L’enseignement des langues africaines

Comme la colonne vertébrale de tout développement, l’éducation occupe une place déterminante dans nos sociétés modernes. Elle constitue un levier essentiel pour la survie d’un peuple, d’un État ou d’un continent. Elle continue la longue marche pour le savoir, l’instauration des nouvelles compétences, de nouvelles pratiques et la bonne santé de nos économies multiples. Avec les différentes transformations de nos sociétés, l’éducation reste notre allier fondamental pour permettre aux peuples de vivre convenablement, de produire, de consommer et de s’armer contre l’imposture, la tyrannie, les guerres civiles, la famine, les maladies et les turbulences climatiques. Un peuple éduqué est un peuple averti.

Une éducation centrée sur nos manières de voir l’avenir est un des chemins pour la préservation de nos cultures, de nos langues, de nos mœurs et de nos histoires communes et diverses. La question linguistique en Afrique pose un problème majeur qui mérite une analyse profonde loin de toute sensibilité. Une analyse qui s’inspire de nos réalités, de nos préjugés et de nos hésitations. Multiples facteurs de dressent face à l’enseignement et à l’apprentissage des langues africaines. Ces facteurs tournent autour de la supposée impossibilité d’insérer nos langues dans le circuit scientifique international et l’impossible compatibilité de ces dernières face au défi de la mondialisation et au progrès de la science. Il est primordial pour la bonne marche et pour la bonne santé de notre continent de penser sérieusement à une politique de l’enseignement de nos langues, de sa pratique et de sa vulgarisation.

La souveraineté est une des étapes de la libération. D’autres étapes fondamentales s’entassent pour donner sens à la notion de libération. L’indépendance de nos États est une des fenêtres pour sortir de l’exploitation et de la colonisation. Elle nous a permis de poser les bases de nos États mais elle nous a pas permis d’être en conformité avec nos aspirations et les divers visages qu’on aspirait octroyer à nos pays. La question des langues en Afrique est une question sensible, taboue et controversée depuis au moins une soixantaine d’années. Nos langues sont nos cartes d’identité et nos passeports pour accéder à une connaissance solide. Elles sont primordiales dans notre quotidien. Elles nous permettent de communiquer et son enseignement constitue un atout fondamental pour la solidité de nos sociétés et la qualité de l’enseignement qu’on aimerait offrir à nos enfants et à nos futures générations. Le Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous de 2005 (UNESCO, 2004) a souligné le fait que le choix de la langue d’enseignement et de la politique linguistique dans les écoles joue un rôle essentiel dans l’efficacité de l’éducation. Dans une étude décisive sur la qualité de l’éducation en Afrique, menée par

l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA,2004). Cela implique qu’il est temps de réfléchir à une politique linguistique sérieuse pour permettre à la jeunesse africaine d’attraper le train du développement, de la création et de pouvoir finalement peser sur l’échiquier économique et scientifique mondial. La lente marche de l’Afrique, la mauvaise gestion de nos économies et la faible qualité de l’éducation constituent une des raisons pour adopter une langue africaine comme moteur de vulgarisation de la connaissance et de la recherche scientifique. Le multilinguisme ne constitue en aucune façon un frein à ce projet noble et qui stagne depuis une demie siècle. Il est un atout fondamental pour accompagner ce projet, le soutenir et l’adopter. Il n’est pas question d’écarter ou de marginaliser certaines langues mais de penser à une Afrique politique et économique forte et qui correspondent à nos aspirations les plus légitimes.

La colonisation à instauré un état d’esprit qui freine nos initiatives nationales et régionales. Un état qui trouve sa légitimité et sa cohérence dans nos manières de raisonner, de penser, de communiquer et de réfléchir. Les langues du colon ne sont pas plus légitimes à véhiculer le savoir que nos langues nationales. Les modèles d’éducation de certains pays africains ( Rwanda-Tanzanie…) sont éloquents et montrent que nos langues sont aptes à être enseigner dans toutes les disciplines qu’elles soient littéraires ou scientifiques(…)

KIDE Baba Gallé

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