Quel rôle pour la Mauritanie dans la crise au Mali

S’il n’est pas facile de répondre à une telle question il n’en demeure pas que « la politique de l’autruche « serait une réponse maladroite.
Lorsque j’étais Ambassadeur au Mali j’avais beaucoup contribué à l’implantation des entrepôts du Mali au port de Nouakchott avec l’idée de non seulement désenclaver le Mali mais aussi éventuellement le Burkina Faso et le Niger.
L’existence de ces entrepôts doit être prise
en compte dans le rôle de nôtre pays.
Nôtre relation avec la CEDEAO doit aussi être prise en compte conformément aux accords signés avec cette organisation et qui ont abouti je crois à nôtre rôle d’observateur en son sein.

Nôtre appartenance au groupe G5 Sahel est une autre dimension à considérer. Nôtre frontière naturelle commune avec le Mali de plus de 2300km avec 4regions de Mauritanie faisant face à 4regions du Mali est un facteur fondamental à prendre en compte.
Il est aussi évident que si le delai proposé par le pouvoir en charge de la transition est très long il est aussi vrai que les sanctions décidées par la CEDEAO sont très lourdes pour le Mali et qu’aucun pays ne peut y faire face sauf peut-être et je dis peut-être s’il opère un bouleversement total de ses alliances. Un tel bouleversement ne sera dans l’intérêt de personne et en particulier de toute la sous-region qui sera un autre théâtre de jeux de pouvoirs et de puissances. Cette option malheureuse à plus d’un titre serait adoubée par les maliens les plus radicaux .il ne faut jamais oublier que le peuple malien est d’une grande dignité héréditaire et par conséquent nationaliste .
Concernant les pays de l’OMVS dont nôtre pays est membre il leur sera difficile d’appliquer toutes les sanctions décidées contre le Mali.


La Guinée empêtrée à gérer le dernier coup d’état ne fermera sûrement pas sa frontière avec le Mali.


Le Sénégal à un tel niveau d’échanges avec le Mali qu’il ne pourra appliquer les sanctions pour une période même moyenne car les intérêts sont énormes.
La Mauritanie dont la frontière avec le Mali ne peut être fermée même si on y aligne des milliers de soldats est peut-être à même de jouer un rôle afin trouver un juste équilibre entre les exigences des deux parties.
Il revient à nôtre président de s’entretenir en profondeur avec ses frères maliens au plus haut niveau afin qu’ils puissent proposer un chronogramme acceptable pour la transition et les futures élections .
Je suis sûr que les maliens apprécient aussi bien nôtre président que nôtre pays car les liens de parenté la proximité et la fraternité qui nous lient sont pérennes. Cette proximité et ces liens sont à la base de l’accueil de nombreux réfugiés maliens qui en fait sont chez eux dans leur second pays.
Il revient aussi à nôtre président de contacter le président en exercice de la CEDEAO le président Ghanéen qui l’a déjà informé des sanctions contre le Mali pour l’informer et poursuivre avec lui les démarches jusqu’à trouver un juste milieu acceptable pour les deux parties.
Certains diront que c’est une tâche énorme et difficile pour nôtre pays surtout parceque la rivalité dans la zone bat son pleine et ils auront raison mais je leur répondrais par une célèbre assertion maure:( Tu ne dois jamais laisser celui avec lequel tu as le même repas dans la même assiette le verser ou le jeter ).
Le président de la république devra être dans cette tâche être épaulé par tous les mauritaniens et en particulier un groupe de diplomates aguerris et rompus aux négociations difficiles et Alhamdoulillah nous en avons.


Ambassadeur Bilal ould Werzeg
11 janvier 2022

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