Yero Gaynaako parcourt 2019 de Kiwal à Welooti Festival en passant par Yerotrip

 

Black et fier, c’est ce qu’incarne Yero Gaynaako. Pire produit rural, l’artiste parvient aujourd’hui à décomplexer une bonne partie de la jeunesse consciente en Mauritanie à travers sa musique urbaine. Devenu une référence sur la scène du Hip Hop mauritanien, sa mission artistique est en phase avec le discours de ceux qui luttent pour l’égalité et la justice et contre l’esclavage. C’est à l’occasion de la sortie de son clip “Kiwal” le 12 août qu’il a répondu à nos questions.

 

RMi-Info : Comment définirez-vous « Kiwal » pour ceux qui ne parlent pas pulaar ?

Yero Gaynaako : Je suis un produit rural. J’ai grandi entre rythmes et chants de l’école aux champs en passant par la rue « Dingiral » sous le « Lewlewal » (la claire de lune) bien avant le Rap. Il est normal pour moi de reprendre des concepts métaphoriques et différentes expressions de l’environnement qui m’a vu grandir. J’ai été initié par mes grands-parents qui m’ont transmis cet héritage donc j’ai le devoir de transmettre et de le partager. Je ne suis pas qu’un rappeur.

« Kiwal » : c’est après “Beyaat”, c’est la période pendant laquelle le laboureur se bat contre les oiseaux manges mil avec son « Karba » ou sa voix.

 

RMi-Info : « Kiwal » est une reprise d’une célèbre chanson. À qui appartient-elle ?

Yero Gaynaako : C’est important avant tout de rappeler que lors de mon arrivée en juin 2017 aux Pays-Bas, la première mélodie que j’ai entendue était celle d’un vieux au Central Station d’Amsterdam jouant une mélodie que je ne connaissais pas mais que j’ai aimé. J’ai mimé un refrain là-dessus et quelques jours après j’ai commencé à écrire “Kiwal”. Grâce à un ami guitariste américain, James, j’ai découvert que le vieux jouait « The House Of The Rising Sun » qui est une chanson traditionnelle de folk américaine enregistrée le 18 Mai 1964. Elle est également appelée “Rising Sun Blues”. Par contre, l’histoire sur son auteur n’est pas claire car il y a plusieurs versions.

“Yerotrip” c’est aussi un voyage, humain, musicale, culturel, économique etc. Dans « Trip » il y’a aussi échange, partage et brassage.

Grace à des musiciens, comme Henning Luther (Drums), Ruben Lanzieri (Cajòn), Diego Nicolas Rodríguez (Guitare & Bass), Darius Timmer, (Keyboards) Itai Weissman, (Saxophone), Laura Polence et Maringo Bérénos (Backing Vocals), nous avons réussi à faire de “Kiwal” un mélange de rythmes de et de sonorités allant de la Colombie, en Argentine, en passant par la Mauritanie, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne. C’est ainsi que le paysan en moi s’est exprimé en Rap chant rythmique. Et la vidéo a été réalisée à Paris.

 

RMi-Info : Que vouliez-vous montrer à travers ce morceau ?

Yero Gaynaako : Il faut accepter de s’ouvrir au monde tout en restant enraciné. Je pose bien en français et je n’ai plus rien à prouver à ce niveau. D’ailleurs on me reprochait même de trop utiliser le français dans mes textes. J’ai voulu encore montrer que le pulaar est une belle langue qui a ses spécificités et que les petits bergers aussi ont leurs codes.

 

RMi-Info : Quel bilan faites-vous de l’édition 2019 du Welooti festival ?

Yero Gaynaako : Welooti n’est pas seulement un festival c’est tout un symbole et beaucoup d’autres particularités. À Badabé, il était rare de voir des jeunes prendre des initiatives et de les pérenniser sans tendre la main aux politiciens qui font de leurs évènements des tribunes pour rehausser leur cote de popularité. Nous avons mis fin à tout ça et depuis 2010 contre vents et marées Welooti a résisté. La structure est composée de jeunes artistes (peintres et rappeurs), ouvriers, étudiants et entre autres. Nous avons réussi à pérenniser ce festival et jusqu’ici nous en sommes satisfaits car les populations ont compris notre message. Les politiciens souffrent et ne peuvent plus manipuler les jeunes comme avant. Rappelons aussi que notre association Welooti Music Association est soutenue par le programme Fajr du Service de Coopération de l’Ambassade de France. Les jeunes réalisent des choses très intéressantes dans le changement de mentalités. Il faut un dossier spécial pour parler de tout ce qui est en train de se réaliser autour de Welooti festival. C’était mon plus grand souhait de protéger Welooti, le faire traverser des obstacles, pour le transmettre et continuer à innover et rénover.  

Son EP “Yerotrip” est sorti le 04 novembre. L’opus, composé de six (6) titres, est disponible sur toutes les plateformes de téléchargements légales avec le distributeur Soundrop. Selon lui : “Yerotrip” est un passeport. Son objectif est de développer le live band car pour faire de la musique et jouer dans festivals en Hollande c’est un impératif.

« Yerotrip » sur :
⬇Spotify : https://play.spotify.com/album/5HjY7HllKM5M8SNDiyqRAg
⬇iTunes : https://music.apple.com/us/album/yerotrip-ep/1486113278?uo=4
⬇Deezer : https://www.deezer.com/fr/album/117538682
⬇Amazon : https://music.amazon.com.br/albums/B07ZYD4TDX
⬇YouTube : https://music.youtube.com/watch?v=QL95VTwCBI0

 

Le clip « Kiwal » :

 

Youssouf Shady

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