Macky Sall et la démocratie sénégalaise : une dystopie !

Faut-il rappeler au Président Macky Sall qu’il n’est ni maître, ni propriétaire du pouvoir politique sénégalais ? S’il est conventionnement reconnu pour gérer la vie communautaire de la nation sénégalaise, il n’est pas mandaté pour pulvériser les oppositions ou massacrer le peuple qui fait valoir ses droits pour une vie plus digne. 

Le pouvoir de la répression, du harcèlement ou de la peur est connotatif d’un terrorisme politique qu’il faut dénoncer avec vigueur. Pourquoi semer une telle terreur ? Jusqu’où peut aller cette chasse aux sorcières ? Cette histoire est pittoresque ! Utiliser les forces coercitives de l’Etat pour garroter les oppositions et protéger les intérêts de la bourgeoisie élitaire relève d’une médiocrité inqualifiable. Le Président Sall touche le fond et sombre dans des dérives dangereuses. Ainsi, il bat le record de la vilenie détenu jusqu’ici par Maître Abdoulaye Wade, qui fit preuve de grande violence dans sa tentative de briguer un troisième mandant. On ne peut descendre plus bas en termes d’indignité politique. Ce niveau de dépravations morales est infiniment inquiétant : entre perdition, vassalité et passion excessive du pouvoir, Macky Sall enténèbre le Sénégal dans une boue souillante où l’oligarchie cannibale tient sa ronde avec ses fidèles larbins entêtés. De ce fait, il s’inscrit dans la lignée des « hommes » du système, qui ne sont que de jouets sombres de la tragédie mondiale des épousailles fienteuses de la politique de l’asservissement. 

Admirables marionnettes à la manœuvre, la plupart des dirigeants de l’Afrique francophone sont vendus aux enchères comme de colifichets des temps anciens : au lieu de s’employer à préserver les intérêts de « leur » pays, ils s’accrochent au pouvoir pour appliquer les mesures dictées par l’oligarchie carnassière. Par conséquent, tout opposant ou homme politique qui manifesterait des velléités de sortie de cette emprise coloniale, se verra neutralisé, persécuté voire assassiné. On peut citer plusieurs exemples en ce sens : Thomas Sankara est l’image emblématique des conséquences de la politique de la servitude que l’Afrique francophone entretient avec l’oligarchie occidentale en général, et la France en particulier. On ne va pas se raconter l’histoire : Sankara fut assassiné par l’oligarchie parce qu’il représentait une menace dans ses élans incantatoires en faveur d’une Afrique libre, forte et prospère. C’est dire que dans l’Afrique francophone l’exercice du pouvoir est caractérisé par des pratiques vicieuses, qui brisent toute forme d’élévation ou de noblesse d’âme. Ce n’est pas là le plus inquiétant !  Le grave est que l’oligarchie arrive toujours à trouver des larbins dévoués, qui poussent les hommes africains à une ignoble bassesse. Poursuivant mon raisonnement, je dirais que les présidents de l’Afrique francophone portent de lourdes chaînes, celles qu’ils se sont eux-mêmes forgées au contact des vieux filous de l’oligarchie qui leur servent de cautions. Le seul pouvoir que ces présidents possèdent est celui de faire régner la terreur à l’intérieur de leurs frontières, de tirer sur leurs « concitoyens » par caprice, par plaisir, par folie, etc. C’est terrible de l’admettre mais c’est la réalité pestilentielle que nous traversons en ce moment au Sénégal, que nous avons connurécemment en Guinée Conakry et en Côte d’Ivoire. La servitude des « chefs d’Etat » (s’ils méritent encore cette expression) francophones d’Afrique affecte des formes très variées car au-delà du joug de l’oligarchie, ils sont également ligotés par leur obsession du pouvoir, leur désir impérieux de s’assurer une relève qui leur serait favorable, leur carence intellectuelle, etc. 

Dans un Etat de droit, les opposants doivent être libres d’agir sous l’impulsion de leur volonté sans avoir le sentiment d’être emberlificotés ou d’être contrariés par une quelconque force. Bien sûr que cette liberté d’action doit être en accord avec les conventions relatives à l’existence et au bon fonctionnement d’un Etat. Pour autant, on ne doit pas se servir de l’appareil d’un Etat pour intimider ou instiller la peur dans le camp des opposants. Si Ousmane Sonko, leader de l’opposition, est accusé de viol par une citoyenne sénégalaise, cela doit être réglée devant un tribunal compétent. Cette accusation relève de la sphère privée puisque la « scène » s’est déroulée dans l’intimité d’un salon de massage. Quel est l’intérêt d’en faire une affaire politique ? Parce que Sonko, porté par la jeunesse, est un candidat redoutable pour les prochaines élections présidentielles ? Il y a là une volonté arrêtée de museler l’opposition pour mieux favoriser l’éternité du règne d’une bourgeoisie élitaire à la solde de la pègre coloniale. MackySall et ses amis pêchent dans le désert car le peuple a pris conscience des liaisons dangereuses entre sa classe dirigeante et l’oligarchie lubrique, et ne se laissera pas faire. 

Aujourd’hui, avec Macky Sall, on assiste à une incroyable dystopie car l’Etat sénégalais est devenu une machine oppressive qui terrorise à la fois les adversaires politiques et les citoyens, qui manifestent pacifiquement avec des revendications légitimes et vitales. L’amertume est profonde puisque le Sénégal est toujours cité comme un exemple de stabilité et de démocratie dans l’Afrique francophone. Et voilà que cette exemplarité vole en éclats avec l’obsession du Président Sall qui tente d’intimider les oppositions et les voix qui s’élèvent contre la précarité sociale pour mieux incarner jouer son rôle de larbin dans le pervers et pathétique carnaval de l’oligarchie maléfique. Tous les sénégalais de bonne volonté vivent cette dystopie comme une blessure intime. 

Le Président Sall doit retrouver ses esprits avant qu’il ne soit trop tard. Même Dieu a des opposants qui font valoir leur droit à l’opacité sans être mis au pilori. C’est une chance que d’avoir des courants de pensées divers. La contradiction amène à réfléchir, nourrit la parole publique d’une nation. Il est évident que tout Etat manifeste une certaine violence pour se faire respecter, pour pouvoir assurer les tâches qui lui sont dévolues. Toutefois cette violence conditionnée ne doit pas s’exercer sur d’autres sensibilités politiques qui ne demandent qu’à exister pour peser dans le débat et dans la chose publique de la nation, encore moins sur les citoyens qui sont (qui devraient toujours) être les véritables maîtres du pouvoir politique.  

Dr. Ethmane Sall alias Kaïlcédrat Sall

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