Sénégal : Macky Sall opte pour un gouvernement d’ouverture

La rumeur courait depuis longtemps. C’est finalement un gouvernement d’ouverture que Macky Sall a nommé dimanche 1er novembre par la voix du porte-parole de la Présidence, Seydou Guèye.

Ce premier remaniement depuis la réélection du président en février 2019 tient compte « du contexte actuel de la pandémie de la Covid-19 et de ses impacts », « afin d’imprimer une dynamique constructive d’innovation, de transformation, de réalisations et de changements nécessaires à l’accélération de l’émergence du Sénégal », a annoncé le porte-parole depuis le palais présidentiel.

Pour poursuivre en mode « fast track » face à la crise sanitaire et économique qui touche le pays, le président sénégalais se sépare de certains poids lourds de son équipe et accueille sept nouvelles personnalités.

De 32 ministres et 3 secrétaires d’État, le gouvernement passe à 33 ministres et 4 secrétaires d’État. Surtout, Macky Sall a opéré un grand ménage et « un rajeunissement significatif de l’équipe », selon Seydou Guèye.

Gouvernement d’ouverture

Annoncé depuis l’ouverture du dialogue politique en mai 2019, ce gouvernement « d’ouverture et d’unité » est marqué par l’arrivée de plusieurs poids lourds de l’opposition « dans la dynamique du consensus issu du dialogue politique », a précisé Seydou Guèye.

Aux côtés d’Aïssata Tall Sall, une autre figure de l’opposition rejoint le gouvernement libéral. L’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade Idrissa Seck remplace Aminata Touré à la présidence du Conseil économique social et environnemental (CESE). Premier adversaire de Macky Sall lors de l’élection présidentielle de 2019, à laquelle il est arrivé second, Idrissa Seck avait ironiquement été cité au cours du dialogue politique comme l’un des potentiels chefs de l’opposition.

Anciens compagnons politiques au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade, les deux adversaires avaient successivement abandonné la formation libérale. Relativement silencieux depuis le scrutin de février 2019, le président du parti Rewmi rejoint donc l’équipe du président de la République, qui en fait le troisième personnage de l’État. Avec Yankhoba Diatara à l’Économie numérique et Aly Saleh Diop à l’Élevage, deux membres de son parti rejoignent également l’équipe gouvernementale.

Cette nomination s’accompagne du départ de l‘ancienne Première ministre Aminata Touré de l’équipe présidentielle. Nommée à la tête du CESE en mai 2019, son retour en grâce après sa défaite à Dakar face à Khalifa Sall aux dernières élections locales n’aura été que de courte durée.

Autre personnalité d’opposition à rejoindre le gouvernement : Oumar Sarr.  L’ancien numéro 2 du PDS, en rupture avec la formation de l’ancien président depuis mai 2019, a fondé avec plusieurs frondeurs PDS son propre parti en septembre dernier. Celui qui fut ministre de l’Urbanisme sous Abdoulaye Wade récupère ainsi le portefeuille des Mines et de la Géologie en remplacement de Sophie Gladima.

Départs surprise

Parmi les annonces surprises : le départ de plusieurs piliers du gouvernement précédent, comme les ministres des Affaires étrangères Amadou Ba et de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye.

Aïssata Tall Sall, ancienne socialiste opposante de Macky Sall, qui avait été vivement critiquée pour avoir apporté son soutien au président sortant lors de la dernière présidentielle, devient ainsi ministre des Affaires étrangères après un bref passage en tant qu’envoyée spéciale du président.

Aly Ngouille Ndiaye, lui, est remplacé par Antoine Félix Abdoulaye Diome, ancien procureur à la Cour de Répression de l’enrichissement illicite (CREI) et ex-agent judiciaire de l’État, qui avait mené les procédures judiciaires à l’encontre des opposants Karim Wade et Khalifa Sall.

Mahammed Boun Abdallah Dionne, secrétaire général de la présidence depuis la suppression de son poste de Premier ministre quitte lui aussi l’équipe gouvernementale.

Certains poids lourds du gouvernement gardent quant à eux leurs postes. Sidiki Kaba conserve son portefeuille aux Forces armées ; Abdoulaye Daouda Diallo celui des Finances ; Amadou Hott celui de l’Économie. Le ministre du Développement communautaire, Mansour Faye hérite quant à lui du ministère des Infrastructures.

Par Manon Laplace et Marième Soumaré / JA

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