Au Mali, l’espoir d’une législation sur les violences faites aux femmes renaît

Plusieurs manifestantes se sont rassemblées à Bamako. Elles réclament une législation spécifique concernant les violences basées sur le genre, après l’arrestation lundi, de l’artiste Sidiki Diabaté pour des faits de menaces et violences à l’encontre de son ancienne compagne.

« Je veux ma loi pour ma défense », « Une de plus, une de trop », « Une loi anti VBG avant qu’on soit mortes ». Des centaines de personnes, majoritairement des femmes, se sont mobilisées samedi, place de l’Indépendance à Bamako, pour demander l’adoption par le Parlement, d’une loi spécifique contre les violences basées sur le genre (VBG). Les associations et ONG se battent depuis longtemps pour cette avancée, mais l’arrestation lundi dernier, de l’artiste malien Sidiki Diabaté pour des faits présumés de coups et séquestration sur son ex-compagne, Mariam Sow, a relancé le débat.  

UNE LOI POUR AIDER LES FEMMES À PARLER 

Un projet de loi spécifique sur les violences faites aux femmes est en gestation depuis des années au Mali. Les manifestants présents lors de la marche veulent profiter du renouveau politique que connaît le pays depuis le renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août, pour proposer leur projet de loi anti-VBG aux nouvelles autorités. « La loi à l’avantage de dissuader. Tant que le bourreau ne se rendra pas compte de ce qu’il peut lui arriver, il continuera », explique pour TV5 Monde, Balla Mariko, membre de l’Alliance contre les VBG.

Manifestation du 15 novembre 2019, place de l’indépendance, à Bamako. © Bastien LOUVET/SIPA

Également présente dans les rangs de la manifestation, Me Nadia Biouélé, avocate de la victime du chanteur malien Sidiki Diabaté, plaide pour qu’un pôle judiciaire et un parquet spécialisé sur les VGB soient créés. Elle pense qu’une loi aiderait les femmes à parler. Selon les ONG et associations mobilisées sur cette question, 70% des victimes taisent les violences qu’elles subissent. La pression sociale étouffe la parole des femmes, jusque dans la sphère familiale. « On te dit, « c’est normal, j’ai été frappée, il faut que ce soit pareil pour toi ». On te dit « ton mari t’aime, c’est comme ça que ça se passe ». Non, ce n’est pas vrai ! Quand on aime, on ne frappe pas », témoigne Anna Touré pour RFI.   

OUVERTURE D’UNE ENQUÊTE JUDICIAIRE 

La médiatisation de l’affaire dite « Sidiki Diabaté », et l’ouverture d’une enquête est un signal fort, faisant renaître l’espoir. 

Les faits ont pris de l’ampleur après la diffusion, sur les réseaux sociaux, d’images montrant les cuisses, les hanches et le dos tuméfiés de Mariam Sow, influenceuse guinéo-malienne de 23 ans, qui accuse l’artiste malien de violences. À la télévision guinéenne, la jeune femme a évoqué les coups portés par le musicien et sa séquestration dans une maison pendant deux mois. Elle aurait profité d’un moment d’inattention d’un homme chargé de la surveiller, pour s’enfuir. Elle a depuis porté plainte, et est prise en charge dans un lieu d’accueil pour les victimes de violences basées sur le genre.


De son côté, la famille du musicien dénonce un complot. En attendant les résultats de l’enquête, les participations de l’artiste aux différents événements musicaux du continent s’annulent les unes après les autres. « Alors que le talent de Sidiki Diabaté est connu et reconnu, nous nous opposons à tous types de violences contre l’être humain et nous ne tolérons pas ce genre de comportement », a par exemple expliqué l’organisation African Muzik Magazine Awards (Afrimma), une cérémonie qui récompense les meilleurs artistes africains.

Par Anaïs Guillon pour ELLE

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