Sahara occidental: que se passe-t-il entre les autorités marocaines et le Front Polisario?

« La guerre a commencé. Le Maroc a liquidé le cessez-le-feu » en vigueur depuis 1991, a accusé le chef de la diplomatie du mouvement sahraoui. « Le Maroc reste fermement attaché au cessez-le-feu », a répondu Rabat.

Les indépendantistes du Front Polisario ont annoncé vendredi la fin d’un cessez-le-feu vieux de 30 ans au Sahara Occidental, après le lancement par le Maroc d’une opération militaire dans une zone tampon de ce territoire disputé.

Avant l’aube, les troupes marocaines ont lancé une opération dans la zone-tampon de Guerguerat, à l’extrême sud de l’ex-colonie espagnole pour mettre en place « un cordon de sécurité en vue de sécuriser le flux des biens et des personnes », selon un communiqué de l’état-major. L’opération qui s’est déroulée « sous les yeux de la Minurso », les forces d’interposition de l’ONU, a donné lieu le matin à des échanges de tirs mais sans « dégâts humains », d’après la même source. 

« La guerre a commencé. Le Maroc a liquidé le cessez-le-feu » qui était en vigueur depuis 1991, a accusé le chef de la diplomatie du mouvement sahraoui du Polisario, Mohamed Salem Ould Salek. En soirée, le ministère marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a de son côté affirmé que « le Maroc reste fermement attaché au cessez-le-feu ». L’opération n’est pas « offensive » mais reflète « la fermeté et la détermination du roi Mohamed VI pour trouver un règlement définitif » face aux « provocations » du Polisario, avait déjà affirmé plus tôt le chef de la diplomatie marocaine.

Ces derniers jours, le roi du Maroc échangé des messages avec l’ONU, la France, les Etats-Unis, la Mauritanie, et d’autres pays impliqués dans le dossier pour les prévenir de l’opération destinée à « mettre un terme à la situation de blocage » à Guerguerat, a-t-il dit. Rabat accuse « le Polisario et ses milices » de mener depuis trois semaines « des actes de banditisme », de bloquer la circulation et de « harceler continuellement les observateurs militaires de la Minurso » au niveau de Guerguerat.

Des soldats du Front Polisario Front le 17 octobre 2017. (Photo d’illustration)
RYAD KRAMDI / AFP

Appels à la retenue

Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a dit « regretter » que ses efforts des derniers jours pour « éviter une escalade » aient échoué. La Mauritanie et l’Algérie, pays voisins impliqués dans des négociations politiques au point mort depuis 2019, ont appelé à la retenue. Le Polisario dénonce l’existence de la route de Guerguerat que Rabat considère comme essentielle pour ses échanges avec l’Afrique subsaharienne. Les indépendantistes ont condamné « l’agression » du Maroc. « Les troupes sahraouies se retrouvent en situation de légitime défense et répliquent aux troupes marocaines », a déclaré Mohamed Salem Ould Salek. 

Lundi, le Polisario avait menacé de mettre fin à l’accord de cessez-le-feu si le Maroc introduisait des troupes ou des civils dans la zone-tampon de Guerguerat. Cette région a déjà été au centre de vives tensions entre le Polisario, mouvement soutenu par l’Algérie, et le Maroc qui se disputent depuis des décennies le territoire désertique, malgré les efforts de règlement de l’ONU. A Nouakchott, les Affaires étrangères ont appelé « à la retenue » et invité « tous les protagonistes à oeuvrer dans le sens de la préservation du cessez-le-feu ». Dès mercredi, l’armée mauritanienne avait renforcé ses positions à la frontière avec le Sahara occidental. 

La France a pour sa part appelé vendredi soir à « tout faire pour éviter l’escalade et à revenir au plus vite à une solution politique », a rapporté le ministère français des Affaires étrangères. Paris préconise « la nomination dans les meilleurs délais d’un nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies ». « Ces événements démontrent l’importance d’une relance rapide du processus politique, qui passe notamment par la nomination dans les meilleurs délais d’un nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies », a ajouté le ministère. 

Le Polisario espère une saisie du Conseil de sécurité

La direction du Polisario a demandé au patron de l’ONU de saisir le Conseil de sécurité afin de faire cesser « l’agression marocaine contre des Sahraouis qui manifestaient pacifiquement à Guerguerat », selon une lettre de l’ambassadeur sahraoui en Algérie, Abdelkader Taleb Omar. Selon des diplomates à l’ONU à New York, des échanges sont en cours pour une éventuelle réunion informelle du Conseil de sécurité mais pas avant la semaine prochaine. 

Un groupe de routiers marocains avait lancé la semaine dernière un appel au secours aux autorités du Maroc et de la Mauritanie, en affirmant être bloqués par des « milices affiliées à des séparatistes », au poste-frontière de Guerguerat. Il y avait 108 routiers bloqués côté mauritanien et 78 de l’autre côté de la frontière, avec des véhicules de différentes origines -Maroc, Mauritanie ou France-, selon une source diplomatique marocaine. 

Le Maroc contrôle 80 % de l’ancienne colonie, ses gisements de phosphate et ses eaux poissonneuses dans sa partie ouest, le long de l’océan atlantique. Il veut une « autonomie sous contrôle » du territoire, où de grands chantiers de développement marocains ont été lancés ces dernières années. Le Polisario, qui a proclamé une République sahraouie (RASD) en 1976, milite pour l’indépendance et réclame un référendum d’autodétermination.

LEXPRESS.fr avec AFP

administrator,bbp_keymaster

Leave A Comment

Activer les notifications OK Non merci