Octroi de nouvelles licences : pas de changement sous les tropiques !

L’offre médiatique tant clamée par les pouvoirs publics depuis la libéralisation du secteur de l’audio-visuel n’aura brillé que par ses nombreux échecs favorisés par l’incapacité manifeste des autorités à promouvoir un cadre organisationnel cohérent et soutenu. 

Dix ans se sont largement écoulés et le constat demeure le même. Les organes privés n’arrivent pas à investir l’espace médiatique et répondre à la demande du citoyen à disposer d’un produit digest en matière de diffusion d’une information de qualité autre que ce que livrent les médias publics sous tutelle des orientations officielles. 

L’euphorie suscitée par l’octroi des premières licences ne sera que de courte durée. Le public qui avait accueilli avec enthousiasme l’avènement d’une nouvelle génération des médias sensés être libres et critiques a vite déchanté. 
En dépit de l’inexpérience de ces organes, du manque des moyens de production minimaux, les adhérents à ce contenu médiatique tentent de trouver du menu fretin sur le petit écran de leur choix à défaut d’être servis par les plateaux de la grande chaine nationale dont la vocation reste limitée aux activités gouvernementales. 

La radio officielle reste figée à cette ligne tracée par la voix du maitre que les nouvelles ondes n’ont pas la tonalité de planter. C’est dire que sous tous les tropiques, la « petite révolution » techno-médiatique n’a pas vu le jour chez nous. Contrairement aux pays voisins où le nombre de chaines et radios privées et communautaires se sont fortement implantées sur le paysage médiatique et social entrainant un véritable boom audio-visuel. 

Fidèle à notre position du dernier élève de la classe, et refusant de faire notre auto-évaluation à défaut du mea culpa pour changer de performance, nous continuons à accumuler les mauvaises notes et à nous enfermer dans notre égo narcissique. La libéralisation de l’audio-visuelle doit s’arrimer sur des valeurs démocratiques, des exigences éthiques et professionnelles dans le respect des différences nationales. 

Tout ce qui est entamé relève de l’improvisation et d’une fausse compréhension de la libéralisation de l’espace médiatique qu’on a voulu édifier sur du sable mouvant. La preuve est que dès le départ l’élaboration du cadre institutionnel avec toute la nomenclature qui l’accompagnait n’a été que du copier collé au point que lors d’une cérémonie de restitution d’un atelier de validation des cahiers de charge de la création des radio et tv à vocation commerciale confié à un expert étranger, des passages entiers renvoyant à des documents de pays voisins apparaissaient. 

Pour dire que nous sommes tellement habitués à la facilité et au pastiche que l’originalité n’a pas de valeur pour nous. C’est à ce prix que nous gérons le pays comme d’un commerce de vente en détails. Comment espérer doter notre pays d’institutions de presse crédibles aussi utiles à la démocratie en faisant tout à la tête du client. L’octroi des nouvelles licences est non seulement une incongruité de plus dans un espace où les médias antérieurs peinent à émettre et se mettre aux normes. Pendant qu’on continue à discriminer les autres communautés toujours exclues de ce jeu d’appel d’offre d’avance biaisé. 

En continuant à mettre en avant la taille financière des candidatures au détriment du professionnalisme et sans tenir compte des réalités socioculturelles, ce sont les magnas de la prédation qui vont sans doute s’imposer au grand dam du respect de la diversité culturelle consacrée par toutes les conventions internationales en la matière. 

Mais il y a toujours moyen de noyer les autres dans les ondes d’une énième supercherie honteuse.

CTD / Le Rénovateur Quotidien

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