CERD : Réponse sanglante des ONGs de Droits de l’homme au Gouvernement Mauritanien

Déclaration

Genève, le 2 mai 2018

Réaction des ONGs Mauritaniennes de défense des droits de l’homme présentes à la 95e session du CERD ; en réponse au Gouvernement.

Les autorités mauritaniennes représentées par une Forte délégation conduite  par le commissaire aux droits de l’homme Cheikh Tourad o / Abdel Malik,  ont présenté ce 1er mai 2018 , le  rapport de la Mauritanie sur l’état  de l’élimination de la discrimination raciale en Mauritanie, et ont répondu dans la journée du 2 mai aux questions des experts du comité

Il faut noter que cette session,  a été précédée par  des ONG s le 30 Avril.  Séance à laquelle, nous ONGs signataires de cette déclaration avons  pris part, pour défendre  nos rapports alternatifs sur la situation des discriminations raciale en Mauritanie.

Nous, organisations de défense des droits humains mauritaniennes présentes à la 95e session du  CERD, déplorons la tendance des autorités mauritaniennes à nier l’existence de l’esclavage et la discrimination racial, faits qui crèvent les yeux

Lors de sa présentation, le gouvernement mauritanien s’est déployé à ne reconnaitre  que les séquelles  de l’esclavage alors que si on se réfère à la dernière décision de justice Nouadhibou il y a eu au moins deux cas avérés d’esclavage condamnés  et qui constituent au moins la preuve de l’existence du phénomène  et la non application de la loi à la juste mesure des faits avérés d’esclavage, qui sont considérés comme crime contre l’humanité. Que dis t-il encore dela traite des jeunes femmes Mauritaniennes en Arabie Saoudite ?

Sur les mesures prises par le gouvernement mauritanien , afin d’améliorer les conditions de vie des survivants de l’esclavage, le gouvernement dans son rapport et ses réponse ont listé une pléthore d’actions allant de la mise à disposition de charrettes,  à la construction de 700 logements à Nouadhibou la construction de marché et d’écoles  dans les adwabas  , en passant par   l’adoption de la stratégie nationale genre,  Les autorités devraient  arrêter cette fuite en avant, qui n’est qu’un jeu de dupe qui  ne trompe plus personne   et reconnaitre  les faits qui sont têtus et y faire face et avec courage.

Les actions de l’agence Tadamoun énumérées dans le rapport de la Mauritanie et en réponse aux experts ne sont que des activités et des programmes menés par des différents départements ministériels dans le cadre de leur programme de développement. toutes actions qui sont de fait des mesures, réalisations  et charges normales des départements ministériels, repris pour le compte de TADAMOUN .Elles ne sont en aucune manière mise en œuvre dans le cadre de la feuille de route contre les séquelles de l’esclavage ou la réinsertion des déportés des années 1989.  TADAMOUN devrait dans de le cadre de son plan d’action développer des actions spécifiques et ciblées  destinées  à combattre ou alléger les souffrances des victimes de l’esclavage et des réfugiés revenus dans le cadre de l’accord tripartite. Le chapelet des villes du sud citées pour montrer que les rapatriés ont été replacés  dans leurs terroirs d’origine démontre au contraire la réalité du racisme, du génocide et des expropriations qui ont prévalu à l’époque.

De plus, nos organisations présentes se demandent comment le  gouvernement peut intervenir pour éradiquer l’esclavage alors qu’aucune recherche ou étude n’a jamais  été effectuée pour avoir une idée claire de la problématique.

Nous regrettons que le gouvernement continue à s’obstiner devant les veuves présentes à la session  sur  le dossier du passif humanitaire  en déclarant que le dossier est  clos par la seule volonté du gouvernement d’avoir prié à Kaedi et alloué des « indemnisations » dans le cadre d’un accord flou, signé à 4H du matin à la présidence de la république  entre les autorités et un groupe  de personnes non représentatives n’ayant reçu aucune procuration des  victimes et des ayants droits loin de toute transparence . Les veuves présentes à la session  clament haut et fort la non reconnaissance de cet  accord  qui ne se réfère à   aucun processus transparent,  et inclusif. Le gouvernement  doit savoir qu’il ne pourrait solder le passif humanitaire (exécutions extrajudiciaires, déportations, Expropriations des terres et des biens que  dans le cadre d’une   justice transitionnelle, dont les principes et processus sont connus. Par rapport aux événements,  il y’a un devoir de vérité , pour informer sur ce qui  s’est passé réellement, un devoir de justice pour lutter contre l’impunité, un devoir de réparation , un devoir  de pardon, l’engagement de l’Etat à la r de non répétition de tels actes par des lois fortes de non discrimination et de reconnaissance d’une culture et d’une histoire plurielles, ensuite seulement procéder à des réparations à la mesure des préjudices. Ceci ne peut se faire dans un bureau.

Sur la question des associations non autorisées, la délégation mauritanienne a   répondu que certaines de ces associations ne répondent pas aux conditions de la République. Nous pensons que si ces conditions de la République sont  la négation de réalités telles que l’esclavage et la discrimination raciale, les 48 associations non autorisées n’auront aucune chance d’être reconnues , ce qui est un frein à la liberté d’opinion et d’association reconnu par la constitution Mauritanienne..

La loi sur les associations ne devrait pas être un prétexte pour museler les associations et défenseurs qui travaillent sur des questions qui n’agréent pas  les autorités mauritaniennes.

Nous exhortons le gouvernement mauritanien, à afficher une réelle volonté politique en vue du règlement des questions de discriminations raciales, d’esclavages  et de restriction des libertés d’association et de réunions.  Ces questions sont importantes pour l’instauration de la cohésion sociale, et de  la paix en Mauritanie,

Nous appelons le gouvernement à :

  • Reconnaitre l’esclavage et ses séquelles et de réaliser des études afin de mieux situer le phénomène et développer des politiques efficaces spécifiques pour éradiquer le phénomène.
  • Régler la question du passif  Humanitaire (exécutions sommaires extrajudiciaires, les déportés)  en abrogeant la loi d’amnistie, menant des enquêtes impartiales et jugeant les accusés de ces crimes
  • Réviser la loi sur les associations et la mettre en conformité avec la Constitution et reconnaitre toutes les associations qui en formulent la demande.

Signataires :

Forum des Organisations Nationale des Droits Humains

SOS-Esclaves

Coordination des Organisations des Victimes de la  Répression (COVIRE)
Association Femmes Chefs de Famille (AFCF) Forum des Organisations Nationales des Droits de l’Homme FONADH
Association Mauritanienne d’Aide aux Nécessiteux AMANE Initiative pour la Promotion de l’Education Citoyenne et du Dialogue-IPCD
Comite de Solidarité avec les victimes de Violations des Droits Humains en Mauritanie (CSVVDH) Organisation pour le Développement Economique et Social et de la Solidarité Internationale – ODESSI
Coalition Action contre la Discrimination Raciale et l’Exclusion-CADRE Regroupement des Victimes des Evènements de 1989/91-REVE89/91
SOS Esclaves IRA Mauritanie
Collectif des veuves CAME (Coordination anciens militaires exilés)
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