L’Etat ou la communauté ?

Dans un débat politique, un ami non africain m’a demandé de lister les différents Présidents que la Mauritanie a connu, je l’ai fait. Dans son regard, surpris, je pouvais lire deux choses, même si par respect à ma personne, il a jugé nécessaire de s’abstenir de m’en demander davantage :

La première est celle de savoir quelle est la la place des autres communautés dans ce pays ?

La seconde, leur capacité à diriger !

Il est difficile de distinguer l’esprit des lois Mauritaniennes et son État à celui de la seule communauté hautement dirigeante.

Il y a peu de temps, l’honorable députée, Kadiata Malick Diallo affirma que
« la Mauritanie appartient à une communauté, et dans cette communauté, il y a des gens qui sont au pouvoir et des gens qui sont dans l’opposition. Ce que nous cherchons maintenant, c’est de voir comment nous intégrer à cela (…) ».

Ce constat n’est plus un scoop. C’est une réalité historique qui doit être corrigée pour enfin assurer, établir ou rétablir l’équilibre communautaire.

Critiquer la gestion d’un État ce n’est pas critiquer l’origine communautaire des individus qui composent cet État. Ces derniers en ont la responsabilité.

Critiquer un État, c’est critiquer la politique qu’il mène. Amalgamer à ce niveau, c’est se tromper et donc rater la cible. Cest aussi semer la zizanie et détourner l’attention du peuple sur son mal-être provoqué par la configuration du système politique.

De la même manière, s’acharner sur un opposant du système au lieu de se concentrer essentiellement sur le système en lui même, c’est faire fausse route.

Mais lorsqu’une communauté s’identifie aux personnes qui constituent majoritairement cet État, c’est un problème.

Là, elle peut se croire viser par les critiques. Alors que ce n’est pas nécessaire. Critiquer l’Etat, c’est critiquer les politiques conduites par cet État. Tout citoyen doit en avoir le droit.

Mais il est où le problème ?

À mon avis, lorsqu’il y a monopolisation du pouvoir de décision, il y a accaparement de tout ce qui en découle. Et quand il y a accaparement, il apparaît difficile de faire le tri entre ceux qui sont dedans et ceux qui sont en dehors.

Surtout quand la plupart de ceux qui sont en dehors du système mis en place par l’Etat défendent ce dernier même dans sa pire gestion des affaires de la cité. Une question, peut-être, de solidarité tribale verticale inspirée de l’Al Assabiya politique depuis que la Khaima est devenu palais.

Aujourd’hui, il est indispensable de penser et de réfléchir à la Mauritanie de demain et j’estime que cela ne peut se faire sans la mise en place d’un dialogue sincère et concret entre les différents acteurs de l’opposition politique.

Mohamed Lam

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