séjour à Nouakchott à tous nos délégués venus des autres régions du pays et de l’étranger.
C’est par une décision unanime du Bureau Exécutif, qui a renvoyé la tenue de ce Congrès, normalement prévue fin décembre2017 ou janvier 2018, a été renvoyé au lendemain des processus électoraux de 2018et 2019 afin de consacrer toutes nos énergies et nos moyens limités à ces échéances capitales.La crise sanitaire du Covis-19 a empêché sa tenue, prévue le 3 avril dernier pour couronner le processus de renouvellement des structures et instances du Parti. C’est avec la levée de l’interdiction des rassemblements et l’éclaircie actuelle dans la crise sanitaire que nous souhaitons durable, que nous avons décidé de saisir cette opportunité pour de tenir ces assises. Certes les conditions ne sont pas idéales. L’observation des mesures de précautions, nous imposent entre autres, une limitation drastique de l’assistance, et les fermetures de frontières nous privent de la présence de nombreux amis étrangers qui nous aurions souhaité être parmi nous aujourd’hui.
Honorables invités,
Camarades Congressistes
Depuis le dernier congrès en décembre 2017, Allah a rappelé à lui nombre de nos camarades parmi les plus chers. A l’ouverture de ce Congrès, nous avons tous une pensée émue en leur souvenir et je voudrais que vous vous leviez pour une minute de silence et de lecture de la Fatiha en leur mémoire.
Honorables invités,
Camarades Congressistes
La pandémie du Covid-19, est un drame mondial, qui n’a pas épargné notre pays. Ses conséquences humaines, sociales, économiques sont considérables. Les autorités, malgré l’impréparation et le manque de moyens ont su contenir le fléau pendant les premiers mois. C’est le lieu de saluer les efforts et les sacrifices consentis par les hommes et les femmes du secteur de la santé en première, et ceux des forces armées et de sécurité qui participaient au combat.
A la date du 27 août, le bilan est relativement lourd : nombre de cas 6993, de guérison 6381, de décès 158. C’est l’occasion d’adresser au nom de notre congrès nos condoléances attristées aux familles de ceux qui ont été emporté par le mal et nos souhaits de rétablissements à ceux qui sont affectés par la maladie. Et demander à toute l’assistance non seulement d’observer ici les mesures barrières, mais de continuer à sensibiliser nos populations pour leur observation.
Honorables invités,
Camarades Congressistes
Nous tenons ces assises dans un contexte politique inédit : l’avènement d’un nouveau pouvoir, la crise du coronavirus, l’enquête parlementaire et ses suites judiciaires, le rapprochement entre partis d’opposition et partis de la majorité représentés au Parlement.
Mais je commencerai par rendre compte de la mise en œuvre de la stratégie fixée par le IIIe congrès et de la situation du parti avant d’aborder la situation politique et les questions de l’heure.
Sous la décennie du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, notre parti a vécu à l’instar de toute l’opposition, que dis-je de tout le peuple, une période marquée par les occasions perdues pour le pays, l’arbitraire, la gabegie ostentatoire, et le mépris des droits des gens, de l’intérêt national et même des scrupules élémentaires. Aucun espoir d’alternance au pouvoir en raison de la confiscation du processus électoral.
Dans ses résolutions, le IIIe Congrès du 27 au 30décembre 2012 a clairement défini la stratégie politique de notre parti pour accéder au pouvoir et opérer les changements souhaités.
Il précise dans sa déclaration de politique générale :
« l’évolution du contexte international et national, caractérisée par une dynamique de démocratisation à l’échelle mondiale, d’une part, et la caractère destructeur et suicidaire des conflits internes en Afrique, tant pour les peuples que pour les Etats, d’autre part, rendent obsolètes et aventureuses les formes violentes de lutte pour le contrôle de l’appareil d’Etat.
« l’option stratégique de l’Union des Forces de progrès pour l’accès au pouvoir est celle de la voie pacifique fondée sur une majorité démocratique du peuple. »
Cette ligne stratégique clarifie notre vision des élections. Il ne s’agit plus de se contenter d’exploiter des marges de légalité, comme on le disait dans la période de clandestinité, pour faire entendre un discours à l’opinion et être visible sur la scène nationale. Les élections ne sont plus un accessoire de la lutte mais bien la voie principal et le moyen essentiel pour changer l’ordre politique et social. Or, comme chacun le sait, depuis le début de la démocratisation en 1991, et mise à part l’intermède de la transition 2006-2007, l’accès au pouvoir est rendu impossible en raison de la confiscation des processus électoraux dont se servent les gouvernants pour se perpétuer au pouvoir.
Lutter pour mettre fin au système des processus électoraux unilatéraux et frauduleux et rendre possible l’alternance démocratique devient donc la priorité stratégiqueles forces de changement démocratique. Les pouvoirs autoritaires, en pratique, avaient fait de la démocratie de façade une sorte de piège pour enfermer les forces démocratiques dans un manège de fausse compétition, oùles élections ne sont que des occasions pour les conduire chaque fois tel un troupeau à l’abattoir pour égorger ceux qui auraient la prétention de se présenter. Continuer à se prêter au même jeu lamentable au nom de l’ancienne conception c’est ne pas comprendre les sens du changement stratégique décidé par le IIe Congrès, encourager le pouvoir à perpétuer son diktat et cultiver le défaitisme chez les forces démocratiques et la résignation au sein des électeurs et leur désaveu des élections.
C’est pourquoi le IIIe Congrès de décembre a fixé l’orientation pour les élections envisagées pour l’année suivante, dans sa résolution sur « la crise des institutions démocratiques et les élections » :
« (L’UFP) considère le report des élections parlementaires et municipales et toute élection organisée unilatéralement par le régime , comme des actes de provocation et comme une escalade délibérée visant à éliminer de la scène politique l’opposition démocratique et à fermer la porte à toute sortie de crise consensuelle et pacifique…
« Déclare qu’elle s’opposera avec détermination à toute tentative du régime d’organiser des élections législatives et municipales sur mesure… ».
De cette orientation et dans la perspective des échéances capitales de 2018-2019 pour l’alternance au pouvoir, découlait deux impératifs stratégiques :se battre pour obtenir une révision consensuelles des règles du jeu électoral et rendre possible l’alternance démocratique ;constituer le plus large front possible pour imposer par la lutte démocratique cette revendication.
C’est à la mise en œuvre de la ligne défini que le Bureau Exécutif s’est attelé.
L’UFP a continuellement œuvré pour la constitution du frontle plus large de l’opposition. Ainsi, l’alliance passera du FNDD (Front pour la Défense de la Démocratie) à la COD (Coordination de l’Opposition Démocratique) 2010, puis au FNDU (Forum National Pour la Démocratie et l’Unité) en2014 pour finir au G8(regroupant le FNDU et sept autres composantes) en 2017.
L’instrument pour la mise en œuvre de la politique fixée par le congrès était en place. L’occasion allait être donnée par les élections législatives et municipales envisagées pour 2013.
La COD entrepris dès le mois de juillet une grande campagne pour des élections consensuelles. Elle afficha sa détermination par la signature d’une charte par tous les partis, où ils s’engageaient à boycotter tout processus électoral unilatéral. Alors le pouvoir se résigna à ouvrir un dialogue les trois début octobre 2013. Mais les failles dans le front et les messages contradictoires émanant de certains partisl’incitèrent à rétracter, à abandonner les discussions à peine entamées et à nous adresser un ultimatum : le scrutin aura lieu le 23 novembre (donc la campagne dans moins de 40 jours), vous n’aviez qu’un choix à faire, participer ou boycotter !
En somme, soit participer et donc lui confier notre sort, se préparer dans un délai impossible (40 jours), sans un sous dans les caisses et donc au risque de provoquer la révolte de l’électorat en cas de non soutien à ses listes pour n’obtenir enfin de compte que des résultats humiliantset entériner ainsi la confiscation permanente du processus électoral. Soit boycotter, pour ouvrir le contentieux et la crise et mettre à l’ordre du jour la recherche de solutions dans la perspective de l’échéance capitale 2018-2019 de l’alternance au pouvoir, mais alors dans l’immédiat exposer notre électorat au désarroi et à la déception, abandonner des places fortes historiques et être exclus des communes et du parlement pour plusieurs années.
Le choix était difficile. Chaque option avait ses inconvénients et ses avantages. Que fallait-il privilégier l’objectif général ou le gain électoral immédiat ? Telle était la question.
Les deux approches tactiques apparurent au sein de l’opposition. Notre parti et tous les partis de la COD, sauf un, optèrent pour la résistance et le boycott.
Honorables invités,
Camarades Congressistes,
Selon notre ligne stratégique, sans modification des règles du jeu pour des élections transparentes aucun espoir pour une alternance démocratique ; et pas de modification des règles du jeu sans payer le prix, sans oser la confrontation avec le diktat de l’adversaire (boycott ou toutes autres formes de résistance de masse).
Le déroulement des élections de 2013 confirma nos appréhensions. Il s’est agi d’une véritable mascarade où les manipulations des résultats à ciel ouvert ont défrayé la chronique et provoqué une telle vague d’indignation dans le pays, que notre boycott parut totalement légitime et déclencha une véritable dynamique de ralliement à notre revendication d’élections consensuelles. Cela culmina dans l’organisation deux mois plus tard d’un forum national (le FNDU), large front regroupant outre la COD, des partis politiques, de grandes confédérations syndicales, des associations de la société civile mais aussi des personnalités nationales d’envergure. En quelques mois, la tendance générale devenait la résistance face à l’obstination de Mohamed Ould Abdel Aziz de passer en force lors de la présidentielle de juin 2014. Cette fois un boycottunanime par tous les partis, entachadéfinitivement d’illégitimité son élection.
C’est cette pression qui l’obligea moins d’en semestre après, en janvier 2015, à proposer à l’opposition un dialogue sans exclusives sur toutesles questions du processus électoral. D’abord par des messages indirects et informels en ma direction, et par la suite officiellement dans une lettre adressée par le Premier Ministre Yahya Ould Hademine,au président en exercice du FNDU, Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, et détaillant comme ordre du jour la longue liste des revendications de l’opposition.
En moins, d’une année et un mois, la tactique de résistance et de boycott venait ainsi d’enregistrer son premier succès avec la satisfaction de sa principale exigence : la révision consensuelle des règles du jeu électoral.
Malheureusement, l’opposition ne sut pas tirer profit de ce succès tactique. Elle joua la surenchère réclamant des préalables parfois inacceptables. Et l’acquis finit par se perdre pendantune année et demi dans destergiversations et de discutions sur les préalables qui tournaient en rond. Ould Abdel Aziz, sans pouvoir s’en défaire, réussi tout de même à reprendre l’initiative et organiser un semblant de dialogue en octobre 2016, sur les règles du processus électoral dont été exclues les principales forces de l’opposition (FNDU et RFD). Résultat : en échange de quelques réformes du système électoral en demi-teinte, il obtint l’ouverture de la boîte de pandore du changement de la constitution.
L’année 2017, sera celle de lutte contre la modification de la constitution et les manœuvres pour un troisième mandat. Le grand tournant sera le rejet historique des amendements constitutionnels par les sénateurs auxquels je rends hommage. Suivi par un boycott massif par les électeurs, qui ôta tout crédit au référendum imposé illégalement par Ould Abdel Aziz. La manœuvre consistant à manipuler le parlement pour un troisième mandat, malgré l’hostilité générale de l’opinion fut la tentative de trop. Cette fois, se sont ses propres compagnons qui prirent les devants et mirent fin à ses ambitions, évitant au pays de plonger dans l’inconnu.
Rendons-nous compte que pour aboutir à ce résultat salutaire, tout est parti de la résistance au diktat d’O. Abdel AZIZ en 2013, dont l’esprit fit ensuite boule de neige ensuite. Lui céder aurait engendré un tel courant de résignation, que le résultat aurait été certainement inverse.
Honorables invités,
Camarades Congressistes,
Revenons à nos tactiques pour les élections capitales 2018 et 2019. L’accord conclu avec un groupe de partis d’opposition dans le cadre du dialogue de 2016, en plus du caractère stratégique des échéances 2018-2019, imposa à notre front d’opter pour la participationtout en recourant à d’autres formes de lutte de masse pour être impliqués dans les processus.
En définitive les partis de l’opposition furent absorbés par les préparatifs aux élections législatifs et municipales de 2018 et ne surent pas développer une pression significative pour imposer au moins d’être représentés dans la Ceni, et finalement subirent la marginalisation tout au long du processus,
Mais pour la Présidentielle de 2019, la signature d’un accord pour une candidature unique par les partis du FNDU et un début d’action de rue, amena le pouvoir en fin février 2019 à accepter d’ouvrir des négociations pour représenter les partis du G8 dans la CENIen vue de l’échéance de juin.
Mais par la suite, l’éclatement du front de l’opposition incapable de se mettre d’accord sur un candidat unique, réduisità peu de choses ses chances de négociation. Par des manœuvres dilatoires le pouvoirévita de donner suite à un compromis trouvé et fit traîner les discussions jusqu’au-delà de la date limitelégalequi rend impossible pour les candidats de l’opposition tout boycott éventuelle de la compétition. Ainsi étions-nous obligés, à nouveau, d’aller à l’abattoir, pour certains d’entre nous dans la joie et pour d’autres dans une grande inquiétude.
Au total, après sept ans de lutte ininterrompue, l’opposition démocratique venait une nouvelle fois (après 2007) de laisser échapper l’occasion de tirer avantage de l’alternance au pouvoir imposée par la constitution.Après avoir consenti tant d’effort, c’est toujours au moment décisif, qu’elle se délite. Telle une équipe de football, qui joue bien mais n’arrive jamais à « concrétiser ».
Un réexamen de notre long parcours s’impose pour tirer les leçons de nos succès et de nos échecs. Mais auparavant je dois exprimer ici tous mes hommages à nos compagnons de lutte qu’il s’agisse des partisde la C.O.D. ou des partis, organisations et personnalités du FNDU ou du G8, qu’elles que soient leurs positions actuelles, qui ont enduré avec nous les épreuves de ces onze années de pouvoir despotique, et contribué à forger chez notre peuple l’esprit de résistance à l’oppression et à l’injustice.
Honorables invités,
Camarades Congressistes,
Les élections de 2018 et 2019 ont été pour notre parti une épreuve difficile. Bien sûr à l’instar de tous les autres partis de l’opposition nous manquions de moyens, et nous avons été affectés par l’éclatement de l’alliance électorale. Mais notre drame à nous est qu’en plus nous avons été victime d’opérations de déstabilisationexactement à la veille de chacune de deux échéances (parfois en moins de deux semaines). Chaque fois se sont deux hauts dirigeants du Parti qui appellent à la scission, sans préavis, sans prétexte tant soit peu logique ou crédible, mettant ainsi en péril l’existence même du parti. A la veille d’une bataille, pareilletentative visait clairement la mise à mort. Dans ces conditions, l’enjeu pour le parti n’étaitplus le gain électoral mais tout simplement la survie politique. Grâce à l’attachement et au dévouement de l’écrasante majorité des cadres, et particulièrement ceux d’entre eux qui momentanément trompés par leur discours se sont ravisés à temps pour faire échouer ces tentatives. Le Parti pour se maintenir sur la scène réussit tant bien que mal, dans ces conditions pénibles, à déposer des listes pour les législatives et pour les municipales et à obtenir des résultats inespérés et somme toute honorables (2e de l’opposition pour les listes nationales, 3 députés, quelques dizaines de conseillers municipaux). Nos contradicteurs se plaisent pour minimiser ces résultats à les comparer à ceux de 2006 ; au lieu de ceux attendus d’une participation éventuelle en 2013 qui n’auraient pas été sensiblement différents, à deux ou trois communes près.
En 2019, suite à l’échec du FNDU à s’entendre sur un candidat unique, le dernier carré de l’opposition démocratique (UFP, RFD, Unad, et un vaste courant d’organisation de jeunesse démocratique) ne se résigna pas à voir disparaître son drapeau dans cette compétition nationale et à se ranger derrière une candidature indépendante. Je subis alors une pression de toute part pouraccepter d’être candidat. J’étais fort réticent : ce n’est pas à la dernière minute (on était à quelques trois semaines du dépôt des candidatures) que l’on se lance dans une élection présidentielle, sans ressources, avec une opposition divisée, et surtout face à une tentative de scission de son propre parti, pas encore soldée. Mais suite aux votes successifs et massifs du Comité Permanent, du Bureau exécutif et enfin du Conseil National, je n’avais plus le choix. Durant tout mon parcours de militant, je n’ai jamais reculé devant un sacrifice qui s’imposait.
En raison de toutes ces conditions défavorables, je m’attendais à un résultat fort modeste. Il ne s’agissait pas d’une participation pour gagner, mais plutôt pour présenter le projet politique de l’opposition démocratique et faire entendre son discours.
Mais je ne vous cache pas qu’en mon fort intérieur, je me disais que j’étais entrain d’offrir au maître du processus électoral l’occasion de m’humilier pour l’opposition que je symbolise et pour me punir de n’avoir jamais accepté de céder à la compromission ou à ses ruses.
Cependant, nous fûmes surpris par l’élan d’adhésion suscité par cette candidature et qui confirmait l’existence d’un peuple attaché à l’opposition originelle et qui n’entendait suivre que son drapeau. L’engouement matérialisé par l’affluence aux manifestations électorales, amena même certains observateurs à des pronostics trop optimistes.
Mais en définitive, ma crainte principale d’un règlement de compte se réalisa. Le résultat proclamé (2,4%) ne pouvait correspondre au candidat d’une grande coalition regroupant des partis (RFD, UFP, Unad), plusieurs mouvements de jeunes et de la société civile, ne peut,contre toute logique, être inférieur à celui obtenu quelque mois auparavant (septembre 2018) par ma candidature à la liste nationale législative (2,9%), où je n’étais soutenu que par mon seul parti, encore à l’époque ébranlé par la tentative de déstabilisation et empêché par certaines circonstances à faire campagne. D’ailleurs, mis à part le candidat de Tewassoul, et de l’AND, mon résultat d’alors était supérieur aux autres candidats de l’opposition.
Malgré cela, la campagne présidentielle fut une expérience de lutte riche en enseignements, qu’il fallait certainement vivre pour mieux préparer les échéances à venir. Pour moi, elle fut une occasion de rencontres inoubliables avec les populations de mon pays et de se rendre compte des attentes légitimes des électeurs, et pour le Parti une occasionirremplaçable pour élargir considérablement sa base.
Je remercie les camarades pour la confiance qu’ils ont placée en moi pour conduire la bataille dans des conditions impossibles, mais les prie d’étudier le bilan de cette expérience sans complaisance, et de prendre à temps leur décision de candidature.
Honorables invités,
Camarades Congressistes,
Concernant la situation du parti,
La crise interne qui l’a secoué sévèrement depuis 2018 est maintenant derrière nous, et j’aurai voulu ne pas avoir à en parler. Mais, je dois rendre compte au congrès de ce qui s’est passé pour qu’il en tire les conclusions adéquates.
Notre parti a connu une crise d’unité au niveau du sommet. Le prétexte en fut d’abord la question du boycott des élections de 2013. Il est normal qu’une question tactique suscite des divergences, et comme mentionné plus haut nous étions devant un dilemme, chaque choix présentant des avantages mais aussi de sérieux inconvénients. Les règles de la démocratie interne, nous ont toujours permis de dépasser de telles divergences ; et c’est une question d’honneur et de devoir pour un militant de se soumettre de bon cœur à une décision prise par la majorité.
En terme de ligne, le Congrès nous avait fixé le cap et l’orientation et nous a engagé, en outre, à nous conformer dans l’action politique à certains principes, dont celui qui affirme que « la réalisation d’un intérêt partisan n’est pas souhaitable si elle doit se faire au détriment du peuple et de la nation. »
Le problème de la participation ou du boycott futtranché démocratiquement, et les règles du parti commandaient à tous de s’engager comme un seul homme. Malheureusement deux ou trois hauts dirigeants vont travailler à faire de cette divergence somme toute tactique, un point de fixation et de division du parti. Et pendant des années se livrer à un travail de sape de l’unité du parti autour de la questiondes inconvénients vécus du boycott. « Nous avons perdu, nous avons perdu » était leur leitmotiv permanent. C’est bien connu depuis toujours, il n’y a de pire opportunisme, que celui qui qualifie de torts impardonnables les sacrifices inévitables dans toute lutte. D’ailleurs, leur position était liée à un penchant à prôner toujours le moindre engagement de lutte : pour eux, toujours, « les masses sont en reflux », « toute confrontation avec le pouvoir est une aventure », « le front est une perte de temps », « l’important est de préserver ce que l’on a » ; pour eux, cequ’on peut gagner dans l’immédiat compte plus que l’intérêt politique général. Ils développaient, en fait, ce qu’on peut qualifier d’opportunisme défaitiste, diamétralement opposé à la ligne du 3e Congrès.
Durant des années, laissant à la dérive et à la léthargie les structures du parti dont ils avaient la charge statutaire, ils ont usé de leur prestige et autorité, pour construire et animer une sorte de centre de décision secret dans le parti pour contester les instances légales et leurs instructions. et légitimerainsi aux yeux des militants la plus grave atteinteà l’unité du parti et aux principes, règles, traditions organisationnelles et morale politique qui la fondent.
Malheureusement ils ont été jusqu’au point de tenter de détruire le parti le parti en appelant à la scission à la veille de batailles électorales, et au lendemain de l’élection présidentielle, d’apporter un soutien public au pouvoir dans sa controverse avec l’UFP et l’opposition sur l’appréciation des résultats.
Pour justifier leurs appels insistants à la scission, ils ont eu recours à une campagne calomnieuse contre le parti et ses dirigeants, accusés de « déviation et liquidation » (« qui veut tuer son chien l’accuse de rage ») et couvrir leur propre déviation par rapport à la ligne du 3econgrès et leurs tentatives répétées de détruire le parti. De surcroît, entre 2013 et 2018, le bureau exécutif s’est réuni au moins une dizaine de fois. Et ils ne se sont jamais démarqués de ses résolutions politiques toujours adopté à l’unanimité ! Que la « déviation de ligne » soit une fable à laquelle eux-mêmes ne croient pas, est illustré par leur incapacité à formuler la ligne divergente avec le parti qu’ils préconisent.
Honorables invités,
Camarades Congressistes,
La déstabilisation à la veille d’échéances capitales a,certes, fait un énorme tort au parti. Mais elle a aussi révélé combien il est solide par ce qu’il a des hommes et des femmes loyaux, dévoués à la cause de leur parti et de leur pays et si l’on peut tromper momentanément quelques-uns cela ne sera jamais au point de les entraîner à trahir leur parti. Ce capital de militants conscients et dévoués est une richesse et une force qui fait la fierté de notre parti et constitue la garantie de la continuité et de la réussite de son grand projet de libération nationale et de transformation sociale.
Mais nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre, à un degré ou un autre, responsables de ce que les choses en soientarrivées à ce point. C’est la complaisance qui a failli tuer le parti. Nous avons laissé certains camarades user de leur prestige dans le parti pour y introduire des comportements totalement étrangers à ses principes, à son éthique, à ses règles et à ses traditions. Au lieu du principe de la loyauté vis-à-vis du parti, ils ont constitué une fraction secrète comme centre de décision concurrent à la direction. Ils ont substitué à la critique franche et constructive pour corriger et unir, les campagnes de dénigrements visant à discréditer des dirigeants et à détruire la confiance entre la direction et les bases du parti.Au lieu de la discipline consciente, ils se sont autorisés à se mettre au-dessus des lois du Parti et à refuser de se soumettre aux décisions par la majorité.
Notre particertes, est sorti plus solide de cette épreuve douloureuse la première du genre de son histoire, maisil doit en tirer toutes les leçons.
Honorables invités,
Camarades Congressistes,
Le Bureau Exécutif a décidé d’entreprendre depuis une année l’opération de redressement du parti dont les deux étapes essentielles étaient le renouvellement des structures et instances et le débat interne et organisation du congrès. Ce processus estaujourd’hui couronné par la tenue de nos assises.
La commission de renouvellement des adhésions, dirigé par le camarade Khalilou O Deddé a accompli en quelques moi un excellent travail. Cette campagne achevée en mars a été une grande réussite, malgré des conditions difficiles, surtout en termes de moyens. Au total les dépenses réalisées ont atteint le chiffre de 9.830.000 anciennes ouguiyas.
Le rapport de cette commission mentionne à propos des acquis, entre autres, les données suivantes :- Le nombre d’adhérents enregistrés au terme de cette campagne est de 23713, répartis entre toutes wilayas du pays et en France, selon l’ordre décroissant en nombre d’adhérents : Nouakchott-Nord, Gorgol,Nouakchott-Sud,Brakna, Assaba, Hodh El Gharbi, Tagant, Nouakchott-Ouest, Hodh Charqi, Guidimagha,Adrar,Nouadhibou, Trarza,Tiris Zemmour,Inchiri, France ;- Implantations de 45 sections (dans 45 départements sur 57) ; 93 comités et 726 cellules.- Augmentation notable des adhésions à Nouakchott (7365 au lieu de 5000 en 2012) ;- La mise à profit des acquis de la campagne présidentielle ;
Il mentionne, entre autres, comme faiblesses notables :- L’absence du parti dans les départements suivants : Oualata, Amourj, Nbeyket Lehwach, Ouad Naga, Keur-Macen, Mederdra, Bir Moughrein, Fdérick, Ouadane, Chami, Tichit, Bennechab ;- L’échec surprenant de l’implantion à Atar (pour des raisons non précisées).- La non implantation dans les colonies mauritaniennes à l’étranger, sauf en France, malgré la présence en leur sein d’un grand nombre de militants et d’un important capital de sympathie.
Le rapport formule des recommandations importantes que la prochaine direction du parti doit prendre en considération et de façon prioritaire.
Pour sa part la commission de préparation du Congrès s’attèle depuis plusieurs mois à la préparation de nos assises. Jela félicite aussi pour le travail sérieux et méthodique accompli pour l’organisation des débats internes relatifs à la révision des textes de base et pour les mesures pratiques pour la tenue de ces assises. Et je laisse à son président le soin de vous présenter son rapport de mission.
Honorables invités,
Camarades Congressistes,
A propos de la situation internationale et sous régionale
L’évolution du monde doit nous préoccuper. Au cours de ces récentes années, la situation internationale a connu de très profonds changements en raison de l’évolution sensible des rapports de forces entre les principales puissances qui dominent la scène internationale et le basculement du centre de gravité économique du monde de l’Ouest vers l’Est. La Chine est en passe de ravir aux Etats-Unis le statut de première puissance économique et ce dans tous les domaines, particulièrement dans les nouveaux secteurs-clé de l’économie numérique, des nouvelles technologies de pointe, des armements dits du futur, de l’industrie spatiale etc. ? Ce qui explique la rivalité qui les oppose et qui s’est considérablement accentuée sous l’administration Trump qui multiplie les champs de confrontation dans le monde entier, même avec de vieilles nations alliées comme les pays européens qui peinent à y résister. Les Etats-Unis n’ont pas encore renoncé à leur leadership exclusif, désormais contesté dans un monde devenu multipolaire.
Ils se retrouvent fréquemment isolés dans leur décision ne comptant que sur leur puissance propre, au lieu d’opter pour une gestion concertée des affaires du monde. Ainsi en est-il pour le dossier du nucléaire iranien, de la Palestine, de Syrie, d’Irak et autres conflits, du réchauffement climatique, des mesures protectionnistes au plan commercial etc. De sorte que la gestion des grands dossiers est devenue chaotique. L’option d’une gouvernance mondiale collective, la seule qui peut ramener l’humanité sur le chemin de la paix et de la coopération pour faire face aux grands défis planétaires comme le réchauffement climatiques, les pandémies, la pauvreté etc. ne semble pas prête d’être à l’ordre du jour.
Les risques de conflits globaux et régionaux notamment au Moyen-Orient se sont multipliés et font courir au monde de graves dangers, dans un contexte de crise profonde du modèle économique et social néo-libéral dominant, fondé sur le surprofit, l’accumulation éhontée des richesses et la destruction de l’environnement au profit d’une minorité d’individus à l’échelle planétaire.
Cette situation accentue les luttes des peuples à travers le monde pour leur indépendance et leur émancipation comme le peuple palestinien qui fait face courageusement et presque seul, à un plan de liquidation sacause mis en œuvre par le colonialisme expansionniste israélien, soutenu par l’administration Trump.
Au plan régional, alors que le peuple sahraoui poursuit sa lutte héroïque pour mettre fin au blocage de la situation et exercer son droit à l’autodétermination effective, la situation est caractérisée par l’accentuation de deux grandes menaces : le terrorisme mafieux des narcotrafiquants et le terrorisme « djihadiste ». La conjonction de ces deux menaces, qui ont trouvé dans le Nord du Mali un vaste champ de manœuvre, place tous les pays de la sous-région face à un défi qu’il importe d’aborder dans l’urgence, et avec lucidité.
La faiblesse organique des pays de la sous-région soudano sahélienne et la quasi faillite de certains Etats face aux différentes menaces offre à certaines puissances étrangères traditionnelles, l’occasion de justifier leur présence armée, en poursuivant leur propre agenda de rivalité avec d’autres concurrents en Afrique. Dans ces conditions, les efforts déployés par les groupements régionaux tels que le G5 sont encore loin d’être adaptés aux exigences historiques d’indépendance, de démocratie et de sécurité collective des peuples de la région. La crise actuelle au Mali où un coup d’Etat vient juste de renverser le régime d’IBK, illustre l’impasse dans laquelle mènent les stratégies en œuvre de régimes en rupture avec leur peuple, en raison de la confiscation des processus démocratiques, de la corruption généralisée et de l’aggravation de la pauvreté.
Dans ce contexte international et sous régional instable et dangereux, La Mauritanie doit tirer les enseignements de ce qui se passe ailleurs, œuvrer avec méthode et urgence à renforcer l’unité du peuple et la cohésion sociale et à restaurer la confiance entre l’Etat et les citoyens, par le respect du droit et de la volonté populaire exprimée démocratiquement, et la lutte contre la corruption des dirigeants.
La Mauritanie restera solide et sûre, si elle maintient des positions autonomes et claires. Neutralité positive dans le conflit du Sahara, non-ingérence et recherche d’une entente entre frères maliens, et surtout de se préparer au pire par l’édification et la consolidation du front intérieur.
Dans ce cadre, permettez-moi de soumettre à votre réflexion, une proposition qui est encore au stade d’interrogation. Notre pays, de par sa position géostratégique, peut et doit jouer un rôle de facteur d’équilibre et de stabilité dans la sous-région ; et il observe d’ailleurs, depuis quatre décennies, et avec succès une neutralité positive dans le conflit opposant le Maroc au Polisario. Pourquoi ne pas faire un pas plus résolu dans cette direction et être le premier pays africain à adopter le statut de pays neutre, ouvert à toutes les formes d’alliance et de coopération économique, mais sans implication dans les conflits quels qu’ils soient, et comptant pour sa défense sur un système qui implique les citoyens.
Honorables invités,
Camarades Congressistes,
Notre jeune nation vit une crise de croissance. Après soixante ans, elle est devenue majeure et ne peut plus se complaire dans les tares d’un autre âge : les pratiques esclavagistes, les discriminations de castes, d’ethnies ou de sexe, mettre en péril son unité en refusant de regarder en face les graves atteintes aux droits de l’homme et solder le passif humanitaire. Notre peuple ne peut plus supporter les tyrans kleptocrates, il ne peut plus supporter la gabegie, et les élections frauduleuses.
Il est inadmissible qu’après six décennies, dans un territoire aussi vaste (l’espace est la base de toutes les opportunités), riches en ressources naturelles de toutes sortes, 56% de nos populations soient encore exposés à la pauvreté, dont 29% à l’extrême pauvreté, et 23% vivent avec moins de 1,25 dollars par jours selon les chiffres de la Banque Mondiale.
Il est inadmissible que l’on ait laissé s’effondrer notre économie rurale, avec une population qui à 73% vit sous le seuil de la pauvreté ; que nos paysans dans les adwabas, n’entrevoient aucune fin à leur misère et que nos éleveurs chaque année assistent impuissants à la destruction de leur bétail par la sécheresse, que l’Etat observe passivement un exode rurale d’une ampleur en croissance exponentielle croissante, vider notre monde rurale de toute énergie.
Il est inadmissible, qu’en ce 21e siècle, notre pays traite ses travailleurs, qui produisent la richesse dont nous disposons, comme de simples esclaves modernes, jamais associés aux décisions qui les concernent dans leurs entreprises et ces dernières années victimes par milliers de compressions qui les jettent à la rue, sans égard à leur droit à une vie de famille digne et en sécurité.
Il est inadmissible, que l’écrasante majorité de nos jeunes soient livrés au chômage, sinon à l’émigration ou aux fausses solutions de désespoir, alors que bien des chantiers peuvent être ouvert dans des domaines de développement économique, social ou de sécurité. Il est surprenant que l’on laisse, presque dans l’indifférence, la drogue détruire une partie de notre jeunesse, envahir nos quartiers populaires et transformer des enfants innocents en bêtes féroces, aussi dangereuses pour eux-mêmes que pour la société. Au risque à terme de voir, après les quartiers populaires, l’Etat lui-même tomber sous le contrôle du crime organisé.
Il est inadmissible que les femmes, seconde moitié de notre société, et sur qui repose aujourd’hui bien souvent une grande partie des charges familiales, surtout dans les campagnes, ne bénéficie pas de la protection qui leur est due et de mesures de discriminations positives particulièrement en matière de travail.
Il est inadmissible qu’après la successions de tant et tant de régimes, qui promettent à chaque fois, le redressement du pays, les services publics de santé et d’éducation soient en quasi faillite, et l’administration publique en déliquescence et ses fonctionnaires et agents civils ou des forces armées ou de sécurité soient asservis politiquement aux maitres du moment; et à leur retraite jetés comme des rebus.
Comment continuer à admettre que notre développement économique et le dynamisme de nos hommes d’affaires soient neutralisés par le climat malsain d’une administration et d’une justice gangrenée par la corruption et les passe-droits.
Il est inadmissible, qu’après trente ans, nous en soyons encore à la préhistoire de la démocratie, où des chefs d’Etat, arrivés au pouvoir par effraction, confisquent la volonté populaire au vu et au su de tous, dans des semblants de consultations électorales, piétinent la séparation des pouvoirs qui est la meilleure garantie de la transparence et de la lutte contre l’impunité. Le Saint Coran nous l’enseigne :
« Et si Allah ne neutralisait pas une partie des hommes par une autre, la terre serait certainement corrompue » (Al Baqara, verset 250).
Il est temps de comprendre que dans une société en crise, le système politique autoritariste ne peut plus garantir la paix et la stabilité. Qu’il est la cause première de la gabégie qui ronge et détruit les Etats et provoque les révoltes populaires. Que des réformes fondamentales sont devenues vitales pour la survie de notre pays. Le changement doit être accepté et convenu par tous, avant que la contrainte historique ne l’impose par d’autres voies incontrôlables. La taille de notre peuple, la richesse de notre sol et sous-sol lui permet de vivre autrement, dans un minimum d’aisance et de liberté pour tous. C’est dire qu’un nouveau pacte de gouvernance est devenu indispensable pour la survie de notre pays.
Notre préoccupation prioritaire doit être la préservation et la consolidation de l’unité nationale. Nous éradiquerons dans le court terme les cas de pratiques esclavagistes par une campagne de sensibilisation et d’enquête, commune par commune ; nous devons abattre les barrières entre castes et non les recycler dans la société moderne, avec des privilèges pour les uns et des stigmatisations pour les autres. A travers un programme de discrimination positive en faveur des populations d’origine castée(Haratine, Maalmin, etc.)nous créerons la cohésion sociale de nos différentes composantes ethniques et donc de la société mauritanienne dans son ensemble. Bien évidemment, il ne s’agit pas de se servir de ces barrières pour briser l’unité de ces composantes et perpétuer l’esprit de caste.
Nous devons avoir le courage et l’esprit de justice et d’humanisme et le sens du patriotisme de mettre pour un terme à l’injustice et au chagrin de centaines de familles affectés par le douloureux et tragique dossier du passif humanitaire. Il s’agit non seulement de ramener la paix des cœurs mais aussi de restaurer le sacro-saint principe du droit etde l’inviolabilité de la personne humaine.Ne pas solder ce dossier au plus vite, c’est laisser ouverte une brèche dangereuse pour l’unité nationale et dangereuse aussi pour la vie de tout citoyen dans un régime d’impunité.
La question haratine, n’est pas un problème ethnique. Les Haratines étaient et sont objectivement partie intégrante de la société maure ou arabe dont ils constituaient la caste laborieuse, c’est-à-dire la composante la plus dynamique. Les tentatives politiques actuelles de les détacher resteront vaines parce qu’il est difficile de séparer les veines et les artères d’un même corps. Il est mieux de ne pas se perdre et perdre le pays dans cette dérive et ramener la question haratine à sa dimension réelle : elleest pour l’essentiel la question de la condition de la main-d’œuvre des villes et des campagnes c’est-à-dire des paysans et des ouvriers. Fuyant la misère et parfois la servitude dans les campagnes, le travailleur se retrouve dans la précarité des bidonvilles et au mieux dans un système de salariat qui confine à l’esclavage moderne, avec un revenu de misère et des droits souvent piétinés. Ses enfants tombent en conséquence dans l’engrenage de l’abandon scolaire, du chômage et du petit salariat. Les rares éléments de l’élite qui arrivent à traverser les mailles du filet se retrouvent, en bute aux préjugés de la discrimination négative de la société traditionnell
Il s’agit donc nécessaire de revoir dans notre système sociale la place de l’ouvrier manuel et du paysan et de l’éleveur pauvres des campagnes et s’orienter résolument vers les réformes d’une démocratie sociale qui les associe et leur donne droit à des conditions de vie et de travail décentes et dignes.
Fort heureusement, notre société est aujourd’hui mure pour les solutions de fond à tous ces problèmes qui touchent à l’unité nationale et à la cohésion sociale. Un consensus politique général de principe est aujourd’hui acquis sur la question du passif humanitaire et de l’esclavage. Il s’agit de le consolider, et non de ramener ces questions à une dimension identitaire étroite. On doit aussi reconnaître qu’il est légitime de dénoncer les injustices qui affectent des citoyens ou des composantes du peuple. Mais il faut éviter de culpabiliser d’autre composantes.
Nous devons inventer un système qui allie l’intérêt de la collectivité et des travailleurs citoyens avec la libre entreprise capitaliste ; Un Etat social qui favorise la création des richesses mais dans le même temps, se préoccupe de les redistribuer équitablement et de soutenir les groupes sociaux les plus faibles.
C’est dire que dans l’immédiat, il est urgent d’instaurer le dialogue permanent entre partenaires sociaux comme cadre et référence aux réformes indispensables pour ramener la paix et la collaboration pour un développement économique harmonieux.
Honorables invités,
Camarades Congressistes,
Nonobstant notre contestation du processus et des résultats de l’élection présidentielle passée, une alternance a eu lieu, Mohamed O. Abdel Aziz a quitté le pouvoir et Mohamed O. Cheikh el Ghazouani l’a remplacé. Le départ du premier, créa un réel soulagement dans le pays, car il avait fini par constituer un véritable obstacle à tout espoir de solutions aux problèmes pendants de pauvreté, de chômage, d’unité nationale, de démocratie et de développement. Sa gestion prédatrice et chaotique poussait l’Etat vers la faillite et l’instabilité.
L’opinion se demandait, en raison du long compagnonnage entre les deux hommes, si l’alternance allait signifier autre chose qu’un général a remplacé un autre général à la tête de l’Etat.
Pourtant, dans l’intérêt national, nous avons décidé de lui accorder comme tout le monde d’ailleurs, le bénéfice du doute et une période de grâce. La situation était en effet complexe et le legs catastrophique. Nous avons cependant demandé au nouveau pouvoir d’organiser un audit sur les comptes de l’Etat et un dialogue sur les grandes questions nationales.
Progressivement, certains signes ont fait naître l’espoir de le voir se démarquer de son prédécesseur, et répondre aux grandes attentes du peuple. Rencontres avec des leaders de l’opposition, et surtout l’adhésion de l’UPR à l’initiative de l’opposition de création d’une commission d’enquête parlementaire. Cette unanimité dans la lutte contre la gabegie et l’impunité est une première historique à saluer. C’est dans ce contexte, que face au danger national du coronavirus, toute l’opposition démocratique, accepta de se retrouver dans une coordination avec les partis de la majorité. Une autre première dans l’histoire politique de notre pays, qui encouragea à la commission d’enquête parlementaire à aller jusqu’au bout de sa mission.
Aujourd’hui, importance grâce à une atmosphère de plus grande compréhension et confiance, un autre pas d’importance considérable vient d’être franchi : les Partis Parlementaires ont convenu dans une déclaration commune, de la nécessité d’une concertation national et d’un pacte républicain pour des réformes de fonds sur les grands problèmes nationaux et notamment ceux de l’unité nationale, de l’esclavage et de la gouvernance politique et économique.
Honorables invités,
Camarade congressistes,
Dans les périodes de crises, les sentiments de frustrations et de révolte peuvent être un catalyseur pour le changement positif salutaire, s’ils sont orientés contre le mal à combattre. Mais il arrive aussi, malheureusement que des hommes politiques qui n’en mesurent pas le risque s’en serve pour enflammer des populations contre d’autres dans le but de gagner en influence, provoquantainsi des conflits identitaires dramatiques. Ce fut le cas au Congo Kinshassa, au Burundi, au Ruanda, en Centre-Afrique, en Somalie, en Côte d’Ivoire, au Liberia, en Sierra Leone, et actuellement au Mali, en Libye, au Yémen, en Irak, en Syrie, pour ne citer que les exemples de notre environnement africain et arabe. Dans ces pays des causes légitimes ont été détournées par des démagogues vers des déchirements sanglants de leurs peuples. Je nous conjure tous, nous hommes politiques de ne pas imiter leur exemple, de ne jamais prendre le risque de mettre le doigt dans l’engrenage suicidaire.
Mais d’un autre côté, il est particulièrement important de profiter du climat actuel d’apaisement et d’ouverture pour désamorcer la charge explosive de dossiers pendants, sans attendre la période difficile de l’après l’après-corona, qui pourrait être favorable à toutes les dérives.
Des concertations nationales, ouvertes à toutes les parties concernées, suivies de feuille de route claires sont le meilleur moyen de restaurer la confiance et l’unité de nos populations, et ramener l’espoir et la paix des cœurs. J’ai confiance qu’il en sera ainsi
Honorables invités,
Camarades Congressistes,
Je vous remercie de votre attention et souhaite plein succès aux travaux du 4e Congrès ordinaire de l’UFP.
Wa assalâmualaykumwarahmatullahiwabarakâtuhu