Ghazwani face à ses engagements

Mohamed Cheikh Ould El Ghazouni est officiellement investi, jeudi 01.02.19, Président de la République Islamique Mauritanie. Il a remporté les élections du 22.06.19, avec un score de 52%. Les quatre autres candidats de l’opposition refusent toujours de reconnaître les résultats publiés par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et confirmés,le premier juillet, par le Conseil Constitutionnel (CC).

Lors de son investiture onze présidents africains ont répondu à l’invitation. Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie ont envoyé leurs premiers ministres.

Les Européens ont été représentés, en plus des Ambassadeurs accrédités à Nouakchott, par le futur Ministre Européen des Affaires étrangers, un député français. Le Président de la Commission Africaine Moussa Faki a été parmi les invités de marque de l’investiture. Trump a dépêché son conseiller en Écologie.

Une alternance mitigée ?

Dès le lendemain de son élection, plusieurs analystes ont salué une « alternance démocratique » mais se divisent sur fait qu’il s’agisse d’une véritable « alternance civile ou militaire »? Pour eux, tout compte fait, c’est un général putschiste, devenu civil après son coup de force en 2008, et élu à deux mandats successifs, que succède un autre, qui a gravi toutes les échelles de la hiérarchie militaire du pays. Bien que mitigé, c’est du moins, pour la première fois de l’histoire de la Mauritanie, un président démocratiquement élu cède le pouvoir à un autre venu par la voie des urnes.

Le programme gouvernemental la justice sociale plutôt déclarations de bonne foi

Dans son discours, le Président de la République a salué la maturité politique des Mauritaniens et il s’est engagé d’être le Président de « ceux qui ont voté pour lui ou contre lui ». Il a félicité tous les candidats de l’opposition d’avoir proposé des programmes « pertinents et ambitieux ». Dans son programme gouvernemental, il s’est proposé de procéder à des réformes prioritaires surtout la modernisation de l’administration.

Parmi ses priorités, on peut également citer l’éducation, l’autonomisation des femmes et la cohésion nationale.

Et sur ce dernier point, plusieurs observateurs attendent de Ghazouni la réparation des erreurs faites notamment lorsqu’il était le chef d’état major de l’armée. En effet, plusieurs voix se sont levées pour dénoncer les discriminations raciales dans les concours de recrutement des officiers. Car , il a été constaté des recrutements des élèves officiers au sein de la Gendarmerie nationale, l’Armée de l’air et d’autres corps d’élites une quasi exclusion des Noirs. Les citoyens veulent aussi une représentativité exemplaire et tout sauf un gouvernement sans relents racistes.

Sur plan économique, il est attendu la répartition équitable des richesses du pays. Des opérateurs économiques espèrent voir la diversification des partenaires et surtout plus de transparence dans le marché de l’octroi des marchés publics. Là aussi, plusieurs observateurs avaient critiqué la composition ethnique du Patronat mauritanien qui est fait que des hommes d’affaires maures.

Il s’agit-là d’un état de fait qui crée des frustrations et creuse le fossé entre les communautés du pays. En bref, le Président élu doit savoir que les citoyens ne demandent que de la justice sociale pour afin sentir leur appartenance effective à la Mauritanie

Le dialogue qui n’arrive pas.

Au lendemain de la proclamation des résultats des élections présidentielles, un dialogue politique, qui ne trouve pas encore un épilogue, a été engagé par le ministre Porte parole du gouvernement du régime d’Abdel Aziz. Le candidat Biram Dah Abeid, arrivé deuxième, avait refusé de signer un protocole d’accord le mercredi 31 juillet dernier. Ses représentants aux négociations avaient exigé la reconnaissance officielle de son parti le RAG, d’ IRA, son organisation de défense des droits de l’homme et du parti politique Forces Progressistes pour le Changement (FPC) que préside, l’opposant historique Samba Thiam. À ce jour, la classe politique attend l’installation du futur gouvernement pour voir l’évolution du dossier. Les tractations vont certainement reprendre car la majeure partie des candidats sont à l’extérieur du pays.

Le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouni a plusieurs défis à relever. En premier lieu sortir du joug de Mohamed Ould Abdel même si il aura besoin de ses conseils et de son expérience. Au regard de son héritage, l’ombre de ce dernier ne doit pas planer sur ses décisions.

Il doit s’entourer des hommes consensuels, enclins au dialogue et ouverts aux propositions de l’opposition.

Ghazouni a procédé à la nomination de son premier ministre et de son directeur de cabinet le 03/08/2019. Pour le premier, il s’agit de Ismael Ould Bedda Ould Cheikh Sidiya, un technocrate qui a été président de la zone franche de Zouadhibou. Quand au second, c’est Mohamed Ould Mohamed Lemine, il était l’ambassadeur de la Mauritanie au Mali.

Et enfin, puisque que gouverner, c’est prévoir, surtout en Mauritanie, où tout se vend et s’achète. Rappelons-lui, qu’il avait dit lors de son discours de candidature que « l’engagement avait un sens chez lui ». 

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