Les événements de Bababé ou la tradition étatique de bavures policières

Depuis plus d’une décennie, on observe un retour significatif de la brutalité policière en vers les négro-mauritaniens, plus particulièrement la population de la vallée du fleuve lors des manifestations pacifiques. Le 28 novembre dernier, des manifestations pacifiques ont été organisées à Bababé et à Boghé pour réclamer justice pour les militaires négro-mauritaniens pendus à Inal en novembre 1990. Des manifestants ont été violemment réprimés par les forces de l’ordre. Cinq personnes ont été arrêtées dont deux d’entre elles ont été grièvement blessées par les forces de l’ordre au moment de leur interpellation.

La raison de cette manifestation, n’est que le résultat d’une prise de conscience d’une jeunesse  assoiffée de justice, après maintes événements douloureux qui ont tâchés la Mauritanie depuis son indépendance. Pour ne citer que le plus récent, celui lié au recensement biométrique.

Tout est parti en 201,  lors des soulèvements contre le recensement raciste et ségrégationniste lancé par l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz a provoquer une révolte générale, chez les négro-mauritaniens,  surtout à l’intérieur du pays et au sein de sa Diaspora.

Cependant, pour contrer ce recensement discriminatoire, lors des manifestations dans plusieurs villes du pays, comme à Maghama, les forces de l’ordre ont tiré à bout portant sur un jeune homme au nom de Lamine Mangane en le tuant sur le champ.  Toutefois, cet acte criminel n’a jamais été élucidé et reste impuni par l’autorité mauritanienne, ni par la justice.

De plus, en mai 2020, un jeune homme au nom de Abass Diallo a été tué par une patrouille militaire dans le département de Mbagne, précisément dans la localité de Wending (village qui se trouve à 400km de nouakchott). Pourtant, Abass Diallo ne  faisait que transporter et décharger une  marchandise appartenant à un « commerçant maure», selon les versions locales. Et pour couvrir la bavure militaire, les autorités mauritaniennes affirment que la victime tentait de les agresser. Le constat du médecin légiste dementira cette version. Finalement, l’opinion découvrira que le défunt est mort d’une balle tirée à bout portant, logée au niveau de sa poitrine. Donc un tir de sommation mortel.

En vérité, il s’agit bien ni plus ni moins d’une exécution, car, il serait incompréhensible qu’un tir de sommation soit logé directement dans la poitrine de la victime. Le comble de l’infamie des dirigeants se manifeste lorsque les autorités déclarent que : «Abass Diallo était un récidiviste en conflit avec la loi». Une chose obscure, car Abass Diallo n’a jamais eu affaire à la police ni à la justice.   

Encore plus récemment, la brutalité violence policière a frappé de plein fouet dans la localité de Ngawlé dans le sud du pays, dans une nouvelle affaire d’expropriation des terres agricoles. Des populations paisibles notamment des femmes ont été reprimées devant leurs enfants. La brutalité policière est telle qu’elle n’a pas épargnée des femmes enceintes.

Dans ce dossier,  les habitants accusent le gouvernement de soutenir une tentative d’accaparement leurs terres expropriées en 1989 lors des déportations massives. Ces affrontements ont opposé des policiers et habitants de Ngawlé, où la police a  fait usage de gaz lacrymogène, faisant plusieurs blessés parmi les habitants.  Quelques dizaines de personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre, puis ramenées au commissariat. Ils avouent avoir subi de tortures dont, l’un d’eux n’arrivait plus à se tenir débout  à cause de la maltraitance.

Aujourd’hui plus d’une vingtaine de personnes croupissent à la prison de Rosso pour s’être pacifiquement opposées à l’expropriation des terres de Ngawlé.

En fin, nous rappelons au régime de Mohamed Ould Ghazwani, que la répression et la barbarie en vers les négro-mauritaniens lors des manifestations pacifiques, ne font que creuser davantage un fossé entre les différentes composantes nationales. Cette attitude étatique répressive finira par  mettre définitivement en péril l’existence même de la nation mauritanienne.Et donc, nous exigeons systématiquement, il est temps d’arrêter systématiquement cette brutalité policière qui cible cette communauté.

Nous exigeons une enquête indépendante et impartiale sur les circonstances des meurtres de Lamine Mangane et Abass Diallo, afin que les responsables de ces actes odieux soient jugés  et punis.

Teyib DEH,
Secrétaire adjoint de «TPMN» section-Belgique

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