« Nous ne faisons pas confiance à la liste électorale, il faut la réviser » Mohamed Ould Maouloud

Dans un entretien exclusif accordé à RMI-info, Mohamed Ould Maouloud a déclaré que l’opposition mauritanienne exige la révision de la liste électorale. Il a avancé que le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) ne fait pas confiance aux dernières listes électorales élaborées lors des élections municipales, législatives et régionales de septembre 2018. Dans cet entretien, il revient sur l’attachement à une candidature unique capable d’affronter celui du régime actuel.
RMI-info: Bonjour Mohamed Ould Maouloud, Vous êtes l’un des personnages centraux de la vie politique en Mauritanie depuis bientôt quatre décennies, quelle lecture faites-vous de scène politique actuelle ?
MOM : Actuellement, le pays reprend espoir. Depuis que le président Mohamed Ould Abdel Aziz a renoncé à l’aventure du troisième mandat. Disons qu’il l’a déclaré d’une façon qui semble cette fois être définitive. Le pays respire le soulagement et un bouillonnement commence par rapport aux échéances présidentielles de juin prochain. Pour le moment, les gens se cherchent, ou sont les candidats, quels sont les candidats potentiels. Donc le pays est entrain de réfléchir à l’après Mohamed Ould Abdel Aziz.
RMI-info: Vous passez quasiment ces trente dernières années à vous opposer à différents régimes en Mauritanie, Mohamed Ould Maouloud, aujourd’hui qu’attendez-vous de la politique ?
MOM: Et bien, si j’ai pris autant de temps, à faire de la politique, à m’opposer à ces différents régimes, qui se sont succédés, c’est parce que j’avais un objectif. Tant que cet objectif n’est pas réalisé, je pense que la politique reste nécessaire. Cet objectif est de faire de notre pays, un pays indépendant, dans lequel il fait bon de vivre pour les mauritaniens. Un pays ou les gens se sentent chez-eux, dans l’égalité, dans le respect, dans la diversité, ethniques de genre etc. Qu’il n’y ait pas autre chose, que le sentiment d’etre des citoyens à part entière, sans discrimination raciale, ethnique ou autre. Dans une certaine aisance que nous permettent nos ressources immenses de notre sous-sol et notre sol.

RMI-info: En 2014, votre parti (et d’autres) aviez boycotté les élections, en 2019 tout indique que vous irez aux élections, pourquoi cette fois-ci ?
MOM: Parce que les élections de 2013-2014, l’enjeu était, somme toute, secondaire, par rapport aux élections de 2018-2019. Ces élections sont décisives pour l’avenir du pays. Elles vont décider de l’avenir du pays, pour un mandat, ou peut être plus, tout dépendra des résultats. L’enjeu n’est pas le même par rapport aux élections précédentes. Après les élections de 2014, beaucoup de choses ont changé, l’hymne, le drapeau, la suppression du Sénat, pour ne citer que ça ! Tout ça était fait à l’arracher par le pouvoir, et d’ailleurs, dans une grande manipulation du référendum, dont on sait qu’il a était boycotté par les mauritaniens. Il s’est donné le résultat qu’il veut, pour faire tous ces changements. En vérité, c’est une action impopulaire, donc il est toujours possible de revenir là-dessus.
RMI-info: Pour ces élections qui arrivent, les partis réunis au sein du FNDU ont signé une convention pour une candidature unique, qui sera le candidat ?
MOM: C’est d’abord un très grand événement que l’opposition mauritanienne actuellement s’unisse pour chercher à désigner un seul candidat. Il y a une douzaine de partis d’opposition qui se sont réunis au sein de FNDU. Nous avons désigné une commission qui planche actuellement sur le programme et la proposition d’une candidature unique, qui va être le candidat commun de toute l’opposition. La commission va recenser tous les candidats potentiels au sein des partis d’oppositions et éventuellement au niveau des personnalités indépendantes, mais qui sont opposantes et faire des propositions. Les partis seront appelés a se prononcer et normalement, il y aura un consensus sur un seule candidature.
RMI-info: Mohamed Ould Maouloud estes-vous candidat ?
MOM: Moi-même, je ne suis pas candidat. Cependant tous les présidents des partis sont potentiellement candidats. La commission dispose de tous les noms des présidents des partis et personnalités indépendantes de l’opposition, c’est elle de voir, qui dispose le mieux, les critères pour remporter les élections face au pouvoir.
RMI-info: Parlons à présent de l’UFP et de renouvellement. Certains partis se renouvellent, du coté du pouvoir Mohamed Ould Abdel Aziz a désigné Ould Ghazwani pour lui succeder, pourquoi il n’y a pas eu d’alternance au sein de l’UFP ?
MOM: Le parti ou il y a le plus d’alternance c’est l’UPR (sourire), il y a beaucoup de président depuis que le parti est crée, mais ce ne veut rien dire. Le problème c’est qu’à l’UPR, il y a une seule personne qui désigne son chef, c’est le chef de l’Etat, donc ce n’est pas un critère de démocratie, ni de bonne santé du parti. Pour ce qui nous concerne, nous considérons que l’alternance, c’est une question du respect de la volonté populaire des citoyens au niveau de l’Etat. Au sein des partis, le mécanisme peut jouer, la volonté des militants doit être respectée. C’est à eux de désigner qui ils veulent, qu’il soit vieux, jeune ou d’age moyen, c’est aux militants de choisir. Donc on ne doit pas leur dire vous êtes obligés de changer ou de ne pas changer.
RMI-info:  Ma question c’est justement pourquoi ça n’a pas changé ?
MOM: Demandez-leur ! Êtes-vous entrain de me dire que c’est le choix des militants ?
MOM: C’est le choix des militants. Ce qu’il faut leur garantir comme principe démocratique, c’est que le choix des militants, c’est la volonté des militants de base qui doit être décisive.
RMI-info: Quelles conditions doivent être réunies pour que les prochaines élections se passent le mieux ?
MOM : Lors de notre dernière conférence de presse, nous avons déclaré notre volonté de présenter une candidature unique. Et nous avons également énuméré nos exigences prioritaires. La première, c’est le processus soit consensuel. C’est deuxième, c’est que l’actuelle CENI soit recomposée sur une base consensuelle. Le troisième point, c’est qu’il faut revoir la liste électorale. Il faut réviser la liste électorale. Nous n’avons pas confiance en cette liste. Et surtout intégrer la diaspora dans la liste électorale, parce que dans cette liste, la diaspora a été délibérément marginalisée. Et je crois que nos concitoyens qui sont à l’étranger doivent se mobiliser pour exiger leur inscription sur la liste électorale. Notre exigence enfin, c’est la neutralité de l’administration. I faut que l’Etat soit neutre. Tant que l’Etat est un électeur, il est difficile de parler un résultat électoral crédible. D’ailleurs, on l’a vu lors des dernières éléctions, l’Etat était le principal électeur, c’est pourquoi, il a raflé toute la mise comme on dit.
RMI-info: Merci d’avoir répondu à nos questions malgré votre emploi du temps serré.
MOM: C’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par S.Wane
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