Délivrez-vous. Acte I : L’argument républicain qui n’en est pas !

L’une des idées erronées, pour ne pas dire bêtises, partagées en Mauritanie est le fait de vouloir satisfaire une exigence qui se proclame républicaine au moment où la république, dans la machine qui la déploie, est fautive à bien des égards. Ces fautes sont si profondes qu’elles occasionnent une érosion continue du principe républicain. Certains, par un engagement abscons pour cette république qui n’a de bon que son principe d’origine, développent un argumentaire curieux et pour le moins inconséquent.

Dans une république juste, il relève de l’évidence que le sentiment d’appartenance à une communauté particulière, bien que légitime, devrait s’amoindrir devant la primauté républicaine. Cependant, dans une république qui tue et tyrannise sur la base du fait d’appartenance communautaire, respecter cette primauté, pour les victimes, relève de la folie pure. Désobéir à cette république et pratiquer de la défiance à son égard n’est qu’honneur et l’expression de la pulsion de liberté, qui, si elle n’est pas corrompue par la voix de la servitude, se manifeste du fond de notre fort intérieur.

Quand il n’y a pas d’état, le communautarisme devient une nécessité. Si l’on est dérangé par le communautarisme, il faudra alors s’attaquer aux forces qui l’engendrent, qui ne sont ni la prétendue et absurde idée postulant la primarité de ceux qui la pratiquent, ni un quelconque nationalisme ethnique qui s’auto-exclurait mais tout simplement cette exclusion systémique qui obstrue le chemin de la cohésion, qui décourage de façon permanente toute forme d’intégration, et qui, en conséquence, repousse le peuple vers sa structure communautaire qui, par sa stabilité acquise par le temps et par l’histoire, permet la survie. Il est triste de voir de jeunes gens utiliser toute leur force à se méprendre, à s’investir dans la consommation des apparences, des analyses calquées basées sur un parachutage de principes dénués de toute conformité avec la réalité, à s’acharner ainsi sur les effets d’un système tout en omettant leur mécanisme causal.

Les conséquences d’une telle pensée fainéante et pseudo-républicaine se sont manifestées lorsqu’on a vu des gens appeler les orphelins, ceux-là dont les pères ont été pendus dans le but de magnifier la célébration de l’indépendance il y a trente ans, à fêter cette même indépendance. Quel égarement dans cette pensée ! Ses auteurs souffrent au mieux d’une incompétence, et au pire d’une insensibilité. Quoi qu’il en soit, je me demande ce qu’ils ont ressenti lorsque les orphelins et autres manifestants ont été arrêtés et embarqués par les forces de l’ordre parce que leur réclamation de justice dérangeait les mondanités des fêtards. Ont-ils bien saisi le message envoyé par le système à travers cet acte ? Ou bien ont-ils, fidèles au logiciel pseudo-républicain, juste trouvé que ces voix créaient effectivement de la dissonance avec l’hymne national et qu’il était républicain de les atténuer ?

Mouhamadou SY

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