Simone, veille sur Samba Thiam !

Je n’ai jamais vu l’homme, je ne l’ai jamais connu, ni rencontré. Quand il quittait son pays, je n’étais pas né et quand il est revenu, je partais. À peu près pour les mêmes raisons : la recherche d’une place dans un environnement difficile et la reconnaissance d’une identité. Mais j’ai grandi, j’ai étudié et j’ai connu l’homme à travers des livres sur l’histoire politique de la Mauritanie. Aujourd’hui, je suis honoré de faire partie de son époque. Très honoré.

Samba Thiam, Qu’Allah veille sur toi.

Dans « Né pour la liberté » de Simone Weil, j’ai eu comme l’impression que le message est adressé au peuple Mauritanien. Le rêve de liberté et le sentiment qui l’accompagne, ce bonheur du passé, cassé par les années de braises, ce bonheur à venir dont certains enfants du pays veulent atteindre.

Il est désormais clair que ces derniers ne rêvent plus seulement de cette liberté mais œuvrent pour la concevoir et la voir se matérialiser. L’objectif étant désormais, plus que jamais, non pas d’atteindre la « liberté parfaite » mais de toucher « une liberté moins imparfaite que n’est notre condition actuelle ».

Il faut oser dire que les personnes Noires en Mauritanie sont en dehors du vrai jeu politique et des milieux décisionnels. Alors, il ne faut pas s’étonner que d’autres forces, mentales et intellectuelles, surgissent pour lutter et corriger les façons inégalitaires de traiter les questions sur l’ensemble.

D’oppression en oppression, on assiste aujourd’hui à l’intimidation des hommes libres puis à l’inaction des décideurs et à la négligence de l’importance de la vie humaine. On en arrive à s’attaquer à des hommes libres qui se battent pour la liberté de toute une Nation.

Quelle est la Mauritanie que nous voulons vraiment ? Celle qui ment et qui tue ? Celle qui discrimine et qui défavorise ? Celle qui méprise une partie de ses enfants au lieu de tous les protéger également ? Celle qui n’assume pas son passé ? Celle qui pille, qui vole, qui viole et qui écrase ?

Intimider un homme qui ne fait que pointer du doigt le creusement des injustices sociales et des inégalités de fortune est une méthode indigne. Un État qui se prétend être de droit, doit veiller à la sécurité de ses citoyens afin de pouvoir maintenir un équilibre raisonnable.

Il y a plusieurs raisons de ne plus accepter l’état actuel des choses. À force d’accepter l’inacceptable cela nous a tous conduit à une division profonde des valeurs de la République et les différents régimes politiques n’ont pas été inquiet de cet état de fait.

Mais nous sommes actuellement conscients que tout jugement porte sur un fait objectif mais ce jugement est souvent basé sur un tissu de nécessités.

Nous sommes également conscients que « l’homme vivant ne peut en aucun cas cesser d’être enserré de toutes parts par une nécessité absolument inflexible ; mais comme il pense, il a le choix entre céder aveuglément à l’aiguillon par lequel elle le pousse de l’extérieur, ou bien se conformer à la représentation intérieure qu’il s’en forge; et c’est ce en quoi consiste l’opposition entre servitude et liberté ».(S.Weil)

Je suis Samba Thiam…

Mohamed Lam
Écrivain Mauritanien
Humaniste et universaliste

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