La reconnaissance des langues signifie-t-elle la reconnaissance de la diversité culturelle ?

11181802_743851515741976_8388396202437369626_nRéponse de Lô Gurmo Abdoul, constitutionnaliste et premier vice-président de UFP dans une intervention lors d’une conférence co-animée avec l’anthropologue et universitaire Abdel Waddoud Ould Cheikh le 21-juin-2014 à Paris.

 

On peut reconnaître une langue même si elle est une langue étrangère. D’ailleurs pendant longtemps, on n’avait reconnu constitutionnellement que le français est une officielle  de la Mauritanie ». Instant de polémique puisque quelqu’un a récusé le propos Mr. Lô Gurmo. Il reprend : « Je vous signale que oui ! qui a osé dire non ? Elle a été reconnue depuis 1958.

 

La reconnaissance de cette diversité linguistique en Mauritanie (le hassania, le pulaar, le wolof et le soninké) n’aboutit pas et c’est fondamental à savoir  pour les jeunes, à la diversité ethnique du pays. Il n y a nulle part dans la constitution mauritanienne la reconnaissance qu’il existe quatre communautés. Ça n’existe pas. Il existe quatre langues dont une est officielle. Il n’y a rien sur l’existence des autres communautés.  Pourquoi ? Attention ce n’est pas de la coquetterie intellectuelle de ma part. C’est parce que si on reconnaît l’existence des communautés, on doit reconnaître à ces communautés des droits en tant que telles.

 

Il ne s’agit pas de reconnaître à des individus mais il s’agit de reconnaître des valeurs culturelles appartenant à chacune des  communautés par rapport auxquelles ces valeurs sont exigibles pour ceux qui les composent. Toute la problématique est là. Si effectivement, on ne va pas à cette reconnaissance comment voulez-vous que l’on on puisse trouver dans l’espace des institutions ce qui peut garantir une égalité entre les communautés ? C’est impossible puisque ces communautés n’existent pas dans la constitution. C’est ce qu’on peut appeler « l’in-visibilisation constitutionnelle ». Et comme elles sont invisibles dans la constitution, vous ne pouvez avoir aucune garantie pour ce qui concerne la protection et  préservation de leurs intérêts en tant que communautés.

 

C’est le manque fondamental dans notre pays en termes d’institutionnels. C’est ce qui explique qu’on est existant et non-existant en même temps. Les communautés existent parce qu’on les subodore, on parle de leurs langues, mais elles n’existent pas en même temps parce qu’aucune d’entre elles n’est suffisamment reconnues pour pouvoir revendiquer sa particularité dans l’espace public. Dire qu’il y a des cultures diverses cela ne veut pas dire grand-chose. Par exemple le rap est un élément de culture pour les jeunes. On peut considérer qu’ils l’ont introduit dans l’espace culturel mauritanien et la diversité dont il peut s’agir peut intégrer cette donnée nouvelle. Mais est-ce que cela tient réellement de qu’on pourrait appeler de cet espace de diversité culturelle interne ou intrinsèque à notre pays ? Non. Et ça ! C’est un grand problème qui ne concerne pas seulement d’ailleurs que la Mauritanie.

 

 

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Cela concerne beaucoup de pays qui ont hérité de la vision française assimilationniste de l’individualisme républicain. En réalité dans notre pays, on a voulu régler le problème à moitié. D’une part en faisant référence aux langues pour lui donner d’ailleurs des considérations qui n’ont absolument aucune réalité. Parce qu’il y a quatre langues nationales mais aucune de ces langues nationales sauf une (la langue arabe NDLR) ne peut avoir des réalités administratives mais politiques.  Si vous dites, je suis Haalpulaar, cela ne veut strictement rien dire dans votre rapport avec l’administration parce que de cela, vous ne pouvez exiger rien  du tout. Je suis Wolof, très bien, vous auriez pu être japonais, mais le fait d’être Wolof ne vous donne aucun droit particulier par exemple du point de vue de l’enseignement. Pourquoi ?

 

Parce qu’il n’y a aucune raison institutionnelle qui pousse précisément à ce que votre langue, étant donné que c’est la langue communauté  reconnue va avoir une exigibilité aussi importante ou moins égale qu’aux autres. Et c’est tout le problème au quel on est confronté dans notre pays. Cette in-visibilisation  est devenue l’élément par lequel s’introduit les différentes politiques nationales chauvines suivies par l’Etat mauritanien.  Ecoutez l’intégralité de l’intervention de Dr Lo Gourmo ci-dessous

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