Jemal Ould Yessa : la Mauritanie est sous emprise ethnique

Le consultant international et figure historique du Mouvement politique Conscience et Résistance, Jemal Ould Yassa, a récemment indiqué que la Mauritanie est dans une situation d’emprise ethnique. Dans une interview mise en ligne le 21 février dernier, il a déclaré que, pour constater cette emprise, il suffit de consulter la liste des dirigeants des fédérations patronales. Il a ajouté que ces dernières étendent leur monopole « à deux domaines, dans lesquels la majorité des masses laborieuses sont issues des communautés noires du pays ».
Il a assuré que le capital national privé, détenu par les « Bidhanes », selon ses mots, repose sur des liens et des réseaux de relations tribales entre la junte au pouvoir depuis 1978, les chefs traditionnels et les grands commerçants.
Dans son interview avec Majabat.com, un site indépendant, Jamal Ould Yessa a indiqué que face à la discrimination systématique des négro-mauritaniens par le biais de la langue arabe, parler de révolte est un faible mot. Initié bien avant les années 80, Ould Yessa rappelle que « le projet initial était d’intégrer prioritairement dans l’appareil d’État des générations montantes de maures blancs, étudiants et cadres, formés à la hâte aux confins du monde arabe ou nourris au sein de sources habitées chargées de mythes moyen-orientaux. Le plan ayant tardé à produire un remplacement radical des élites, les événements frontaliers avec le Sénégal en 1989 ont été l’occasion d’accélérer pleinement la mise en œuvre du plan ».

Selon Jemal Ould Yassa, la stratégie d’arabisation s’est opérée dans les années 80, concrétisée par « l’exclusion des populations non hassanophones (pulaar, soninké, wolof, bambara) de la fonction publique et des forces armées, afin de « laisser un poste vacant ».

Dialogue, abolition de d’amnistie de 1993 et devoir de vérité

Interrogé sur les conditions de réussite du dialogue politique, Jamal Ould Yassa affirme que si le succès du dialogue était lié à une mesure, ce serait par exemple l’abrogation de la loi d’amnistie promulguée en 1993 ainsi que de l’article 306 du code pénal. Pour lui, ces deux lois sont sources 《de honte pour la Mauritanie et reproduisent la violation flagrante de ses engagements vis-à-vis de la Constitution et des conventions internationales.》
Selon lui, toute tentative de résolution du dossier du passif humanitaire doit passer par le devoir de vérité, qu’il juge être l’unique voie pour éviter toute récidive. Il a assuré que de nombreux compatriotes maures croient encore qu’Israël, le Maroc et le Sénégal se sont alliés contre la Mauritanie en 1989, et que la Mauritanie doit sa survie au soutien de Saddam Hussein. Il convient selon lui d’abolir ce mythe car aucune version officielle n’est venue jusqu’ici le contredire.

La rédaction

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